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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

16/03/2007
Encore beaucoup trop de femmes dans une trs forte prcarit

(MFI) Les femmes qui travaillent sont plus nombreuses que jamais. Mais les disparits avec les hommes contribuent la fminisation des travailleurs pauvres , affirme le Bureau international du travail (BIT) dans un nouveau rapport publi en mars 2007 loccasion de la Journe internationale de la Femme.

Malgr les efforts de la communaut internationale en faveur de la parit des genres (euphmisme anglais pour dsigner en fait l'galit des sexes), si le nombre de femmes prsentes sur le march du travail titulaires dun emploi ou en recherche active a progress, de plus en plus d'entre elles sont au chmage (81,8 millions) ou sont confines dans des emplois peu productifs du secteur de lagriculture et des services, ou encore sont moins rmunres que les hommes pour des postes comparables. Le BIT estime ainsi, selon ce rapport intitul Tendances mondiales de lemploi des femmes, que celles-ci seraient 1,2 milliard sur un total de 2,9 milliards de travailleurs dans le monde en 2006. La proportion de celles en ge de travailler qui disposent dun emploi ou qui en cherchent, a cess daugmenter et dcline mme dans certaines rgions, indique ce rapport, en partie du fait qu'un plus grand nombre de jeunes femmes font des tudes avant d'entrer dans le monde du travail.

Crer des opportunits demplois dcents

En dpit de quelques progrs, beaucoup trop de femmes sont encore bloques dans des travaux peu rmunrs, souvent dans lconomie informelle, sans quasiment de protection juridique, peu ou pas de protection sociale et une trs forte prcarit , souligne toutefois le directeur gnral du BIT, le Chilien Juan Somavia, qui prcise : Promouvoir le travail dcent comme instrument fondamental du combat mondial pour lgalit entre hommes et femmes est une tche de longue haleine qui permettra daugmenter les rmunrations et dvelopper les opportunits demploi pour les femmes et sortir les familles de la pauvret .
Le rapport estime quon doit donner aux femmes la possibilit de travailler pour se sortir, elles et leur famille, de la pauvret, en crant des opportunits demplois dcents qui leur permettront dexercer une activit productive et rmunratrice dans des conditions de libert, de scurit et de dignit humaine. Faute de quoi, le processus de fminisation des travailleurs pauvres se poursuivra et se transmettra la prochaine gnration. Ltude note que plus une rgion est pauvre, plus les femmes risquent, davantage que les hommes, doccuper des emplois familiaux non rmunrs ou de travailler leur compte pour de faibles revenus. Ainsi, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est, quatre femmes sur dix ayant un emploi sont classes comme travailleuses familiales auxiliaires, contre deux hommes sur dix. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les proportions sont de 3 sur 10 pour les femmes contre 1 sur 10 pour les hommes.

Au moins 60 % des travailleurs pauvres sont des femmes

En 2004, on estimait quau moins 60 % des travailleurs pauvres dans le monde - qui ne gagnaient pas suffisamment pour se hisser au-dessus du seuil de pauvret de un dollar par personne et par jour - taient des femmes. Selon ltude actuelle du BIT, Il ny a pas de raison de croire que cette situation a volu considrablement . De mme, les femmes ont plus de risques dtre sans emploi que les hommes, le taux de chmage stablissant respectivement 6,6 %, contre 6,1 %. Le dsquilibre entre les deux sexes au regard des taux demploi de la population est le plus marqu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, o peine plus de 2 femmes sur 10 travaillent, contre prs de 7 hommes sur 10. Le rapport note toutefois que ce foss entre les ratios emploi/population des hommes et des femmes sest rduit dans toutes les rgions depuis dix ans, sauf en Asie de lEst o il sest creus et en Afrique subsaharienne o il est rest inchang. Les disparits se retrouvent au niveau de l'ducation. Bien que les jeunes femmes aient plus de chance dapprendre lire et crire quil y a dix ans, laccs lducation et le niveau dducation sont loin dtre quivalents dans la plupart des rgions. Ainsi, 60 % de ceux qui abandonnent leur scolarit sont des filles, qui doivent souvent quitter lcole pour aider la maison ou aller travailler.

Dans ce contexte, plusieurs responsables se sont runis fin fvrier 2007 Berlin pour une confrence sur l'autonomisation conomique des femmes , organise par le Ministre allemand de la Coopration conomique et du dveloppement, en partenariat avec la Banque mondiale, l'Organisation de coopration et de dveloppement conomiques (OCDE) et les gouvernements norvgien, britannique et danois. Parmi les dossiers traits figurent la parit hommes-femmes, la gouvernance et la croissance en Afrique, le rle des femmes dans le domaine de la finance et pour le dveloppement du secteur priv, leur contribution la production ainsi que leur statut juridique et l'accs aux ressources conomiques, comme par exemple le droit d'accder la proprit foncire ou le micro-crdit.

L'autonomisation conomique est un problme de dveloppement

Pour aider les femmes des pays en dveloppement donner la pleine mesure de leur potentiel conomique, la Banque mondiale, avec d'autres partenaires, a aussi lanc en septembre 2006 un Plan d'action sur quatre ans pour la parit hommes-femmes, dot de 24,5 millions de dollars. Il vise donner aux femmes les moyens de jouer un rle part entire sur le march du travail, pour l'accs au crdit et la proprit foncire, et dans le secteur agricole. Le plan profitera particulirement aux habitantes de certains des pays les plus pauvres du monde : Bangladesh, thiopie, Ghana, Kenya, Liberia, Mozambique, Pakistan ou Tanzanie. L'autonomisation conomique des femmes n'est pas un problme de condition fminine, c'est un problme de dveloppement , affirme Danny M. Leipziger, vice-prsident pour la lutte contre la pauvret et la gestion conomique la Banque mondiale. Il ajoute en outre que le fait de ne pas consentir l'investissement voulu pour donner une galit de chances aux femmes limite la croissance conomique et freine les progrs pour la rduction de la pauvret .

Marie Joannidis

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