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04/12/2007
Diamants de la guerre : lAfrique revient de loin

(MFI) Premier producteur mondial de diamants dont bon nombre ont financ des conflits sanglants travers le continent , lAfrique revient de loin. En effet un seul pays africain, la Cte dIvoire, est encore soumis un embargo sur ces pierres prcieuses et des discussions sont en cours pour sa leve ventuelle si des mesures adquates sont prises pour arrter le trafic, notamment vers le Ghana.

La fin des guerres civiles en Angola, au Sierra Leone, au Liberia et en Rpublique dmocratique du Congo (RDC) ont permis de juguler la contrebande des diamants, mme si des ONG comme la britannique Global Witness rclament aujourdhui un assainissement de lindustrie et une meilleure protection des travailleurs du secteur. Selon les Nations unies (Onu) et lUnion europenne qui a prsid en 2007 le Processus de Kimberley, destin mieux contrler le commerce des diamants, avant de passer la main lInde pour 2008 , plus de 99 % de la production mondiale provient de pays en paix contre 15 16 % dans les annes quatre-vingt-dix.
LUnion europenne (UE) joue un rle de premier plan dans le Processus de Kimberley. En effet lUE est le centre de commerce de diamants bruts le plus important au monde, et prs de 80 % des diamants passent par Anvers, en Belgique. De plus les Europens souhaitent prvenir les conflits et arriver une meilleure rgulation de ce commerce pour quil soit plus juste et plus quitable.

Le Congo-Brazzaville rintgr et le Liberia admis dans le processus de Kimberley

En 2000, des gouvernements producteurs et acheteurs, des organisations non gouvernementales et lindustrie du diamant (qui tait accuse dacheter sans discrimination les diamants de la guerre), ont uni leurs efforts : ils ont tabli en 2002 un systme de certification appel Processus de Kimberley, endoss par lOnu, qui a permis, selon eux, dradiquer presque entirement le trafic de diamants de la guerre. Aujourdhui, le site diamant-ethique.org a pour vocation dinformer sur ces pierres, et dexpliquer comment les diamants alimentent la croissance conomique et la prosprit de nombreux pays travers le monde, alors que des initiatives prises par lindustrie elle-mme affirment vouloir amliorer les conditions de travail des ouvriers dans les mines artisanales.
Parmi les rsultats positifs figurent notamment la rintgration dans le processus, le 8 novembre 2007, du Congo Brazzaville. Accus dexporter frauduleusement des diamants en provenance de la RDC, ce pays avait t exclu en 2004. Pendant sa prsidence, lUnion europenne a aussi admis le Liberia la suite dune valuation effectue par une mission dexperts qui sest rendue dans le pays. Dirige par la Commission europenne, accompagne de reprsentants du Botswana (premier producteur africain), de lindustrie du diamant et de la socit civile, cette mission sest rendue au Liberia en mars 2007 et a constat que le pays remplissait dsormais les conditions dune adhsion. Ceci a t suivi en avril dernier par la leve de lembargo du Conseil de scurit de lOnu.
Ceci constitue une relle victoire pour des pays tels que le Botswana, la Namibie et lAfrique du Sud qui dpendent des diamants, ressource naturelle majeure, pour le bien-tre de leurs habitants et qui redoutaient limpact des campagnes mondiales contre les diamants de la guerre sur leur industrie et la vente des diamants. Il en est de mme pour des pays comme lAngola et le Sierra Leone qui commencent tirer parti des revenus gnrs par leurs exportations de diamants bruts pour reconstruire leurs conomies et leurs infrastructures.

Transformer sur place les pierres prcieuses

Tous ces Etats diamantifres ont cr sous limpulsion de Luanda lAssociation des pays africains producteurs de diamants (ADPA, selon le sigle anglais), officiellement lance en novembre 2006. Le prsident angolais Jos Eduardo dos Santos avait soulign cette occasion le rle essentiel que devrait jouer lavenir cette association dont les pays membres reprsentent prs de 65 % de la production mondiale de pierres brutes, dans la surveillance du march des diamants.
Lobjectif est dviter que le diamant ne soit utilis pour soutenir financirement les conflits sur le continent et de protger les prix de production. Lassociation prvoit notamment de runir les pays producteurs et les grandes socits de la branche dans un forum spcifique de concertation, afin de cooprer de faon permanente, dans lespoir de garantir une croissance durable du continent. LADPA compte 16 pays Afrique du Sud, Algrie, Angola, Botswana, Congo-Brazzaville, Cte-dIvoire, Ghana, Guine, Liberia, Mali, Mauritanie, Namibie, Rpublique centrafricaine, Rpublique dmocratique du Congo, Tanzanie, Zimbabwe et se rfre au processus de Kimberley.
Les producteurs africains rclament aussi de pouvoir transformer les diamants chez eux et non seulement dexporter les pierres brutes. Des responsables angolais, qui ont particip en octobre 2007 une runion internationale sur les diamants en Belgique, ont soulign la ncessit de ne pas se limiter la production de diamants bruts, mais aussi sa transformation, travers la coupe et la taille de ces pierres prcieuses, sans que cela naffecte les accords conclus pour leur commercialisation.

Marie Joannidis

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