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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

20/11/2007
Examen global de lAide pour le commerce lOMC
Quelle place pour lAfrique dans le commerce international ?


(MFI) Parent pauvre du commerce international malgr ses avances en termes de croissance, lAfrique rclame une juste part dans les changes internationaux. Elle mise pour cela sur une mobilisation accrue de ses propres forces en matire dintgration rgionale et de mise en commun des moyens, tout en rclamant le renforcement de laide financire et technique des bailleurs de fonds plus riches, notamment dEurope et dAmrique du Nord, qui rgentent les marchs.

Dans un contexte marqu par la dlicate ngociation dAccords de partenariat conomique (APE) entre lUnion europenne et ses partenaires ACP (Afrique, Carabes, Pacifique), lAfrique attend des gestes concrets de la part de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) qui effectue, les 20 et 21 novembre 2007 Genve, son premier Examen global de lAide pour le commerce, initiative lance deux ans auparavant. Au cours dune des runions rgionales qui ont prcd le rendez-vous de Genve, les difficults de lAfrique ont t mises en vidence.
Sur le thme Mobiliser laide pour le commerce: regard sur lAfrique , une confrence de haut niveau sest tenue du 1er au 2 octobre Dar es-Salam en Tanzanie sous lgide de la Banque africaine de dveloppement (BAD), la Commission conomique pour lAfrique (CEA) et lOMC, en collaboration avec la Banque mondiale. Dans un document publi cette occasion, Pascal Lamy, directeur gnral de lOMC, et Donald Kaberuka, prsident de la BAD, ont soulign le dfi majeur auquel fait face le continent dans ce domaine. Ils ont indiqu que la part de march de lAfrique reste la trane bien que le commerce africain ait connu une augmentation substantielle (multipli par prs de cinq en vingt ans) et que les exportations aient connu une croissance annuelle de 15 % depuis 2000.
En 1950, la part de lAfrique dans le commerce mondial tait de 10 % alors quaujourdhui elle stablit moins de 3 %. Les exportations de biens et de services tant 20 fois plus importantes quelles ne ltaient en 1950, un retour une part de march de 10 % signifierait une norme expansion des ressources. Mais cela nira pas sans effort et sans argent , ont-ils dclar. Citant des exemples concrets de retard, ils ont indiqu que le cot de la connectivit tlphonique y est plus lev que partout ailleurs. Les cots du transport en pourcentage de la valeur totale des importations y atteignent 13 % contre 8,8 % pour les autres pays en dveloppement et 5,2 % pour les pays industrialiss. Au Kenya, limportation dun conteneur revient en moyenne prs de 2 500 dollars, soit cinq fois plus qu Singapour. Le cot de revient au kilomtre de lutilisation dune remorque double essieu en Tanzanie est deux fois et demi ce quil est en Indonsie ou au Pakistan.

Accrotre les conomies dchelle par lintgration rgionale

Les bons rsultats conomiques rcemment obtenus par les principaux pays dAfrique dont certains enregistrent une croissance annuelle de plus de 6 % depuis dix ans montrent limportance de mettre laccent sur des politiques en matire de commerce et dinvestissement tournes vers lextrieur. La taille rduite de leurs marchs rend les pays du continent particulirement tributaires du commerce international pour leur croissance conomique.
Louverture et linterdpendance croissantes de lconomie mondiale et lintensification de la concurrence ont exerc sur ces pays des pressions supplmentaires, les incitant devenir plus comptitifs et accrotre les conomies dchelle par lintgration rgionale. Une issue favorable du Cycle de Doha est aussi considre comme essentielle pour crer de nouveaux dbouchs commerciaux en Afrique et ltranger. Mais, soulignent les experts, si louverture du commerce est indispensable au dveloppement de lAfrique, elle nest pas suffisante. La mondialisation des rseaux de production, lexpansion des chanes dapprovisionnement, les modles de livraison en flux tendu et les normes internationales plus rigoureuses font quil est plus important que jamais de renforcer la capacit du ct de loffre, de rduire les cots du commerce et damliorer la connectivit aux marchs ainsi que de libraliser les changes.
Parmi les autres faiblesses voques figurent une infrastructure fragmente, des institutions inefficaces, une rglementation excessivement lourde, des chanes dapprovisionnement peu fiables et un secteur de services ayant beaucoup de lacunes. Des tudes montrent dailleurs que ces obstacles internes entravent davantage la croissance des exportations en Afrique que certains obstacles externes tels que les droits de douane, ce que rfutent de nombreux Africains.
Mais tous admettent que la communaut internationale pourrait et devrait jouer un rle de soutien en aidant les pays africains atteindre leurs objectifs dans le domaine du commerce. Ils demandent que les donateurs donnent suite aux engagements quils ont pris concernant laugmentation et une meilleure efficacit de laide au dveloppement. La Banque mondiale estime en effet que les besoins non satisfaits de lAfrique en matire dinfrastructures slvent 22 milliards de dollars par an, plus 17 milliards de dollars supplmentaires pour la maintenance et le fonctionnement. Mme consensus sur la ncessit de renforcer les partenariats entre secteur public et secteur priv et sur les rformes intrieures qui doivent accompagner laide extrieure. Pour les participants la confrence de Dar es-Salam, lAide pour le commerce, investie de manire stratgique, pourrait constituer un catalyseur important pour la croissance des exportations et la comptitivit des pays.

Marie Joannidis

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