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12/02/2008 | |||
LAfrique en plein rengociation minire | |||
(MFI) A lheure o le prix des minerais senvole, lAfrique entend mieux profiter de ses ressources en rengociant notamment les contrats qui la lie aux grandes compagnies occidentales, utilisant pour cela ses nouvelles relations avec la Chine et lInde, lafft de matires premires pour leurs conomies en expansion. | |||
La rengociation des contrats miniers a t au centre des discussions, dbut fvrier 2008, la fois au cours dune confrence internationale consacre au secteur minier (Mining INDABA) au Cap, en Afrique du Sud, et dun forum sur La maldiction des ressources et les obstacles la socit ouverte, organis par lOpen society Institute (OSI) du milliardaire George Soros au Sngal. Au cours de ce dernier dbat, des responsables du Revenue Watch Institute, une institution indpendante qui plaide pour une utilisation transparente des ressources issues des industries extractives, a invit les Etats africains rengocier si ncessaire les contrats qui les lient aux compagnies trangres en tenant compte de lintrt de leurs peuples. Le Revenue Watch Institute travaille avec la Banque mondiale et linitiative de transparence des industries extractives (EITI), qui avait t annonce par le Premier ministre britannique Tony Blair loccasion du sommet mondial sur le Dveloppement durable, Johannesburg, en septembre 2002. LEITI vise accrotre la transparence des revenus verss aux gouvernements, en mettant la disposition du public, de la communaut internationale et de la socit civile le rcapitulatif des versements effectus. La connaissance des revenus doit donner les moyens aux citoyens et aux institutions de rclamer des comptes et vise amliorer lenvironnement des affaires. Selon Revenue Watch, la Banque mondiale est en train de mettre en place un mcanisme pour aider les gouvernements se doter dexperts capables de les assister lors des ngociations de contrats avec les firmes occidentales ou asiatiques. Un brillant avenir dans le cuivre Outre les diamants, dont elle est le principal producteur, lAfrique possde un avenir trs prometteur en matire de cuivre, de fer et dautres minerais. Selon une tude rcente dexperts y compris du BRGM franais, les mines de cuivre du continent ont produit environ 775 kt de mtal en 2006, soit 5,2% de la production mondiale. Deux pays ont contribu pour 83% de ce total grce la Copperbelt centrafricaine : la Zambie (65,2%) et la Rpublique dmocratique du Congo (17,4%). Daprs une tude prvisionnelle, si tout va bien, le niveau de croissance de la production africaine de cuivre pourrait, dici 2012, dpasser celui des autres aires continentales, y compris lAsie et lAmrique du Sud. La part africaine passerait ainsi de 5,5% 9,2%, soit + 130%. Mais de graves problmes subsistent. Ainsi, une coalition internationale dorganisations non gouvernementales mene par la britannique Global Witness a estim, la confrence "Mining INDABA", que le processus dexamen des contrats miniers en RDC a t dtourn . Les ONG estiment que de nouveaux contrats sont en train dtre conclus en catimini, et ce malgr le fait que le processus dexamen nest pas termin et que la transparence requise nest toujours pas atteinte. Elles citent notamment la cession des droits relatifs deux concessions minires, qui appartenaient auparavant la Katanga Mining Company, deux entits chinoises, la Sinohydro Corporation et la China Railway Engineering Corporation dans le cadre du contrat de prt de 5 milliards de dollars accord par la banque chinoise Exim. Le silence du gouvernement congolais Les organisations demandent que le gouvernement de la RDC explique quand et de quelle manire cette dcision a t prise. Le silence du gouvernement congolais quant aux mesures quil a prises ou compte prendre afin de mettre en uvre les recommandations dune commission interministrielle cre pour passer en revue les contrats miniers ne fait quintensifier les proccupations des groupes de la socit civile. Les ONG appellent donc les pays donateurs et les institutions multilatrales soutenir publiquement un processus de rengociation ouvert et transparent. Il est grand temps que les gouvernements belge, canadien, amricain et britannique commencent dmontrer concrtement lintrt quils affirment porter la diminution de la pauvret et la bonne gouvernance en RDC, en menant leurs propres enqutes sur les contrats miniers conclus par les compagnies dpendant de leur juridiction , ajoutent-elles. Le cabinet daudit international Ernst & Young (France) a t charg, par la Banque mondiale et le Comit de pilotage de la rforme des entreprises publiques (COPIREP) du gouvernement de la RDC, de raliser une tude portant sur plusieurs contrats conclus entre la Gcamines et des parties trangres. Une commission ministrielle a t charge dexaminer des joint-ventures conclues dans le secteur minier pendant les priodes de guerre et de transition politique, passant plus de 60 contrats au crible mais le contenu de son rapport na pas encore t publi. Dautres pays comme la Zambie, lAfrique du Sud ou le Sngal affirment quant eux jouer la transparence, rejoint par dautres producteurs comme lAngola, connu jusqu prsent pour lopacit de ses comptes et ses rcentes relations troites avec Pkin. | |||
Marie Joannidis | |||
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