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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

03/03/2006
Mexico 2006
Eau et assainissement pour tous (1) : le Maroc, un march en expansion


(MFI) Laccs leau potable est dj une ralit en milieu urbain. Cest donc dans lapprovisionnement des campagnes que les autorits marocaines et les bailleurs de fonds investissent dsormais en priorit, ainsi que dans le traitement des eaux uses.

Au Maroc, la bataille de leau est en passe dtre gagne , rsume Nicolas Fornage, charg de mission lAgence franaise de dveloppement (AFD) Rabat. Cest dj le cas en ville et les choses sont en bonne voie en milieu rural. En revanche, le pays accuse encore un norme retard en matire dpuration des eaux uses. Aujourdhui, tous les citadins marocains ont accs leau. Cest donc dans lapprovisionnement des campagnes et le traitement des eaux uses que les autorits marocaines et les bailleurs de fonds investissent en priorit. En ville, laccs une eau saine est un acquis convoit par les habitants des campagnes qui viennent grossir les quartiers priphriques au rythme de 2,1 % par an. Selon lOffice national de leau potable (ONEP), 91 % des citadins marocains sont directement raccords au rseau. Les 9 % restant, soit les trois millions de personnes qui sentassent dans des baraques , disposent de deux bornes fontaines pour 2 000 habitants.

Des progrs plus lents dans les campagnes

Jusquici, lhabitat insalubre ntait pas inclus dans les primtres raccorder, explique Houria Tazi Sadeq, de lAlliance Maghreb-Machrek pour leau. Du coup, les maladies sont encore bien l car leau est transporte dans des rcipients contamins . Pourtant, depuis le lancement en mai 2005 de lInitiative nationale pour le dveloppement humain, lEtat marocain ngocie avec les entreprises franaises (Volia et Suez) qui sont concessionnaires du service de leau dans quatre grandes villes (Casablanca, Rabat-Sal, Tanger, Ttouan) pour gnraliser les branchements au rseau. A Casa, o Suez dtient le march et o un million de personnes vivent dans un habitat insalubre, le travail est dj en prparation , indique Houria Tazi Sadeq.
Dans les campagnes, les progrs sont plus lents, malgr les normes investissements prs dun milliard deuros consentis par lEtat partir de 1995, date du lancement du Programme dapprovisionnement group en eau potable des populations rurales (PAGER). Fin 2004, le taux daccs leau en milieu rural se limitait 60 % (contre 14 % en 1992), soit lun des plus bas de la rgion Maghreb/Machrek, selon la Banque mondiale (BM). Du coup, une nouvelle enveloppe de 600 millions deuros est budgtise pour la priode 2005-2007, afin datteindre un taux de 92 %.

Dix-huit actions en faveur de 5,2 millions de personnes

Prsente au Maroc depuis plus de douze ans, lAFD a toujours appuy les efforts du pays dans le domaine de leau. Plus de 270 millions deuros ont t investis dans trois sous-secteurs : lirrigation (appui aux offices rgionaux de mise en valeur agricole et aux primtres irrigus), laccs une eau saine et lassainissement. Dix-huit actions ont ainsi t menes en faveur de quelque 5,2 millions de personnes. Et un nouveau projet, qui concerne 530 000 personnes supplmentaires, va bientt tre lanc. En avril 2006, lAgence doit en effet approuver un prt de 30 millions deuros destin lONEP, dans le cadre dun cofinancement avec la Banque mondiale (BM), qui vient de son ct daccorder 60 millions de dollars. Lobjectif de ce projet est de fournir leau potable et lassainissement aux douars de cinq rgions rurales jusquici mal pourvues. Cette aide est cependant conditionne la participation des communes et des bnficiaires du projet aux frais de raccordement. Cela revient faire dbourser 50 euros chaque mnage , prcise Nicolas Fornage. Dans des zones o les gens navaient jusquici accs qu leau des puits ou des metfia (citernes traditionnelles), presque toujours pollus et menacs de pnurie en raison de la scheresse, cette contrainte est accepte, prcise-t-il. Dautant que larrive du prcieux liquide a aussi lavantage de dgager du temps pour les femmes et les enfants, librs des corves deau.
Le second volet du projet AFD/BM concerne lassainissement, un chantier qui a dmarr plus rcemment. Environ 600 millions de m3 deaux uses sont dverses chaque anne dans lenvironnement, dont 7 % seulement font lobjet dune puration , constate Nicolas Fornage. L encore, on attend des progrs rapides. Le gouvernement a budgtis un plan de 4 milliards deuros en vue datteindre un taux dassainissement de 60 % en 2020. Et les bailleurs de fonds suivent. LAFD sest pour sa part engage dans des projets dassainissement avec les rgies municipales de Fs, Mekhns, Oujda et Agadir. Quant Suez et Volia, ils devraient boucler les chantiers entams dans les quatre grandes villes o ils sont concessionnaires dici 2010.

