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03/07/2007
Le tourisme sauvera-t-il les lphants africains ?

(MFI) Menacs la fois par le trafic illicite de livoire et la rduction de leur habitat naturel au profit de lhomme, les lphants africains connaissent un nouveau rpit : les pays du continent ont en effet accept un accord portant sur la prorogation pour neuf ans du moratoire sur le commerce de livoire aprs une vente exceptionnelle de stocks dj dtenus par des pays dAfrique australe. Mais il faudra la fois renforcer la lutte contre les trafiquants prts satisfaire les demandes accrues de la Chine et du Japon et persuader les paysans que lhomme et llphant peuvent, comme ils lont fait depuis des sicles, coexister.


Les lphants sont les plus grands animaux terrestres vivant actuellement : en moyenne, un lphant dAfrique mle adulte mesure plus de 3 mtres et pse plus de 5 tonnes. Les dfenses, sortes de dents trs allonges, utilises par ces animaux comme outil, arme de dfense et attribut sexuel sont en ivoire, un matriau recherch pour la confection de bijoux et de sculptures, bien quil y ait eu une interdiction internationale sur livoire depuis 1989. Mais le braconnage illgal nest pas le seul problme. La perte de lhabitat concerne en effet la fois les lphants dAfrique et dAsie. En Afrique ils courent un grave danger, et en Asie ceux qui restent sont pratiquement tous domestiqus et leur espce est menace.
Laugmentation de la population et lavance de lagriculture font quil ny a plus beaucoup de terre libre pour que les troupeaux puissent voyager et trouver de quoi se nourrir, dautant moins que les conflits en Afrique australe et les mines poses par lhomme ont perturb leurs voies de passage traditionnelles. Rsultat, il y a dans certaines rgions une augmentation de troupeaux dlphants qui attaquent les champs et dtruisent les rcoltes, aggravant le ressentiment des populations rurales. Mais les experts rejettent les arguments selon lesquels la surpopulation augmente le conflit entre les animaux et les tres humains, lun deux citant par exemple la plantation au Malawi de piments rouges que les lphants ne mangent pas et qui rapportent plus que le mas.

De 1,3 million dlphants en 1979 350 000 aujourdhui

Le nouvel accord a t conclu la mi-juin 2007 La Haye, aux Pays-Bas, et approuv par les 171 pays participant la Convention sur le commerce international des espces de faune et de flore sauvages menaces dextinction (CITES). Il constitue un compromis entre des pays comme le Kenya et le Mali, qui souhaitaient une interdiction totale, et le Botswana, la Namibie, le Zimbabwe et lAfrique du Sud, favorables des ventes divoire plus ou moins limites. Trait mondial, la CITES a t labore en 1973 pour viter que le commerce international ne menace des espces en voie de disparition. Selon le Fonds international pour la sauvegarde des animaux (IFAW), le nombre dlphants en Afrique est pass de 1,3 million en 1979 quelque 350 000 ce jour, dont 220 000 vivent dans des zones protges travers huit pays dAfrique australe.
Linterdiction de la vente divoire, dcrte en 1989 dans le cadre de la CITES qui peut autoriser des ventes exceptionnelles comme celle, concde en 2002 au Botswana, la Namibie et lAfrique du Sud, de 60 tonnes divoire , a russi ralentir le commerce illicite qui a toutefois repris partir de 2000. La vente autorise et la livraison de livoire sont supervises par le secrtariat de la CITES. Pour le moment, le Japon est le seul partenaire commercial dsign, mme si la Chine espre aussi tre accepte en tant que tel.
Le WWF, lorganisation mondiale de protection de lenvironnement, et Traffic, le rseau de surveillance du commerce des espces sauvages administr conjointement par le WWF et lUnion mondiale pour la nature (IUCN), insistent de leur ct sur le fait que la question la plus fondamentale pour la conservation des lphants dAfrique demeure lexistence de marchs intrieurs illgaux dans certains pays, tant en Afrique quen Asie. Elephant Trade Information System (ETIS), le Systme dinformation sur le commerce des lphants, a mis en vidence les pays qui posent le plus de problmes en ce qui concerne le commerce illgal de livoire, citant la Rpublique dmocratique du Congo, le Nigeria, le Cameroun, la Thalande et la Chine. Nous esprons que les pays concerns profiteront de ce climat de bonne volont pour sattaquer au problme de livoire qui continue quitter illgalement lAfrique de lOuest et lAfrique centrale , a soulign un responsable de Traffic.

La Chine et le Japon, deux des principaux marchs pour livoire illicite

Selon une tude mene par Traffic et base sur 12 400 saisies divoire rpertories depuis 1989 par ETIS, la Chine et le Japon sont deux des principaux marchs pour livoire illicite. De source amricaine on prcise quil existe prsent de vastes rseaux sophistiqus de criminels trs bien organiss et financs, dont le niveau dactivit est semblable celui du commerce illicite des stupfiants , une situation qui sest fortement aggrave depuis une dizaine dannes. Des associations de criminels asiatiques bases en Afrique sont ainsi impliques dans le commerce illicite de livoire provenant surtout de la RDC, du Cameroun et du Nigeria. Les zones de conflit tant innombrables en Afrique centrale, on y constate une hmorragie de livoire travers des associations de criminels travaillent avec diverses milices oprant sur place, prcisent des responsables de Traffic.
Par rapport aux saisies divoire qui ne reprsentent, selon les autorits douanires, que 10 % de la contrebande relle, plus de 20 000 lphants seraient braconns chaque anne pour alimenter le commerce illicite de livoire. Lestimation est de 23 000 pour la seule anne 2006 mettant ainsi en pril les populations dlphants fragmentes et isoles, des pays dAfrique francophone notamment. Le tourisme qui se dveloppe constitue toutefois un nouvel espoir pour la prservation des animaux sauvages du continent. Les protecteurs de la faune et de la flore estiment en effet que les touristes veulent voir des animaux sauvages vivants, surtout des lphants et affirment que les bnfices tirs du commerce illicite de livoire sont minuscules en comparaison avec les revenus que peut gnrer ce tourisme.

Marie Joannidis

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