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28/04/2006 | |||
Questions internationales (2) Energie : le match Inde - Chine | |||
(MFI) La concurrence effrne entre les deux gants asiatiques pour le contrle de gisements ptroliers et gaziers a contribu lenvole du prix des hydrocarbures. Pkin et Delhi ont conclu un accord pour limiter la surenchre, mais les spcialistes ny croient gure. | |||
Moins mdiatise que la Chine, lInde connat aussi un dveloppement conomique prometteur. Depuis 2000, son taux de croissance a t en moyenne de 7 %, avec une pointe en 2004 8,3 %. Le budget 2006 table sur une croissance deux chiffres pour les six prochaines annes. Les spcialistes estiment qu long terme, le potentiel de lInde est suprieur celui de la Chine, mme si aujourdhui, la comptition entre les deux gants asiatiques tourne nettement lavantage de Pkin : le PIB de lInde est de 692 milliards de dollars, celui de la Chine de 1973 milliards. Le sous-continent reprsente 2,5 % du commerce mondial, lEmpire du milieu 12 %. Les deux pays partagent cependant la mme inquitude quant aux ressources nergtiques. Delhi est encore plus dpendant que Pkin puisquil importe 70 % de ses besoins en ptrole (40 % pour la Chine), le tiers de ses besoins en gaz et ne dispose gure de rserve de charbon. Or depuis 1995, sa consommation dor noir augmente de 6 % par an contre 1,5 % en moyenne dans le reste du monde. Dj les organisations cologistes saffolent : Si les deux pays poursuivent ce rythme leur consommation ptrolire, il faudra une plante entire pour satisfaire leurs besoins dici 2030 , alerte le Worldwatch Institute. La Chine, plus vorace que lInde, a souvent un coup davance En attendant, lInde comme la Chine prospecte tout va. Nous allons investir 25 milliards de dollars pour acqurir des participations dans des gisements ptroliers et gaziers , dclarait, en septembre 2005, Mani Shankar Aiyar, le ministre des Hydrocarbures. Dj les grandes compagnies indiennes du secteur sont prsentes au Vietnam, en Birmanie, en Australie, en Syrie, au Qatar, en Russie, en Libye, en Egypte, en Cte dIvoire Mais en matire de prospection, la Chine, encore plus vorace que lInde, a souvent un coup davance sur son voisin. Ainsi en 2004, Delhi avait quasiment conclu un accord sur lexploitation dun gisement ptrolier en Angola. Mais Pkin a rafl la mise en offrant deux milliards de crdits de coopration Luanda, alors que Delhi navait propos que 200 millions pour dvelopper le rseau ferr angolais. Toujours en 2004, la mme bataille avec le mme rsultat sest reproduite au Nigeria et au Soudan o Pkin a bnfici de la lenteur de la bureaucratie indienne autoriser un investissement ltranger. Lanne suivante au Kazakhstan, lInde a surenchri sans succs sur loffre chinoise de racheter Petrokazakhstan pour 4,18 milliards de dollars. Pkin et Delhi ont conclu un pacte de non-agression Comme le souligne Narendra Taneja, un consultant bas Bombay : LInde avait beaucoup dinfluence en Afrique lpoque du Mouvement des Non-Aligns. Aujourdhui, cest largent qui parle, et les moyens financiers de lEmpire du milieu sont nettement suprieurs aux ntres. Dans tous les pays o lInde se vante dobtenir une concession, la Chine est dj prsente depuis plusieurs annes . En aot 2005 cependant, Pkin et Delhi ont conclu un pacte de non-agression pour mettre un terme une comptition qui, faisant senvoler les enchres, pnalisait les deux pays. Dsormais les compagnies indiennes et chinoises doivent schanger leurs projets dacquisition dactifs ptroliers (gisements, compagnies) afin de proposer des offres conjointes. Des accords de coopration technique devraient aussi tre signs. La Chine nest pas un concurrent, mais un partenaire stratgique. Nos intrts sont complmentaires et nous devons travailler ensemble , dclarait alors, la main sur le cur, Mani Shankar Aiyar. Depuis, les deux voisins ont achet ensemble les avoirs de PtroCanada en Syrie pour 578 millions de dollars en dcembre 2005. Une compagnie chinoise China National Petroleum Corporation devrait prendre des participations dans la plus grande raffinerie du monde que le groupe indien Reliance possde au Gujarat, dans louest du pays. Les experts sont cependant sceptiques sur cet accord indo-chinois. Une bonne affaire, a ne se partage pas. Ce pacte ne durera que quelques mois , prdit Narendra Taneja. A lappui de ses propos, la bataille que se livrent nouveau lInde et la Chine pour le contrle des rserves de gaz en Birmanie. | |||
Jean Piel | |||
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