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02/02/2007 | |||
Ptrole et minerais : une manne rentabiliser | |||
(MFI) LAfrique est plus que jamais convoite par les grands consommateurs de ptrole et de minerais, emmens par les gants asiatiques, la Chine et lInde, qui concurrencent directement les Occidentaux implants depuis longtemps. Ptrole et gaz sont au centre des apptits tout comme les mtaux qui font aussi lobjet dune forte demande internationale. Reste aux Africains rentabiliser cette nouvelle manne pour combattre la pauvret qui frappe encore le continent. | |||
Selon les chiffres donns loccasion dune confrence des ministres des hydrocarbures organise, fin 2006 au Caire, par lUnion africaine (UA), 9,5 % des rserves mondiales de ptrole brut et 8 % des rserves en gaz se trouvent en Afrique, mais la plupart des pays ont un faible accs lnergie. Les ministres africains prconisent donc la mise en place de fonds dboursement rapide afin de fournir, aux pays dfavoriss, une aide pour importer du ptrole comme stratgie de secours destine attnuer les effets ngatifs des chocs des prix sur la balance des paiements. Ils proposent aussi la cration dun Fonds africain du ptrole en tant qulment central de cette stratgie et affichent, en outre, un ferme soutien lInitiative sur la transparence dans les industries extractives (EITI). Car, souligne une tude prsente par lUA au Caire, pour plusieurs pays producteurs du continent, le syndrome de la maldiction des ressources, linstabilit des prix du brut, les conflits sociaux relis au ptrole et la mauvaise gestion des revenus du ptrole ont largement sap les gains significatifs de revenus dexportation suprieurs mais instables . La maldiction des ressources, prcise un expert, cest le fait que la plupart des pays producteurs des ressources naturelles sont, paradoxalement, les plus pauvres de la plante. En Afrique, souvent, les recettes provenant de la production ptrolire, gazire et minire riment avec la pauvret, conflits et corruption. Revenus des hydrocarbures : savoir qui paie quoi, qui et o Prsente en septembre 2002 Johannesburg, linitiative de la Grande-Bretagne, lEITI a t endosse par le G8 en juin 2003 Evian. Son laboration sinspire de la campagne Publiez ce que vous payez lance en 2001 par plusieurs ONG. Visant au dpart le secteur des hydrocarbures, notamment en Angola, engag lpoque dans une guerre civile o largent du ptrole finanait dans la plus grande opacit leffort de guerre gouvernemental pendant que la contrebande des diamants irriguait la rbellion, lEITI sest tendue lensemble des industries minires. Lobjectif de linitiative est dassurer que lextraction des ressources naturelles bnficie lensemble dun pays et de ses citoyens. En dautres termes, lobjectif est de rendre publique linformation dterminante qui paie quoi, qui et o. En effet, selon les engagements pris par les pays adhrents, les entreprises impliques dont les comptes doivent tre soumis un audit indpendant, appliquant une norme internationale doivent rgulirement publier lensemble de leurs transactions financires avec ltat, qui de son ct doit publier le montant global des recettes perues. De plus, un plan de financement pour le dveloppement doit tre tabli par les tats, avec, en tant que de besoin, lappui des institutions financires internationales, la socit civile devant tre associe au processus. Au 31 mai 2006, lEITI regroupait 22 pays dont 14 dAfrique subsaharienne. Au mois de janvier prcdent, les ministres des Finances de la CEMAC ont dcid la cration dun secrtariat rgional hberg la Banque des tats dAfrique centrale. Bas ces dernires annes en Grande-Bretagne, le secrtariat gnral de lEITI est pass sous responsabilit de la Norvge, qui a offert de laccueillir. La Norvge est prte jouer un rle majeur pour faire en sorte que la transparence dans les industries dextraction devienne une norme mondiale. Il sera important davoir le soutien dautres acteurs cls, tels que les membres du G8 , soulignent les autorits norvgiennes. Accrotre la transparence est une tape cl du renforcement de la gouvernance et de la responsabilisation , a rcemment soulign le directeur gnral du Fonds montaire international (FMI) Rodrigo