Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

12/05/2006
Afrique: hausse du ptrole et rduction de la dette

(MFI) La hausse vertigineuse des cours mondiaux du ptrole contribue la rduction de la dette extrieure des pays producteurs africains. Mme si cette manne na pas encore fait diminuer de faon significative la pauvret qui continue affecter leurs populations.

Le Nigeria, premier producteur de brut de lAfrique sub-saharienne, a russi rembourser quelque 12 milliards de dollars aux pays membres du Club de Paris, linstance informelle qui runit les cranciers publics, principalement du monde industrialis. Le dernier versement de 4,5 milliards de dollars a t effectu en avril 2006. Grce cette opration, le Nigeria a obtenu lannulation de 18 milliards de dollars quil devait ces pays sur un total de 30 milliards. En juillet 2005, les ministres des Finances du G8 avaient donn le feu vert cette transaction, qui a rduit la dette nigriane, value quelque 36 milliards de dollars, de quelque 60 % le reste tant encore d aux institutions multilatrales comme le FMI et la Banque Mondiale. Ngozi Okonjio-Iweala, la ministre nigriane des Finances a expliqu au cours des runions de printemps du FMI et de la Banque mondiale Washington que ce remboursement de la dette va permettre son pays de dgager des financements pour des secteurs importants dans le domaine social. Malgr ses richesses, le Nigeria est toujours en butte la corruption et la violence qui aggravent la pauvret de sa population.
LAlgrie, important producteur de ptrole mais surtout de gaz, envisage elle aussi un remboursement anticip. Le ministre algrien des Finances, Mourad Medelci a ainsi effectu dbut mai une visite de trois jours dans la capitale franaise, sige du Club de Paris, pour ngocier les modalits du remboursement de cette dette portant sur quelque 8 milliards de dollars. Il avait annonc auparavant lintention de lAlgrie de rembourser par anticipation environ un milliard de dollars d aux banques commerciales du Club de Londres et environ 3 milliards aux institutions multilatrales. La Russie a consenti en mars 2006, loccasion dune visite Alger du Prsident Vladimir Poutine, lannulation de 4,7 milliards de dollars de dettes hrites de lpoque sovitique.

Rgulariser les arrirs accumuls pendant la guerre civile

LAngola, deuxime producteur de ptrole de lAfrique sub-saharienne, a galement repris langue avec le Club de Paris. Son ministre des Finances, Jos Pedro de Morais, sest entretenu fin avril dans cette enceinte avec les cranciers publics de son pays qui lAngola doit quelque 4,4 milliards de dollars. Les deux parties ont dcid de se revoir prochainement pour tudier notamment les modalits dune rgularisation des arrirs importants accumuls pendant la guerre civile, qui sest termine il y a trois ans. Une restructuration de cette dette permettrait la rouverture des lignes de crdit bloques par les arrirs et labsence dun accord avec le FMI, afin de contribuer, selon les autorits angolaises, elles aussi accuses de corruption, la reconstruction du pays dvast par les combats.
En avril toujours, la Banque mondiale et le gouvernement tchadien ont conclu un accord intrimaire pour sortir de limpasse concernant les revenus ptroliers de ce nouveau producteur. La Banque avait dcid en janvier 2006 de ne plus accorder de nouveaux crdits ou dons au Tchad et suspendu les dcaissements des fonds de lAssociation internationale pour le Dveloppement (AID/IDA filiale de la Banque) allous ce pays la suite de ladoption par lAssemble nationale tchadienne damendements la loi portant sur la gestion des revenus ptroliers*. Sur la base de laccord intrimaire, la Banque mondiale a accept de reprendre une partie de ses dcaissements pour un nombre donn de secteurs : ducation, sant, dveloppement communautaire, lutte contre le VIH/sida, agriculture, lectricit, eau et infrastructure. De son ct, le gouvernement tchadien doit adopter une loi de finances pour 2006 qui spcifiera que 70 % des revenus ptroliers seront utiliss pour des programmes prioritaires contre la pauvret - excluant les dpenses consacres la scurit qui doivent tre finances sur les recettes gnrales du Trsor tchadien.

La facture reste lourde pour les pays importateurs

Pour les experts du FMI, les pays ptroliers continueront bnficier de la hausse des prix du brut, condition damliorer leur gouvernance et la transparence de leurs finances, notamment pour attirer des investissements de ltranger en dehors du secteur ptrolier. Ceci est considr comme indispensable pour crer des emplois et aider rduire la pauvret. En revanche, la facture reste lourde pour les pays importateurs de ptrole, qui ont pu toutefois amortir le choc grce aux prix levs des matires premires quils exportent comme le cuivre ou lor. Leur performance a galement t soutenue par une meilleure gestion des conomies de la plupart de ces pays. Ceux-ci ont nanmoins enregistr un accroissement de leur dficit extrieur et certains ont d puiser dans leurs rserves pour financer leurs achats nergtiques. Ils restent vulnrables en cas de hausse supplmentaire et inattendue du brut ou dun affaiblissement des cours des matires premires quils exportent. La situation est problmatique surtout pour les pays enclavs qui subissent un surcot de quelque 30 % pour le transport des produits ptroliers imports.

Marie Joannidis


* Cette loi promulgue en 1999 avait t le facteur dterminant du soutien de la Banque mondiale au projet de la construction de loloduc Tchad-Cameroun permettant lexportation du ptrole. Elle stipule quune grande partie des revenus ptroliers est affecte au dveloppement et la rduction de la pauvret et porte cration dun Fonds pour les gnrations futures, afin de permettre aux populations de tirer avantage des revenus quand les rserves ptrolires seront puises.




retour