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09/06/2006 | |||
Pourquoi lOpep courtise lAfrique | |||
(MFI) LOrganisation des pays exportateurs de ptrole courtise les principaux producteurs africains afin de consolider sa capacit dagir sur le march international. Elle lorgne vers lAngola et le Soudan, les principaux producteurs de lAfrique sub-saharienne en dehors du Nigeria, seul membre de lOpep dans la rgion aprs le dpart du Gabon en 1994-1995. | |||
LOrganisation des pays exportateurs de ptrole (Opep) est-elle trop restreinte ? Elle compte aujourdhui onze membres (Algrie, Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Indonsie, Iran, Irak, Koweit, Libye, Nigeria, Qatar et Vnzuela), dont les producteurs du Moyen-Orient forment le peloton de tte, et dispose de prs des trois quarts des rserves mondiales connues de ptrole. Mais certains analystes estiment que les pays membres auraient intrt largir le groupe afin daugmenter sa part dans la production mondiale. Et ce mme si laddition des deux pays africains courtiss Angola et Soudan ne porterait cette part de la production mondiale de brut que de 40 43 %. Lors de sa dernire confrence ministrielle, dbut juin Caracas, lOpep na pas touch son systme de quotas de production puisque ses membres produisent actuellement pratiquement au maximum de leurs capacits pour rpondre la forte demande de la Chine, de lInde et des Etats-Unis. Mais les ministres sont tout fait laise avec le niveau trs lev des cours mondiaux de brut, qui tournent autour de 60 70 dollars le baril depuis le dbut de 2006. Ils voudraient toutefois mieux matriser un march soumis non seulement aux alas politiques en Irak ou en Iran mais aussi la croissance galopante de la demande, surtout asiatique, et linsuffisance des stocks mondiaux , souligne un expert. Il fait aussi valoir que la spculation suscite par les considrations gostratgiques a t accentue par la rduction de la capacit de raffinage amricaine due louragan Katrina, qui avait frapp la cte sud des Etats-Unis en 2005. Seul pays subsaharien membre du cartel : le Nigeria Cest surtout le Nigeria, qui assure la prsidence tournante de lOpep, qui milite en faveur de lentre de nouveaux pays africains subsahariens dans le groupe. Le ministre du Ptrole nigrian Edmond Daukoru sest rcemment rendu Khartoum pour discuter du sujet. La production ptrolire soudanaise va bon train malgr la crise du Darfour dans la province occidentale du pays, grce des partenariats multiples notamment chinois, indiens et malaisiens. Sa production, qui ne dpasse pas encore les 300 000 barils/jour, devrait monter quelque 500 000 b/j dici la fin de lanne. Les autorits esprent une expansion importante dici la fin de la dcennie. Malgr les critiques occidentales concernant le Darfour, Khartoum entretient de bonnes relations avec lArabie saoudite et dautres pays du Golfe qui sont parmi les fondateurs de lOpep. LAngola, devenu le deuxime producteur au sud du Sahara aprs le Nigeria, produit dj prs de 1,3 millions de b/j et devrait atteindre les deux millions dici 2008. La palette de ses partenaires dans le secteur du ptrole est beaucoup plus vaste que celle de Khartoum. Elle comprend plusieurs "majors" internationales comme les amricaines Exxon et Chevron et les europennes BP, Shell et Total, mais aussi les Chinois dont le groupe Sinopec a cr une socit mixte avec la compagnie nationale Sonangol. LAngola est, depuis le milieu des annes quatre-vingt, observateur aux runions ministrielles de lOpep, comme dautres importants producteurs non membres du cartel dont la Norvge et parfois la Russie, deuxime producteur mondial aprs lArabie saoudite. Le prsident angolais, Jos Eduardo dos Santos, a lui aussi reu fin mai la visite du ministre nigrian du Ptrole, avec qui il a abord les aspects lis la stabilit du march ptrolier . Lmissaire nigrian a dfendu, selon la presse angolaise, le maintien des prix du ptrole un niveau stable, dans la mesure o cela est juste aussi bien pour les producteurs que les consommateurs . Pour le moment lAngola na pas dvoil ses intentions. Mais certains analystes doutent quil accepte dentrer formellement dans un systme de quotas qui restreindraient lexpansion de sa capacit de production en cas de flchissement des cours du brut. Dautant que ni les Chinois, ni les Amricains ni les autres consommateurs de ptrole, engags dans une course-poursuite pour contrler de nouvelles rserves en dehors du Moyen-Orient, ne souhaitent que leurs nouveaux partenaires ne soient trop lis avec lOpep. | |||
Marie Joannidis | |||
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