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03/03/2006 | |||
Mexico 2006 : la rvolution de leau passe par les femmes | |||
(MFI) Dans le domaine de leau et de lassainissement, hommes et femmes nont ni les mmes attentes ni la mme implication. La prise en compte de cette diffrence de genre est un atout de bonne gestion. Prendre en compte les expriences des hommes mais aussi des femmes permet que les actions engages profitent tous et que les ingalits ne soient pas perptues. | |||
Pour ce qui est des ressources en eau et de lassainissement, force est de reconnatre que les femmes et les filles sont plus que leurs partenaires masculins exposes aux consquences du manque dquipement car elles nont pas le mme usage de leau. La mme source sera utilise par les hommes pour lirrigation et lagriculture et par les femmes pour la cuisine et la lessive. Ils ont donc une vision diffrente de sa gestion. De cette divergence peuvent natre des conflits qui touchent aussi bien les droits dexploitation des ressources que le choix de lemplacement dun point deau. Faute de soutien, le groupe le moins influent est toujours perdant. Et au niveau dun village, il sagit le plus souvent des femmes et des filles. Les principales responsables de la gestion quotidienne La dficience en eau a pour principale consquence dpuiser les femmes. Cest en effet presque toujours elles daller chercher leau, de prparer, cuire et stocker la nourriture, de nettoyer le domicile et les vtements, de laver les enfants, de dbarrasser les dchets mnagers et dliminer les selles des jeunes enfants. Se procurer de leau finit par devenir un combat puisant et presque impossible gagner. Cette tche occupe jusquau quart du temps des femmes de nombreuses zones rurales. Dans les rgions arides dAsie ou dAfrique, les femmes ont parfois plusieurs kilomtres parcourir pour ramener des jarres deau pesant jusqu 20 kilos ! Les fillettes, ds quelles peuvent porter des charges, sont aussi mises contribution, manquant ainsi souvent lcole. Cette eau si difficile se procurer est pourtant frquemment de mauvaise qualit ; ce sont l encore femmes et fillettes qui devront prendre soin des enfants, frres et surs malades. Une des raisons qui fait quitter prmaturment lcole aux petites filles Le fardeau de la dficience en eau et en assainissement support par les femmes prend cependant plusieurs aspects dont certains sont rarement voqus. Ainsi, il nest que rarement associ la privation de dignit quil occasionne pour elles. En effet, dans les quartiers pauvres des villes, faute dinstallations sanitaires prives, femmes et filles doivent se lever avant tout le monde le matin pour se rendre aux toilettes publiques avant que celles-ci ne soient trop frquentes. Au cas o ces dernires sont inexistantes, les femmes doivent trouver, au risque de leur scurit, un terrain vague ou un endroit peu frquent. A la campagne, femmes et filles attendent la nuit pour aller faire leurs besoins lcart. Cest un trajet quelles redoutent souvent : devant se rendre seules dans un endroit isol, par un itinraire connu et une heure prvisible, elles sont confrontes la peur sinon la ralit du harclement et des agressions sexuelles. Dans beaucoup de pays en dveloppement, labsence de toilettes est aussi une des raisons qui fait quitter prmaturment lcole aux petites filles. Si la pudeur, la gne ou la crainte ne se mesurent pas en terme de statistiques, elles constituent nanmoins un facteur important dabandon, phnomne qui saccentue ds lge des premires rgles. Pourtant, que chacun ait accs une eau propre et un assainissement correct constitue un objectif ralisable, affirme A lcoute, la revue du Conseil de concertation pour lapprovisionnement en eau et lassainissement. Beaucoup repose dailleurs sur la confiance qui est faite aux populations locales, la capacit laisse chacun dexprimer ses souhaits et ses comptences. A lchelle des villages, quand un projet est men avec la population, hommes et femmes simpliquent galement mais diffremment, les hommes soccupant de la ralisation des infrastructures et les femmes de lentretien des ouvrages. Au moins deux femmes au sein des comits villageois de gestion LAlliance Genre et Eau qui regroupe plus de 130 organismes dans le monde, veille ce que la dimension hommes/femmes soit toujours aborde lors des dbats et dcisions du secteur de leau. Pour cette organisation, une des raisons du manque dvolution des mentalits et des rles hommes/femmes, malgr des mesures qui imposent souvent la prsence dau moins deux femmes au sein des comits villageois de gestion, rside dans labsence dactions de formation et de sensibilisation de lensemble de la communaut. Le dveloppement des capacits des femmes constitue en effet la meilleure voie vers une plus grande implication dans la vie sociale de leur communaut et la prise de dcision. Cela est encore plus essentiel dans la question de leau. Bien quencore peu consultes et impliques dans la mise en uvre des actions et de la gestion des ouvrages hydrauliques, les femmes sont en effet reconnues comme les principales responsables de sa gestion quotidienne. | |||
Claire Viognier | |||
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