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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

03/03/2006
Mexico 2006
Eau et assainissement pour tous (2) : le Mali, un dfi majeur


(MFI) Laccs leau potable est une priorit pour ce pays dont les infrastructures, peu nombreuses, sont souvent vtustes. Lintervention annonce des organismes multilatraux dans le cadre de la ralisation des Objectifs du millnaire pour le dveloppement (OMD) et de lInitiative pour laccs leau potable et lassainissement en milieu rural devrait redynamiser le secteur.

De Djenn Tombouctou, le Delta central du Niger (35 000 km2) forme une des plus grandes plaines inondables du monde, la plus vaste zone humide cultivable dAfrique de lOuest et la deuxime du continent africain aprs le Delta de lOkawango, au Botswana Un pays qui dispose de tous ces atouts a-t-il le droit davoir faim ? demandait le prsident Amadou Toumani Tour Bamako en fvrier 2006 lors de la 24e confrence rgionale de la FAO. Aprs plusieurs annes fastes, une grave crise alimentaire due en partie la mauvaise pluviomtrie a affect lan dernier lensemble de la zone sahlienne dont le Mali. Pourtant, le rseau hydrographique de cet immense pays semi dsertique, peupl denviron 13 millions dhabitants, comporte au total plusieurs bassins fluviaux, celui du Niger (300 000 km) et celui du Sngal (155 000 km), dont les potentiels dcoulement annuel sont respectivement de 46 et de 10 milliards de m3. Il compte aussi 17 grands lacs, au nord du pays, auxquels sajoute un rseau de mares.

Un immense potentiel ingalement rparti

Cet important potentiel de ressources en eau est trs ingalement rparti. Il varie en outre pour les eaux de surface prennes de 110 milliards de m3 dans les annes trs humides 30 milliards en priode de scheresse. Quant aux eaux souterraines (rserves statiques, 2 700 milliards de m3), qui constituent la principale source dapprovisionnement en eau potable des populations, leur taux de renouvellement annuel est infrieur 2,5 % tandis que leur mobilisation est estime 0,33 % pour la consommation domestique et 2 % pour lirrigation.

LEtat sest dsengag au profit des collectivits territoriales

Depuis 1985, une rforme du service public de leau potable a t engage pour rpondre aux exigences de la dcentralisation et de la privatisation de lexploitation des infrastructures, sous la responsabilit de la Direction nationale de lhydraulique (DNH, ministres des mines, de lnergie et de leau). LEtat, qui dfinit les politiques nationales, sest dsengag au profit des collectivits territoriales. Le gouverneur a transfr les comptences de matrise douvrage aux communes, qui elles-mmes ont dlgu la gestion et lexploitation une association ou de petits oprateurs privs. Ceux-ci assurent le service aux usagers, et sont notamment contrls par une sorte daudit et de conseil (la cellule de suivi), rmunr sur les ventes deau. Une innovation qui a permis damliorer la qualit du service de leau dans une soixantaine de centres. Toutefois, les associations dusagers de leau (AUE), galement actives sur le terrain de lhydraulique urbaine, ont rclam une baisse du prix de leau un engagement que le prsident malien avait pris avant son arrive au pouvoir.

Une carte de leau analyse la couverture des besoins

Le Mali fait partie des cinq pays avec lEthiopie, lOuganda, le Ghana et le Rwanda dsigns par la Banque africaine de dveloppement (BAD) en dcembre 2003, Addis-Abeba (Ethiopie), pour le lancement de lInitiative pour laccs leau potable et lassainissement en milieu rural en Afrique. Paralllement, pour atteindre ces OMD, une stratgie tablie par la DNH sarticule autour du Plan national daccs leau potable (PNAE). Approuv en octobre 2004, il comporte une analyse de la couverture des besoins.
La carte de leau du Mali inventorie quelque 25 000 points deau modernes (PEM), couvrant les besoins de base selon une norme tablie 20 litres par jour et par personne et de 400 habitants pour un point deau. La situation nest gure satisfaisante en dpit des efforts consentis. Les zones rurales ont un taux daccs leau potable qui varie de 64 % pour les PEM, dans plus de 6 000 villages et fractions nomades, 30 % pour les systmes dadduction simplifis dans les centres ruraux et semi urbains (de 2 000 10 000 hab.). Plus de 2 000 villages et sites pastoraux ne disposent daucun PEM et 3 400 autres nen disposent pas en suffisance. Sans compter que 40 % des PEM ont plus de quinze ans, 8 % sont de qualit mdiocre et au total, plus du tiers ne sont pas fonctionnels ou permanents.

