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23/06/2006 | |||
Fonds envoys au pays : prcieux, ingalement rpartis et complexes | |||
(MFI) Les transferts de fonds des migrants constituent une source de capitaux trs prcieuse pour les pays en dveloppement : cest ce quaffirme demble ldition 2006 du rapport Perspectives des migrations internationales, publi par lOrganisation de coopration et de dveloppement conomique (OCDE). Mais ces transferts ne sont pas distribus de faon homogne dans lensemble du monde en dveloppement et leurs effets sur lconomie locale sont complexes. | |||
Ldition 2006 de Perspectives des migrations internationales, qui consacre une vingtaine de pages aux Transferts de fonds internationaux des migrs et () leur rle dans le dveloppement , les dsigne clairement comme une source de capitaux trs prcieuse . Pris dans leur globalit, ces transferts privs vers les pays en dveloppement reprsentaient en effet quelque 149,4 milliards de dollars en 2002, en augmentation de 17,3 % par rapport lanne prcdente. Ce montant est infrieur linvestissement direct tranger il reprsente 83,7 % de cet IDE , mais est le triple de celui de laide publique au dveloppement. Les transferts des migrants quivalaient, toujours en 2002, 2,4 % des PIB cumuls des pays en dveloppement et 8,2 % de leurs exportations. Le montant de ces transferts, signale le rapport, pourrait augmenter de plusieurs milliards de dollars chaque anne si lon ramenait les frais de transfert des socits les plus gourmandes (12 % des fonds transfrs) au niveau factur par les banques commerciales, moins chres (7 %). Cette manne nest pas rpartie de manire homogne dans le monde , souligne encore lOCDE. De fait, lAsie a reu, en 2002, 44 % des montants transfrs, lAmrique latine et les Carabes 21 %, lEurope de lEst 15 %, lAfrique et le Moyen-Orient 10 % chacun. Cela na rien de surprenant, commentent les auteurs, car lAsie est la rgion du monde la plus peuple et cest aussi elle qui compte la diaspora la plus nombreuse. Logiquement, dans la liste des trente premiers pays en dveloppement ayant reu les transferts les plus levs, on trouve aux premires places lInde et la Chine (plus de 14 milliards de dollars chacune), puis le Mexique (11,4 milliards) Seuls deux pays sur trente sont africains : le Maroc, 9e avec prs de 3,3 milliards de dollars, et lEgypte, 12e avec 2,9 milliards. Cependant, si lon rapporte le montant global reu par pays au nombre dhabitants, le classement diffre totalement : lInde et la Chine disparaisse de la liste, le Mexique est au 2e rang Le trio de tte est form dIsral (583 dollars par personne reus en 2002), Tonga, dans le Pacifique (563), et les Barbades (512) Quatre pays africains sont classs : le Cap-Vert, 8e avec 321 dollars, Maurice, 23e avec 139 dollars, la Tunisie, 25e avec 114 dollars, et le Maroc, 29e avec 111 dollars reus par personne en 2002. Source de revenus et de devises, mais aussi facteur dinflation et de dpendance Quels sont les effets conomiques des transferts des migrants dans leur pays dorigine ? Ils exercent incontestablement un certain nombre deffets sur le bien-tre , affirme le rapport, constituant une importante source de revenu pour de nombreux mnages revenu faible moyen . En outre, il fournissent les devises fortes ncessaires pour importer des facteurs de production rares, non disponibles sur le plan intrieur . Au-del, on peut se demander si limpact des transferts dpend de la manire dont largent est dpens : consommation, logement, achat de terrains, pargne ou investissement productif. Si dans le dernier cas limpact sur lemploi est vident, mme quand ils ne sont pas investis, les fonds transfrs peuvent exercer un effet multiplicateur considrable, souligne les auteurs : un dollar dpens pour satisfaire des besoins essentiels stimule le commerce de dtail, ce qui dynamise la demande de biens et de service, et celle-ci stimule son tour la production et lemploi. Cependant, avertit le rapport, les transferts nont pas que des effets positifs : ils peuvent avoir un effet inflationniste , par exemple sur le prix des terrains, encourager constamment lmigration des personnes dge actif et crer une dpendance des bnficiaires qui shabituent disposer de cet argent , ce qui risque de perptuer la dpendance conomique. Le rapport fait tat de travaux de recherche sur la contribution des transferts la compensation de la perte de capital humain pour les pays de dpart des migrants : lhypothse, qui demande tre confirme, est que plus le niveau de formation des migrs est lev, moins ils sont enclins transfrer de largent () Cela signifierait que les travailleurs hautement qualifis ne compensent pas (ou pas autant) les pertes que leur dpart induit pour lconomie dorigine . Les transferts, conclut le rapport, ne sont pas une panace et ne sauraient se substituer de saines politiques conomiques dans les pays en dveloppement. | |||
Ariane Poissonnier | |||
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