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07/08/2007
Forts dAfrique: un dfi rgional et international

(MFI) A lheure du rchauffement climatique, la sauvegarde des forts africaines, notamment celles dAfrique centrale, constitue un dfi aussi bien pour lavenir de la plante que pour la lutte contre la pauvret et le dveloppement durable. Dans ce contexte, plusieurs organisations ont dcid daccentuer leurs efforts pour aider les Africains mieux lutter contre la dforestation, les coupes illgales et la contrebande mais aussi la corruption.

LOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) a ouvert, fin juillet 2007, un bureau sous-rgional Libreville au Gabon, pour aider les pays concerns en matire de scurit alimentaire et de prservation des forts et de la faune et de la flore qui les peuplent. De son ct, la Banque africaine de dveloppement (BAD) sest installe en Rpublique dmocratique du Congo (RDC), un pays qui sort peine dun long conflit gnrateur de trafics de tous genres y compris du bois.
En visite fin juillet au Gabon, dans le cadre dune courte visite en Afrique, le prsident franais Nicolas Sarkozy a pour sa part appel protger les forts africaines pour le bien de lhumanit. La France doit aider lAfrique prserver ses forts, a-t-il dclar ; les forts du Bassin du Congo, auxquelles appartient la fort gabonaise, constituent le 2 poumon de la plante aprs les forts amazoniennes. Selon lui, la fort gabonaise absorbe elle seule environ 4 fois les missions de CO2 de la France, ce qui reprsente une richesse immense . Le prsident franais a annonc la reconversion dune partie de la dette gabonaise en investissement en faveur de la fort (85 % de la surface du pays), ce qui reprsente une enveloppe de 50 millions deuros. De son ct, le chef dEtat gabonais Omar Bongo Ondimba a invit les hommes daffaires franais investir dans lcotourisme. Le Gabon compte 13 parcs nationaux comprenant une mosaque de forts, de savanes et de montagnes qui hbergent des gorilles, des lphants, des chimpanzs et de nombreuses autres espces qui nexistent nulle part ailleurs.

Le bassin du Congo ? 6 % de la surface forestire mondiale !

La France est jusqu fin 2007 le facilitateur du Partenariat pour les Forts du Bassin du Congo (PFBC), lanc en 2002 lors du sommet mondial sur le dveloppement durable de Johannesburg. Les contributions financent le plan de convergence labor par la Confrence des ministres en charge des forts dAfrique centrale, qui a une prsidence tournante. Ce plan, tal sur dix ans, devait tre financ 60 % par la communaut internationale et 40 % par les pays membres du bassin du Congo. Il a pour objectif la conservation, la restauration, le dveloppement et lutilisation durable des ressources biologiques dans le cadre dune gestion concerte pour le dveloppement conomique, social et culturel des populations et pour la sauvegarde de lenvironnement mondial . La Commission europenne, de grandes ONG internationales, des institutions comme la Banque mondiale ou lOrganisation internationale des bois tropicaux ainsi que le secteur priv europen, reprsent par lAssociation interafricaine des industries forestires, base Paris, figurent parmi les 29 membres du Partenariat.
Le bassin du Congo reprsente une vaste tendue forestire denviron 2 300 000 km, soit 6 % de la surface forestire mondiale. Ses forts sont reconnues pour leur diversit biologique exceptionnelle et contribuent, de manire importante, la lutte contre leffet de serre en absorbant le carbone dans lair. Elles sont cheval entre sept pays dAfrique centrale Cameroun, Rpublique centrafricaine, Congo Brazzaville, Rpublique dmocratique du Congo, Guine quatoriale, Gabon et Tchad et stendent jusqu lenclave angolaise du Cabinda, voire au Rwanda et au Burundi.
Le couvert forestier total de lAfrique est estim par les experts de la FAO 650 millions dhectares, ce qui reprsente 17 % des forts du monde. Tout en se flicitant du soutien et de lengagement politique au plus haut niveau en Afrique, lorganisation a constat que le continent africain a perdu plus de 9 % de ses forts entre 1990 et 2005.

Quand les chefs de brousse informent les chefs de village

Pour mieux lutter contre les trafics qui favorisent la dforestation, la communaut internationale a dcid dappliquer au bois un certificat dorigine comme cela a t fait pour juguler la contrebande des diamants. Mais pour une ONG comme Greenpeace, la certification ne rsoudra pas tous les problmes . La corruption et labattage illgal, estime lorganisation, restent un vritable flau en Afrique. De plus, dans la plupart des pays, les populations locales ne sont pas impliques dans le dbat sur la gestion forestire. Or, pour quelle soit crdible, la certification doit tre base sur un dialogue entre toutes les parties concernes. Cest pourquoi, dans presque tous les pays africains producteurs de bois, il faudra dabord fournir un effort important pour mieux informer la population locale et pour limpliquer dans la gestion forestire , souligne un de ses responsables.
Des efforts commencent toutefois tre faits. Ainsi des ateliers sur la bonne gouvernance forestire ont eu lieu en RDC, associant des ONG charges de lenvironnement. Un sminaire organis Libreville en partenariat avec la Francophonie a form des stagiaires chargs de promouvoir la certification des forts africaines travers un rseau dnomm Rseau africain pour les amnagements et la certification des forts (RAACEF). Au Sngal enfin, des responsables locaux ont dcid, avec laide de fonds amricains, de recrer un systme de surveillance des forts, comme cela existait avant la colonisation, avec les chefs de brousse qui informaient les chefs de village.

Marie Joannidis

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