de Rato. A moyen terme, les cours des minerais pourraient retomber LAfrique recle aussi des mtaux prcieux comme lor, le platine et les diamants ou rares comme le coltan, utilis dans la haute technologie et qui a fait lobjet de trafics dans lest de la RDC. Plusieurs pays du continent ont galement profit depuis quelques annes dun boom sur les mtaux comme le cuivre, laluminium, le fer ou le nickel dont les cours ont t pousss la hausse par une forte demande des Asiatiques et des Etats-Unis, ainsi que par une spculation financire sur les places boursires. Mais lavenir demeure incertain. Des experts du FMI estiment en effet que les cours ne resteront pas aux niveaux rcents dans le moyen terme, cest--dire dans les annes 2008 2010, sans toutefois retomber ceux davant 2002. Ils incitent donc les pays dpendant de lexportation de minerais tenir compte de la probabilit dune chute des prix dans lavenir, les invitant ne pas trop investir dans des projets faramineux et diversifier leurs conomies pour devenir moins vulnrables aux chocs des cours des matires premires. Lexemple du coltan est probant, souligne un expert europen. Une partie des problmes dAfrique centrale tient au fait que cette zone sert de variable dajustement ; quand lexportation australienne de ce produit diminue, la demande en Afrique augmente, et inversement. Pour parler crment, quand on nen a pas besoin, ils crvent de faim, et quand on en a besoin, cest la guerre. Oloduc Tchad-Cameroun : une exprience dlicate mais utile Le souci de transparence sest galement reflt dans lengagement de la Banque mondiale en 1999 pour le financement de loloduc Tchad-Cameroun, permettant lexportation du brut tchadien de Doba vers le terminal de Kribi, sur la cte atlantique, ce qui constituait une premire pour linstitution multilatrale. La Banque a fourni cette aide des conditions trs strictes, assurant un rle de surveillance des engagements pris par lEtat tchadien. Le Programme de gestion des revenus du ptrole, qui a conditionn le soutien de la Banque mondiale, exigeait que 10 % des revenus directs du ptrole (redevances et dividendes) seraient mis de ct dans un fonds dit pour les gnrations futures destin faire face aux besoins quand les ressources ptrolires seront puises. La suppression de ce fonds par lEtat tchadien, qui sestimait ls dans limmdiat, a suscit une querelle entre les deux parties qui sest sold par un protocole daccord de compromis en juillet 2006, stipulant que le gouvernement de NDjamena sengageait consacrer 70 % de ses dpenses budgtaires des programmes prioritaires de rduction de la pauvret. Le nouveau Protocole a tendu les secteurs prioritaires ladministration territoriale et la scurit, et confirm labolition du Fonds pour les gnrations futures. En outre, la part des revenus affecter aux secteurs non-prioritaires, non soumise surveillance, est passe de 13,5 30 %. Lapproche adopte au Tchad est moins un modle pour tous les pays producteurs de ptrole quune solution unique un dfi unique Les principes de base sous-tendant lapproche adopte grande transparence et responsabilit dans lutilisation des revenus ptroliers restent toutefois primordiaux dans le dialogue avec plusieurs autres pays producteurs de ptrole , souligne la Banque. Certains experts estiment toutefois que lexprience devrait tre renouvele car elle a eu des effets positifs en terme de lutte contre la pauvret, de transparence et de protection de lenvironnement. Il faut aussi amliorer le fonctionnement des marchs pour viter les distorsions spculatives sur tout ce qui est hydrocarbures, minerais ou bois , souligne un expert franais. Il estime quon peut mieux dialoguer dans un cadre multilatral comme cela a t le cas pour la moralisation du commerce des diamants travers le processus de Kimberley ou bien, en ce qui concerne le ptrole, avec lOPEP, laquelle lAngola, deuxime producteur de lAfrique subsaharienne aprs le Nigeria, a dcid dadhrer. Mme si plusieurs ONG, et notamment la britannique Global Witness en tte de la lutte contre les diamants sales , estiment quil y a encore beaucoup faire en terme de transparence. | |||
Marie Joannidis | |||
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