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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

25/09/2007
Texte sous embargo jusquau 26 septembre 2007, 17 heures TU
La Cnuced appelle lAfrique mobiliser ses ressources intrieures


(MFI) Daprs le rapport 2007 sur Le dveloppement conomique en Afrique, publi par la Cnuced, une meilleure utilisation des ressources intrieures aiderait les pays africains bnficier dune croissance conomique plus forte et rgulire ainsi qu rduire, long terme, leur dpendance excessive lgard de laide. Intitul Retrouver une marge daction : la mobilisation des ressources intrieures et ltat dveloppementiste, il insiste sur leffet positif espr dune telle volution : permettre lAfrique de dterminer ses propres priorits en matire de dveloppement.

Les stratgies de dveloppement sappuyant sur des ressources extrieures nayant pas atteint les objectifs escompts, il est temps de changer de modle, de fusil dpaule et de trouver autre chose : tel pourrait tre, en rsum, le message du rapport 2007 sur Le dveloppement conomique en Afrique publi par la Confrence des Nations unies pour le commerce et le dveloppement en cette fin du mois de septembre. Prsent Paris par lconomiste de la Cnuced Janvier Nkurunziza, ce travail souligne quune utilisation accrue des ressources financires intrieures et des investissements plus productifs donneraient aux dirigeants africains la marge daction ncessaire pour concevoir des programmes qui correspondent aux priorits de leur pays, donnant ainsi tout son sens la notion d appropriation des politiques conomiques.

Un effondrement brutal de lpargne intrieure aprs 1980

Se dvelopper avec son propre argent ? Cela ressemble une vidence qui viendra investir chez vous si vous-mme ne le faites pas ? Et pourtant, il est bon de la rappeler, au regard par exemple des destins distincts des conomies africaines et asiatiques. La Cnuced note ainsi combien lvolution du taux dpargne intrieure brute (qui dtermine ensuite les sommes disponibles pour linvestissement) a t diffrente dans ces deux zones : en Afrique subsaharienne, ce taux a progress rgulirement entre 1960 et 1974, passant de 17,5 % 24,3% du PIB. Puis linstabilit sest installe, et aprs un pic 26 % en 1980, leffondrement a t brutal, avec chute moins de 15 % en 1992. Aujourdhui, le taux plafonne 17,6 % du PIB (2005). Dans la rgion Asie de lEst-Pacifique, ce taux, peu prs au mme niveau que celui de lAfrique dans les annes soixante, na fait depuis que progresser certes avec quelques -coups pour atteindre aujourdhui 40 % du PIB.
Autre difficult, au-del du taux de lpargne : sa forme. Sur le continent, rappelle la Cnuced, les mnages pargnent essentiellement par prcaution ; les actifs quils dtiennent remplacent lassurance et le crdit auxquels ils nont pas accs. Conclusion, en Afrique, lpargne des mnages comprend essentiellement des biens matriels et un peu dpargne financire place dans le secteur financier informel. Seule une part restreinte de cette pargne est donc disponible pour des investissements productifs. De mme, face un systme financier qui rpond rarement leurs besoins, les entreprises constituent une pargne dans loptique de sassurer contre dventuels risques ; autant dargent qui nest pas disponible pour investir.
Parmi les autres ressources financires intrieures caches des pays africains, qui, si elles taient correctement mobilises et efficacement utilises, fourniraient des ressources pour le dveloppement, le rapport passe en revue les recettes publiques (qui pourraient doubler dans certains pays simplement par une amlioration de la collecte de limpt, ou un largissement de lassiette fiscale par intgration au secteur formel dactivits conomiques existantes), les envois de fonds des travailleurs migrs (qui pour la plupart stimulent la consommation, mais pourraient tre davantage consacrs linvestissement), sans oublier les capitaux ayant fui lAfrique, issus notamment de la corruption et des dtournements de fonds, et dont on estime le montant suprieur celui de la dette du continent.
Sil est peu probable que laccroissement de lpargne intrieure suffise combler immdiatement le manque de ressources − valu entre 10 et 20 % du PIB − pour atteindre les objectifs du Millnaire pour le dveloppement dici 2015, cette augmentation donnera aux pays africains la marge daction ncessaire pour concevoir des stratgies de dveloppement plus appropries.

Un phnomne de croissance sans emploi

Paralllement, note en effet la Cnuced, les taux de croissance relativement levs rcemment enregistrs en Afrique nont entran aucune amlioration sensible du niveau de vie. La croissance a t alimente par lessor des produits de base, en particulier des minraux, dans des industries enclaves ayant peu ou pas de lien avec le reste de lconomie. Ce qui a conduit un phnomne de croissance sans emploi . Pour quune grande partie de la population dun pays puisse en tirer parti, la croissance doit tre gnre par une conomie intgre : une stratgie mener lchelle dun Etat.
On le voit, aucune des actions suggres (auxquelles il faudrait encore ajouter lamlioration de lenvironnement des affaires ou la ralisation dinfrastructures) ne peut tre le fait du seul secteur priv. La stratgie prconise par la Cnuced est ainsi bien diffrente des politiques rcemment adoptes par les ou conseilles aux pays africains, consistant rduire la participation de ltat dans lconomie pour se conformer lidologie dominante douverture des marchs. Lorganisation plaide donc pour des Etats africains dveloppementistes, soulignant toutefois que lintervention de ltat ne signifie pas quil faut commettre les mmes erreurs que par le pass, par exemple surprotection et interventionnisme : les pays africains nont pas besoin dun tat moins prsent, ils ont besoin dun tat plus efficace .

Ariane Poissonnier

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