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19/06/2007
Centrafrique : entre reconstruction et inscurit

(MFI) Une dclaration de politique gnrale du gouvernement centrafricain et un rcent rapport de lOrganisation mondiale du commerce ont servi de base au premier examen par lOMC de la politique commerciale de la Rpublique centrafricaine, les 11 et 13 juin 2007 Genve : au total, le bilan des efforts accomplis par cet Etat fragile est jug plutt positif. Mais dans le mme temps, les quipes humanitaires peu soutenues par la communaut internationale payent un tribut de plus en plus lourd linscurit qui prvaut dans le nord du pays.

Aprs plusieurs annes de conflit, la Rpublique centrafricaine a renou avec la croissance conomique, avec un taux de 3,7 % en 2006, contre une moyenne annuelle de 0,6 % de 1998 2005. La reprise, favorise par le retour lordre constitutionnel en 2004 et la tenue dlections en 2005, devrait se poursuivre en 2007 et 2008 avec le programme de stabilisation macro-conomique et de rformes structurelles , estime le rcent rapport du Secrtariat de lOMC sur les politiques et pratiques commerciales de la RCA. Vaste pays enclav, faiblement peupl, la RCA fait partie des pays les moins avancs (PMA). Etat fragile, elle est en proie depuis 1996 une crise militaro-politique qui sape les bases de son conomie, amplement aggrave par une crise rgionale majeure, celle du Darfour qui oppose ses voisins tchadiens et soudanais, ainsi que par lactivit dune opposition arme base dans le nord du pays.
Du point de vue conomique, la RCA est confronte dimportants dfis. Elle souffre dun approvisionnement irrgulier en lectricit, de labsence ou de la mdiocrit de ses infrastructures de base y compris le transport, la tlphonie fixe, les htels et de cots levs des services connexes , note le rapport. Toutefois, avec le retour du soutien de la communaut internationale, les effets positifs des efforts de reconstruction observs rcemment devraient samplifier. Les rformes (y compris structurelles) visant dmanteler les multiples contraintes sur le plan de loffre devront tre poursuivies et devraient faciliter laccs de la RCA lInitiative en faveur des pays pauvres trs endetts.

Relvement du secteur diamantifre et forte croissance de la production forestire

Dans sa dclaration destine lOMC, le gouvernement centrafricain indique quil compte finaliser son Document de stratgie de rduction de la pauvret (DSRP) courant 2007. La RCA devrait alors atteindre le point de dcision de lInitiative renforce en faveur des PPTE, qui lui permettra de rduire le fardeau de sa dette publique extrieure et dattirer les capitaux ncessaires lexploitation de son norme potentiel. Depuis juillet 2004, un programme de stabilisation macroconomique et de rformes structurelles a en effet t engag, appuy en dcembre 2006 par une Facilit pour la rduction de la pauvret et pour la croissance (FRPC) du FMI. Objectifs assigns : rduire le dficit budgtaire global en renforant ses efforts de recouvrement des recettes (notamment douanires), et mieux matriser les dpenses salariales, principale composante des dpenses publiques. En accord avec ses cranciers, durant cette phase de reconstruction, la RCA nassure pas pleinement le service de sa dette publique extrieure dont le stock slevait 616 milliards de francs CFA (78 % du PIB 2006) au 31 dcembre 2006. Un fardeau insoutenable, de lavis mme du FMI.
La reprise en 2006 est principalement due, du ct de loffre, au relvement du sous-secteur diamantifre, une forte croissance de la production forestire et la reprise de lactivit agro-industrielle et des services marchands (notamment de transports et des tlcommunications) , note le rapport de la RCA, soulignant que ltat a soutenu financirement la relance de la culture du coton. Du ct de la demande, le paiement plus rgulier des salaires des fonctionnaires de ladministration publique a permis de soutenir la consommation des mnages, et linvestissement priv et public a repris depuis 2005 , indiquent encore les autorits centrafricaines. Mais lampleur de la reprise reste cependant limite par la persistance de linscurit dans certaines zones du pays, la faiblesse des investissements et de lassistance extrieure, et les cots levs de production, aggravs par les squelles de la crise qua connue le pays ds 1996 et les prix exorbitants des produits ptroliers.

Prs du quart de la population touche par linscurit et les violences

Linscurit qui rgne toujours dans certaines rgions de larrire-pays demeure un risque pour la reprise conomique en zone rurale, sans laquelle de vritables progrs vers la rduction de la pauvret resteront difficilement ralisables , souligne aussi le rapport de lOMC, pour qui la rentabilit de la filire du bois est substantiellement rduite par les cots levs du transport routier vers Douala au Cameroun . Raison pour laquelle les partenaires au dveloppement financent la rhabilitation du rseau de transports fluviaux, ainsi que le revtement des routes principales.
De fait, la situation dans le nord du pays na cess de se dgrader. Un million de Centrafricains, soit prs du quart de la population, est touch par linscurit et les violences rcurrentes dans le nord du pays et se trouve dans un besoin urgent daide humanitaire , indique Toby Lanzer, le coordonateur humanitaire des Nations unies en RCA. Plus de 280 000 personnes ont d fuir leurs maisons, dont 70 000 ont trouv refuge dans les pays voisins (Tchad et Cameroun) et plus de 200 000 lintrieur du pays. Sans compter les civils tchadiens et soudanais du Darfour qui trouvent refuge en Centrafrique. Les enfants souffrent de malnutrition et de maladies infectieuses lies au manque deau potable. Hpitaux et coles ont t dtruits ou endommags lors des combats entre forces rebelles et gouvernementales centrafricaines trs meurtrires Les Nations unies ont lanc ds novembre 2006 un appel de fonds pour une aide durgence la RCA hauteur de 80 millions de dollars, dont seuls 30 % taient pourvus fin mai 2007. Paralllement, le nombre dacteurs humanitaires a augment, passant de 6 ONG prsentes dans le nord lors du lancement de lappel 18 aujourdhui. Mais faute des fonds ncessaires, elles interviennent dans des conditions prilleuses, comme en tmoignent lenlvement fin mai de deux humanitaires de lOng italienne Coopi ou lassassinat, le 11 juin dernier, dune collaboratrice de Mdecins sans frontires.

Antoinette Delafin

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