LEtat malien a conclu un nouvel accord pour EDM fin 2005

Soixante-cinq centres urbains regroupent 25 % de la population malienne. Dans 16 grandes villes, rparties sur tout le territoire, Energie du Mali (EDM, CA annuel 600 millions de F CFA, 1 500 employs), a en charge le traitement et ladduction deau. Privatis fin 2000 au titre dun contrat de concession de vingt ans sign avec lEtat malien, EDM a cd 60 % de son capital un groupement compos de Saur International (filiale du groupe Bouygues, 65 %) et Industrial promotion service (IPS Afrique de lOuest, 35 %). Ce contrat imposait loprateur lexcution dun programme dinvestissement (150,7 millions de F CFA) qui na pu tre mobilis. De plus, le contrle et le suivi de la gestion nont pas t satisfaisants et ont suscit des tensions sur les tarifs. Rsultat, le groupe Bouygues sest retir et lEtat malien a conclu un nouvel accord pour EDM fin 2005, portant les actions de lEtat 66 % et celles dIPS 34 %.

Le PNAE vise un taux de couverture de 75 % lhorizon 2015

Le PNAE, qui cherche satisfaire les besoins en eau potable de la majorit de la population malienne pour la priode 2005-2015, a t valu 330 milliards de F CFA. Il vise un taux de couverture de 70 % lhorizon 2010 et de 75 % pour 2015 et prvoit la ralisation de 4800 nouveaux PEM, la rhabilitation de 1 755 puits, 6 278 pompes, 1 675 forages et 170 systmes dadduction deau sommaires dans les zones arides et semi-arides. Il comporte aussi des actions lies la gestion des ressources hydriques, en termes dinformation et dducation. Dans les villes desservies par EDM, le taux de couverture, estim 65 %, devrait stagner dans les annes venir, en raison de la croissance urbaine trs forte. Une nouvelle station de traitement devrait voir le jour dans les environs de Bamako en 2009, de mme quun plan dinterconnexion au rseau ivoirien.
Toutefois, le PNAE ne concerne pas lassainissement, pour lequel la DNH travaille une stratgie nationale dans les centres urbains et semi urbains. Les quelques entreprises qui disposent dusines de traitement des eaux uses ont des quipements obsoltes. En milieu rural, en 1996, 4 % des mnages disposaient de latrines amliores et 3,4 % de systmes hyginiques dvacuation des eaux uses, contre 15,8 % en milieu urbain, o lessentiel de lassainissement repose sur un systme de fausses sceptiques individuelles.

Des projets la pelle pour atteindre les OMD

Si le contexte gnral a pu constituer un obstacle la mise en oeuvre de la Gestion intgre des ressources en eau (GIRE), labore lors du Sommet de Johannesburg, lintervention annonce des organismes multilatraux pour la ralisation des ODM devrait permettre de relancer le secteur. Plus de 20 partenaires participent son financement. LAgence franaise de dveloppement (AFD) occupe le premier rang, notamment avec le programme dhydraulique villageoise qui doit rhabiliter 1 230 PEM et en crer 350 autres, un projet AEP dans 21 centres ruraux (Nioro, Dima), un autre projet AEP et assainissement dans la zone sud (13 centres urbains plus la ville de Fana). LAFD a aussi financ une tude de faisabilit pour un systme dvacuation des eaux uses dans les centres ruraux et semi urbains. La Coopration financire allemande (KfW) a aussi lanc, avec la DNH, un projet pilote dvacuation des eaux uses Djenn, en lien avec la commune. La Banque islamique de dveloppement (BID), la Banque africaine de dveloppement (BAD), lUnion europenne et la Banque mondiale sont aussi prsents. Et, lAssociation internationale pour le dveloppement (IDA), qui finance la premire phase dun important programme dinfrastructures rurales (2001-2010), avec la cration de 1 300 PEM et la rhabilitation de 800 forages
En fvrier 2006, Bamako, le 2e Salon international de leau (SIDEAU) va contribuer augmenter les changes entre les diffrents acteurs. Les autorits maliennes projettent aussi de crer une agence dexcution des projets, lAgence Malienne pour lEau et lAssainissement (AMEPA), qui permettra de simplifier et dacclrer les procdures de mise en oeuvre. De nombreux travaux dinfrastructures ont ainsi t excuts, notamment les barrages de Manantali, Slingu ou Markala. Cependant, hormis les projets conduits par la DNH sur financements internationaux, il existe peu doutils de financement dcentraliss - hormis par le biais des ONG et des associations de ressortissants. Les communes nont accs qu lANICT (Agence nationale dinvestissement des collectivits territoriales), qui consacre environ 10 % de ses fonds aux projets eau et assainissement, mais avec des droits de tirage trs levs.

Antoinette Delafin




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