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21/08/2007 | |||
Afrique du Nord : une croissance soutenue malgr des faiblesses | |||
(MFI) Ports par une croissance soutenue et pour certains - Algrie ou Libye - par des recettes ptrolires en forte hausse, les pays d'Afrique du Nord connaissent encore des faiblesses lies au chmage - surtout des jeunes - et la lenteur de la mise en place des rformes de la lutte contre la pauvret. | |||
L'Algrie a mis en oeuvre depuis 1994 des programmes de stabilisation et dajustement structurel avec le concours du FMI et de la Banque mondiale. La stabilisation a t ralise avec succs, selon les experts, et cela dans un contexte de volatilit des cours du ptrole. Elle sest accompagne de quelques progrs au plan des rformes structurelles (libralisation de lconomie nationale, rforme du systme financier, amlioration de la rglementation et privatisations) qui ont jet les bases dune plus forte croissance - malgr le npotisme et la corruption que dnoncent les critiques. A partir de 1999, lAlgrie a bnfici dun boom ptrolier continu qui a gnr des recettes sans prcdent pour ltat et une impressionnante accumulation dactifs trangers nets. Aprs la priode de solide croissance (1999-2004) o le PIB sest accru de 4,1 % en moyenne par an, le pays a connu en 2005 un taux de croissance estim 5,3 %. Le secteur des hydrocarbures contribue alors largement la croissance, qui enregistre une hausse de 6 % alors que le secteur agricole affiche un ralentissement du taux de croissance de 2 %. Dans les secteurs de la construction et des services, la croissance est reste forte (respectivement 7 % et 6 %). Elle est porte notamment par une politique budgtaire expansionniste : un Plan complmentaire de Soutien la Croissance (PCSC) de 144 milliards de dollars (2005-2009) dont lobjectif est de diversifier lconomie et damliorer les infrastructures. Une conomie encore trop dpendante des hydrocarbures Lanne 2006 a t marque par un certain ralentissement de la croissance relle mais a vu pour la premire fois la hausse des investissements directs trangers (IDE) orients - largement - vers des secteurs hors hydrocarbures. Officiellement, le chmage a connu une nouvelle baisse (12,8 % de la population active contre 15,3 % en 2005 et 23,7 % en 2003). Il demeure toutefois lev chez les jeunes o il est estim 45 %. Il frappe particulirement les nouveaux diplms des universits ainsi que les nouveaux venus sur le march de lemploi. De larges excdents ont permis de rduire la dette extrieure algrienne de 70 % en 2006. Mais lconomie, encore trs dpendante des hydrocarbures, demeure vulnrable. Ainsi, la croissance que connat le pays depuis 2002 apparat en partie artificielle dans la mesure o elle repose sur une demande publique, essentiellement nourrie par la manne ptrolire. Lconomie nationale est encore peu diversifie et ne dispose pas de secteurs de production forte valeur ajoute susceptibles de soutenir les exportations. En outre, de nombreux dfis restent relever, notamment le systme bancaire qui nassure pas encore un financement optimal de lconomie et la part du secteur informel qui reste leve (30 % du PIB). Enfin, les privatisations tardent se mettre en place et le pays peine souvrir au commerce international. Candidat lOMC depuis plus de vingt ans, ce pays dtient le record de dure des ngociations dadhsion. Le principal point de blocage demeure louverture du secteur des services : lOMC juge loffre algrienne insuffisante, tandis que lAlgrie estime que les exigences de lorganisation sont plus leves que pour les autres candidats. Maroc : un programme graduel mais solide de dveloppement humain Au cours des trente dernires annes, le Maroc sest engag dans un programme graduel mais solide de dveloppement humain et de libralisation politique. Le taux de croissance sest lev 4,9 % en moyenne dans les annes 2000, tandis que linflation sest maintenue des niveaux raisonnables. Mais les deux principaux dfis auxquels fait face le Maroc restent une croissance variable et un fort taux de chmage. De manire gnrale, une croissance molle se traduit par un faible nombre de cration demplois, particulirement dans les zones urbaines o les taux de chmage restent invariablement levs malgr une baisse de 22 % en 1999 15,5 % en 2006. Le pays connat une croissance conomique plus vigoureuse depuis 2001 mais on est loin des forts taux ncessaires au recul de la pauvret. En 2005, les perspectives de croissance ont t compromises par la faiblesse de la demande des exportations marocaines sur les marchs europens, par llimination des prfrences commerciales en faveur des textiles et par une grave scheresse. Les performances de la croissance en 2006 (en augmentation de 8 %) s'expliquent en