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21/07/2006 | |||
G8 : le Proche-Orient occulte tout | |||
(MFI) La crise aiguë au Proche-Orient, avec son regain de violence entre Israël, les territoires palestiniens et le Liban, a dominé les débats du G8 organisé pour la première fois par la Russie à Saint-Pétersbourg, éclipsant deux autres sujets chauds : les ambitions nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord, ainsi que les violations des droits de l’homme en Russie, dénoncées par les ONG locales et internationales. Cette crise a aussi relégué à l’arrière-plan les problèmes qui secouent la planète, y compris africains. | |||
Les dirigeants des Huit – Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie – ont tenté, pendant trois jours, du 15 au 17 juillet 2006, de montrer un front uni et solidaire dans un tour d’horizon des problèmes internationaux allant de la sécurité énergétique, l’éducation, la lutte contre les maladies pandémique aux négociations commerciales au sein de l’OMC. Concernant le Proche-Orient, le G8, en raison notamment de l’hostilité des Américains, n’a finalement pas appelé formellement à un cessez-le-feu immédiat, se contentant de souligner qu’il fallait mettre un terme à la crise actuelle et contribuer à établir une paix durable dans la région. « Au Liban et à Gaza, la priorité immédiate est de mettre un terme à la violence et de ne pas laisser les factions extrémistes plonger la région dans le chaos et provoquer une extension du conflit. Il doit être mis fin aux souffrances des populations innocentes et priorité doit être donnée pour un règlement aux moyens politiques et diplomatiques, les Nations unies jouant un rôle central », soulignent les Huit dans leur déclaration finale. « En fait, commente, désabusé, un diplomate européen, il s’agit de voir si George Bush (le président américain) est prêt à faire pression sur ses alliés israéliens pour qu’ils arrêtent leurs attaques, ce qui ne semble pas être le cas pour le moment, et si son homologue russe Vladimir Poutine veut bien faire de même auprès de l’Iran et la Syrie, considérés comme les principaux soutiens des extrémistes du Hamas à Gaza et des Hezbollah au Liban. » L’Afrique représentée… et pas complètement oubliée La présidence russe avait défini comme thèmes prioritaires du sommet la sécurité énergétique mondiale, la conception de systèmes éducatifs modernes et la lutte contre les maladies infectieuses, ce qui ne peut que faire l’objet d’un consensus général. Sous la pression des Français et des Britanniques ainsi que des Allemands qui accueilleront le prochain sommet en 2007, l’Afrique, qui avait tenu la vedette l’année dernière au sommet de Gleneagles, n’a pas été complètement oubliée. L’Afrique du Sud avait été invitée en tant que pays émergent aux côtés des incontournables géants (Chine, Inde, Brésil et Mexique), alors que le président en exercice de l’Union africaine, le chef d’Etat congolais Denis Sassou Nguesso, et le président de la Commission africaine, l’ancien chef d’Etat malien Alpha Oumar Konaré, sont venus au même titre que des responsables de plusieurs organisations régionales et internationales. A Saint Pétersbourg, les Huit ont réaffirmé leur volonté de continuer à travailler en partenariat avec l’Afrique, notamment en appui à l’Union africaine (UA) et au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Ils ont passé en revue les progrès accomplis pour tenir les engagements pris, « tout en respectant le rôle essentiel qui revient à l’appropriation du processus de réforme par les Africains ». Parmi les points évoqués figurent le soutien aux efforts africains de maintien de la paix mais aussi la détermination de soutenir une force des Nations unies au Darfour, dans l’ouest du Soudan, pour prendre le relais de l’UA sur place. Le G8 a précisé que ses membres sont sur le point de tenir l’engagement pris en 2004 de former, d’ici à 2010, 75 000 soldats des pays avec lesquels ils coopèrent pour prendre part aux opérations de maintien de la paix dans le monde entier, en particulier en Afrique. Les prochaines mesures reportées à 2007 Les autres dossiers mentionnés concernent aussi bien la consolidation de la paix, l’aide post-conflit ou la lutte contre la corruption que l’augmentation de l’aide publique au développement, les annulations de dette ou de nouvelles sources pour financer le développement. Un accent a été mis sur les négociations commerciales du cycle de Doha destiné à fournir aux pays en développement un meilleur accès aux marchés mondiaux, à renforcer leurs capacités commerciales et leur permettre de planifier leurs propres politiques économiques. Le bilan des actions en cours et les prochaines mesures à prendre à l’appui du développement de l’Afrique sont reportés au prochain sommet même si le G8 a réaffirmé que l’objectif de ses membres demeure inchangé. « Nous voulons la démocratie, la prospérité et la paix pour l’Afrique. A cette fin, nous continuerons de fournir notre appui total aux actions menées par les Africains », ont-ils affirmé. Seule petite nouveauté, la Russie qui, par la voix de Vladimir Poutine, a dialogué avec le Forum des ONG tenu en marge du sommet et des internautes du monde entier, a tenu à préciser comme ses autres partenaires ce qu’elle fait pour l’Afrique et les plus pauvres. Ainsi a-t-elle souligné qu’elle coopère avec la Banque mondiale à la mise au point d’un échange de créances contre des programmes de développement, afin de mobiliser 250 millions de dollars libérés par l’annulation du service de la dette au profit d’actions de développement hautement prioritaires en Afrique subsaharienne. | |||
Marie Joannidis | |||
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