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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

16/01/2008
Economie mondiale : les pauvres peuvent-ils aider les riches?

(MFI) Demandeurs daide publique au dveloppement, les pays pauvres, tirs vers le haut par les puissances mergentes comme la Chine, lInde, le Brsil ou mme lAfrique du Sud, commencent pourtant avoir un impact positif sur la croissance de lconomie mondiale, mise mal par la flambe des cours des matires premires en commenant par le ptrole.

Cest la Banque mondiale qui le dit : le dynamisme des conomies en dveloppement attnue les effets du ralentissement de lactivit actuellement observ aux Etats-Unis, locomotive des pays riches. La croissance du produit intrieur brut (PIB) rel de ces pays devrait en effet slever 7,1 % en 2008, contre peine 2,2 % dans les pays revenu lev, selon la Banque qui value 3,3 % la croissance mondiale dans ses dernires Perspectives pour lconomie mondiale 2008.
La reconnaissance du dynamisme des pays en dveloppement, qui rclament une participation plus grande dans la gestion des affaires du monde, fait lentement son chemin. Ainsi les partenaires de la France au sein du G8, qui regroupe les pays les plus industrialiss, nont pas encore vraiment endoss la proposition du prsident Nicolas Sarkozy qui a ritr, dbut janvier 2008, sa volont de tout mettre en oeuvre pour que le G8 devienne progressivement un G13 en intgrant les grands pays mergents. De mme, les discussions sont toujours au point mort en ce qui concerne llargissement du Conseil de scurit de lOnu, galement prn par Nicolas Sarkozy, qui estime quil nest pas raisonnable que des continents entiers et en plein essor soient carts des responsabilits qui leur reviennent dans la gouvernance mondiale .

La demande dimportations dans les pays en dveloppement soutient la croissance mondiale

Dans leur rapport, les experts de la Banque mondiale ont numr les risques menaant un atterrissage en douceur de lconomie mondiale: Laffaiblissement du dollar, le spectre dune rcession aux tats-Unis et la volatilit croissante des marchs financiers. Selon eux, les turbulences persisteront sur le march du crdit international jusque vers la fin de 2008 . Les banques devraient toutefois pouvoir en supporter le cot , pensent-ils, et leurs retombes sur la consommation, premier moteur de lconomie amricaine, resteront limites . La zone euro devrait aussi souffrir de cet environnement : la croissance devrait y perdre plus dun demi-point de pourcentage, 2,1 % en 2008, avant de rebondir 2,4 % en 2009. Et le Japon devrait passer sous la barre des 2 %, avec une croissance de 1,8 % en 2008, avant 2,1 % en 2009.
Au plan commercial, la forte demande dimportations dans les pays en dveloppement aide soutenir la croissance mondiale. Par consquent, comme le dollar est bas, les exportations amricaines sont en plein essor, ce qui contribue rsorber le dficit courant des tats-Unis et attnuer les dsquilibres mondiaux , estime Hans Timmer, co-auteur du nouveau rapport de la Banque mondiale.
Pour les experts, la croissance robuste enregistre rcemment par les pays en dveloppement explique en partie le niveau lev des prix des produits de base, plus particulirement du ptrole, des mtaux et des minerais. Cette volution a profit de nombreux exportateurs de ces produits, do la forte progression de la demande dans certains pays relativement plus pauvres. Ils mettent cependant en garde contre les hausses des prix des crales, en partie due laccroissement de la part de la production destine aux biocarburants, qui psent sur les revenus rels des pauvres en milieu urbain. Les auteurs du rapport estiment enfin que la gestion macroconomique plus prudente et les progrs techniques ont contribu accrotre la productivit globale et les revenus rels dans les pays en dveloppement au cours des quinze dernires annes, une tendance qui devrait aider rduire la pauvret durant la prochaine dcennie.
Selon eux, la croissance en Afrique subsaharienne devrait rester dynamique compare aux rsultats passs, et se maintenir, malgr le ralentissement de la demande aux tats-Unis et dans les pays de la zone euro. Au sud du Sahara, le PIB a continu de crotre un rythme rapide en 2007, plus de 5 % durant le premier semestre et un rythme qui devrait atteindre 6,1 % pour lensemble de lanne. Ce rsultat fait suite la performance de 2006 (5,7 %), rendue possible par les gains majeurs engrangs par les pays de la rgion exportateurs de ptrole et lAfrique du Sud.

Les dpenses dquipement ont considrablement augment

Les auteurs estiment aussi que la demande et les prix mondiaux des produits de base ont volu la hausse ces dernires annes, en particulier sous limpulsion de lconomie chinoise qui continue de crotre un rythme vigoureux. LAfrique subsaharienne est lune des rares rgions o loffre a fortement augment suite au renchrissement des prix du ptrole, et o la production de brut a progress de 14,3 % en 2004, de 7,6 % de plus en 2005, et de 8,1 % en 2006, si lon exclut le Nigeria, dont les installations de production ont t arrtes plusieurs reprises.
Les allgements de dette consentis ces dernires annes ont par ailleurs permis de librer des ressources budgtaires pour financer des programmes dinfrastructure et de protection sociale : une caractristique commune toutes les conomies est que les dpenses dquipement consacres aux secteurs des transports, des tlcommunications et de la construction ont considrablement augment.
En outre, de nombreuses zones touches par la scheresse affichent dsormais de meilleurs rsultats agricoles et une croissance plus vigoureuse, et le niveau lev des prix des produits de base non ptroliers depuis plusieurs annes a un impact sur les revenus qui stimule la consommation prive. Le PIB de lAfrique subsaharienne devrait ainsi continuer de crotre un rythme soutenu de plus de 6 % jusqu la fin de 2008, avant de revenir un taux de 5,8 % en 2009, une fois que les pays exportateurs de ptrole auront quelque peu rduit leur production pour sadapter lvolution de la situation internationale.

Marie Joannidis

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