Une facturation diffrente selon les revenus

Ces avances vont bien sr renchrir la facture deau des Marocains, dans un pays o les tarifs pour un mnage moyen qui consomme environ 15 m3 deau par mois sont dj les plus levs de la rgion Maghreb/Machrek hors Isral et Territoires palestiniens , indique Nicolas Fornage. Il prcise nanmoins que les distributeurs (ONEP, rgies, concessions) pratiquent une facturation en quatre tranches o les plus pauvres bnficient dun tarif social infrieur au prix de revient (applicable un maximum de 6 m3), ce qui limite leurs dpenses entre 2 et 4 euros par mois. A lONEP, on souligne encore que les tarifs les plus levs visent limiter le gaspillage Le secteur de leau est en pleine rorganisation et la volont politique est l pour amliorer le service, reconnat Houria Tazi Sadeq. Mais les gens qui nont pas les moyens de payer devraient avoir accs un volume minimum deau gratuite. Dans un pays o, selon la BM, 15 % de la population vit en dessous du seuil de pauvret, cette militante du droit leau appelle les autorits adopter une politique sociale plus nergique.

Sophie Boukhari


Ouganda : Equipements de proximit Kampala

(MFI) Pour offrir aux habitants de 35 bidonvilles rgulirement frapps par le cholra laccs au rseau municipal de leau, aux infrastructures sanitaires et des sources naturelles non pollues, la capitale ougandaise a mis en place un scnario original en partenariat avec la Socit nationale des eaux (NWSC, National Water and Sewerage Corporation). Le projet dassainissement urbain de Kampala (Kampala Urban Sanitation Project, KUSP) a t cofinanc par lAFD (3,8 millions deuros), le Trsor ougandais (800 000 euros, en remboursement de taxes), la municipalit et les populations sous la forme dapport de terrains. En vertu dune clause du droit ougandais, Out of love and affection, selon laquelle lamour et laffection peuvent constituer une rmunration suffisante dans une transaction foncire, 920 propritaires se sont ports volontaires pour cder leur lopin de terre aux communauts bnficiaires pendant vingt ans dure de vie estime des commodits. Finalement, 558 ont t retenus. De son ct, la NWSC sest engage entretenir une partie du rseau.
Le projet, dont bnficient 60 000 personnes selon la mairie, a dores et dj t class exemplaire par lAFD. Prs de 70 % des quipements prvus sur les 558 sites ont t raccords. Il a t pilot par une cellule municipale de six personnes qui a engag des consultants chargs den expliquer les grandes lignes aux intresss et de localiser les propritaires. Dirige par le Dr. Dan Twebaze, cette cellule a pass des contrats avec onze PME locales pour la construction des quipements, dont le choix est revenu aux comits de quartier : douches, toilettes, bornes fontaines dans les logements, citernes deau de pluie dans les coles. Elle a galement form 400 gestionnaires, dont le revenu atteint 50 euros mensuels ( comparer au salaire minimum ougandais de 32 euros) sur une base quotidienne de 250 jerricans de 20 litres vendus...

Marie Lesure




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