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26/05/2006 | |||
Perspectives conomiques (OCDE-BAD) : 2006, lAfrique en mouvement | |||
(MFI) Le Centre de dveloppement de lOCDE et la Banque africaine de dveloppement organisent Paris, le 7 juin 2006, le 6e Forum international sur les perspectives africaines, aprs la publication, fin mai, du rapport 2005/2006 du mme nom. Celui-ci souligne que la hausse des prix du ptrole reprsente une vritable aubaine pour les pays exportateurs du continent en mme temps quun risque important pour les importateurs dhydrocarbures, et quelle reste lun des facteurs conditionnant le caractre durable de la croissance actuelle. | |||
Avec en 2005, et pour la troisime anne conscutive, des performances satisfaisantes, lembellie des conomies africaines semble devoir se prolonger. Non seulement le continent a affich une croissance encourageante de 5 %, mais cette dernire a permis de faire progresser, en moyenne certes, le revenu des Africains de 3 %. Tel est le constat des auteurs des Perspectives conomiques en Afrique 2005-2006 (PEA), rapport co-dit par le Centre de dveloppement de lOCDE et la Banque africaine de dveloppement (Bad), qui couvre dsormais 30 pays dAfrique reprsentant 86 % de sa population et 90 % de sa production. Les estimations font tat dune progression de lactivit conomique en Afrique proche de 5% en 2005. Cette tendance devrait se maintenir, en 2006 et 2007, respectivement 5,8 et 5,5% , prcise le rapport. Fait galement encourageant, deux tiers des 30 pays suivis par les PEA ont enregistr une nette progression de linvestissement, de loin la meilleure performance en sept ans. () Pour la plupart des pays africains, lavenir semble plus favorable quil ne la t depuis longtemps. Les pays exportateurs de ptrole distancent nanmoins les autres pays de manire sensible. Vers un continent deux vitesses (ou davantage !) Les auteurs sinterrogent ainsi sur lapparition dun continent deux vitesses (ou davantage !). Les trois grands facteurs de croissance tant la forte demande extrieure pour le ptrole et les mtaux, laugmentation des investissements dans ces secteurs et, dans quelques pays, la reprise aprs la scheresse, on voit en effet poindre des dfis diffrents selon que les pays exportent ou importent des hydrocarbures. Non seulement les exportateurs africains de ptrole ont bnfici de prix trs levs, mais certains dentre eux, nouveaux producteurs (Tchad, Guine quatoriale, Mauritanie) ou exportateurs traditionnels mettant en exploitation de nouveaux gisements (Angola) sont parvenus hisser leur production et saisir ainsi les opportunits prsentes par une demande mondiale en hausse. Au vu des soldes budgtaires et commerciaux excdentaires enregistrs depuis 2000 par ces pays, la conjonction de prix levs et dune hausse des volumes exports pourrait constituer une vritable aubaine, et peut-tre mme une "chance historique" pour mettre ces pays sur la voie dun dveloppement durable. A condition, toutefois, que la gestion de la manne rsultant de la flambe des prix du ptrole soit prudente et transparente, que des efforts soient raliss pour affecter ces revenus aux investissements en infrastructures et dans le capital humain. Au sein des pays non exportateurs de ptrole, on peut distinguer deux groupes : ceux dont les matires premires voient leur prix monter cest le cas de la plupart des mtaux : or, aluminium, fer, cuivre, platine et ceux dont les matires premires se dprcient cest le cas de certaines denres agricoles comme le cacao et le coton. Les premiers, comme lAfrique du Sud, le Mozambique ou la Zambie ont pu compenser, sinon attnuer la hausse des hydrocarbures par celle de leurs mtaux, certains pays producteurs agricoles sinscrivant dans le mme schma quand leurs produits dexportation ont bnfici dune conjoncture favorable (caoutchouc, caf, produits halieutiques). Parmi les seconds enfin, malgr la baisse des cours du coton par exemple, certains producteurs (Ouganda, Ethiopie, Burkina Faso, Mali ou Sngal) ont russi mettre profit les bonnes conditions climatiques pour amliorer le volume de leurs rcoltes et enregistrer in fine des taux de croissance levs. Pour les uns comme pour les autres cependant, la persistance annonce de cours levs du ptrole reprsente un dfi sinon un risque important pour lquilibre de leur balance commerciale. Comment financer les dficits commerciaux, telle est la question qui risque de trs vite se poser, et laquelle les bailleurs de fonds devront rflchir avec les pays concerns, au-del de la hausse conjoncturelle de laide publique au dveloppement lie aux allgements de dette et laide durgence. Dbloquer la mobilit de lAfrique Les PEA se penchent cette anne, pour leur tude thmatique, sur les infrastructures de transport, dont la faiblesse en Afrique est frappante compare aux autres rgions en dveloppement. LAfrique sub-saharienne ne compte que pour 3 % du trafic ferroviaire de lensemble de ces pays, alors quelle reprsente 17 % de la population et 7 % du PIB. Moins dun cinquime de son rseau routier est bitum (contre un quart en Amrique latine et deux cinquimes en Asie du Sud. Quinze des 53 pays du continent sont enclavs et les densits de population lintrieur des terres sont trs faibles, ce qui rend linvestissement et lentretien des infrastructures trs onreux. La congestion des grandes routes, des ports maritimes et des lignes de chemin de fer renchrit le cot de la main-duvre, rduit la fiabilit des services et retarde les expditions. LAfrique reste donc un continent "mobilit bloque" , affirment les auteurs du rapport. Pour la dbloquer, il faudrait davantage dargent, mais aussi un cadre rglementaire efficace, une planification en amont impliquant autant lEtat que les communauts locales et une plus grande coordination rgionale et continentale afin de rationaliser les projets transfrontaliers. Ariane Poissonnier Perspectives conomiques en Afrique 2005/2006, 628p., OCDE, Paris 2006. | |||
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