partie par une production agricole exceptionnelle qui risque toutefois de diminuer en 2007 en raison de linsuffisance pluviomtrique. Une distribution inefficace des rares ressources en eau Autre grand dfi auquel est confront le Maroc : lincidence considrable de la pauvret qui saggrave en cas de scheresse rcurrente accompagne de faibles taux de croissance. Son niveau a toutefois baiss de 19 % environ 15 % entre 1999 et 2004. Une situation lie la volatilit de la croissance agricole. Ainsi, cette diminution rcente est due la bonne performance du secteur agricole (2001-2004) tandis que son aggravation dans les annes 90 (de 13 % en 1991 19 % en 1999) avait t le fait de la faible production due la scheresse. Plus de 25 % de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvret contre 12 % seulement de la population urbaine. Selon les experts, la disponibilit en eau par habitant pourrait tre rduite de moiti d'ici 2020 compte tenu des niveaux actuels dutilisation et du taux courant de croissance dmographique (1 %). Cette tendance inquitante la raret de leau est attribuable en partie au secteur agricole, lequel bnficie de facilits commerciales, dexonrations fiscales, et de programmes de soutien des prix et de subventions. Ces mesures ont entran une distribution inefficace des rares ressources en eau : lagriculture irrigue utilise actuellement 92 % de toutes les ressources deau mobilises du pays, tous les mnages et les industries devant se contenter du reste. La Banque mondiale estime cependant que le Maroc reste un exemple dans la rgion pour le dynamisme de sa socit civile, louverture sur diffrents acteurs de dveloppement, de dcentralisation et de participation communautaire qui peuvent influer de faon durable sur la rduction de la pauvret. Tunisie : Optimiser le potentiel de croissance La Tunisie, pour sa part, a enregistr ces dernires annes une moyenne annuelle de croissance denviron 5 % et figure dsormais parmi les pays dits "mergents". La libralisation et l'ouverture conomique progressive - adhsion lOMC, accord dassociation avec lUE - ainsi que le maintien du dficit budgtaire un niveau raisonnable ont assur une certaine stabilit macroconomique (accroissement rgulier de la richesse nationale, inflation contenue). Toutefois, lconomie tunisienne est marque par des faiblesses structurelles (taux de chmage lev, poids de la fonction publique, endettement extrieur brut lev) qui empchent le pays doptimiser son potentiel de croissance. La perspective dune libralisation complte des changes commerciaux avec lUnion europenne dici 2008 rend dautant plus ncessaire lacclration des rformes. La croissance tunisienne sappuie sur lagriculture et la progression des exportations. Le taux de chmage officiel se maintient environ 14,5 %. Le dficit courant continue de se rduire grce au redressement du solde commercial et au maintien des transferts des immigrs 5 % du PIB. Linvestissement priv sest par contre lgrement contract. Les pouvoirs publics tablent dsormais sur un taux de croissance annuel suprieur 6 % et sur le renforcement des activits des services haute valeur ajoute pour rduire le chmage, en particulier des jeunes diplms. Une tude ralise par la Banque africaine de dveloppement (BAD) portant sur la comptitivit de lconomie tunisienne a rvl un changement important de la physionomie des demandeurs demploi en Tunisie. Les diplms de lenseignement suprieur ont reprsent 70 % de la demande additionnelle demploi en 2006 (contre 35,3 % en 2002) et ce taux devrait progresser environ 75 %. Pour rduire le chmage en gnral et celui des diplms en particulier, les planificateurs tablent sur un taux de croissance de 6,3 % par an durant la prochaine dcennie ainsi que sur le renforcement de la spcialisation dans les activits de services haute valeur ajoute. Libye : le ratio PIB/habitant le plus lev d'Afrique La Libye du colonel Muammar Kadhafi - qui sort peu peu d'un isolement international et ne connat pas les mmes problmes dmographiques que ses voisins -, demeure toutefois une exception. Courtise pour son ptrole et son gaz, elle poursuit son ouverture conomique. Considre comme un tat "terroriste", elle est redevenue "frquentable" depuis la suspension de lembargo impos par lONU en avril 1999 - officiellement lev en septembre 2003. Membre de lOPEP, lOrganisation des pays exportateurs de ptrole, la Libye est le 2 exportateur de ptrole dAfrique aprs le Nigeria. La croissance du PIB avoisine les 6 % ces dernires annes et compte tenu d'une population peu nombreuse (prs de 6 millions dhabitants), la Libye possde le ratio PIB/habitant le plus lev d'Afrique soit 6.880 dollars par habitant. | |||
Marie Joannidis | |||
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