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26/02/2008 | |||
Rapport de lOCDE Les pays dvelopps peuvent faire de limmigration une force | |||
(MFI) Comment adapter les politiques dintgration des pays dvelopps pour mieux tirer les bnfices des comptences des populations immigres ? Comment, aussi, limiter dans les pays dorigine les effets nfastes de la fuite des cerveaux ? Avant de pouvoir rpondre ces questions, il faut disposer de donnes fiables ; cest pourquoi lOrganisation de coopration et de dveloppement conomique (OCDE) recueille et analyse les spcificits des phnomnes migratoires au sein de ses trente pays membres. Un travail dont le rsultat vient dtre publi sous le titre A Profile of Immigrant Populations in the 21st Century. | |||
Les pays dvelopps attirent toujours plus les ressortissants des pays pauvres en qute dune vie meilleure. Angel Gurra, secrtaire gnral de lOrganisation de coopration et de dveloppement conomique (OCDE), en tmoigne : Depuis les annes 1960, les migrations vers les pays de lOCDE ont tripl. Avec les fortes croissances dmographiques auxquelles vont tre confronts les pays mergents dans les annes venir, le constat nest pas prs de sinverser. Pour mieux apprhender ces arrives nombreuses, lOrganisation, qui rassemble trente pays dvelopps et dmocratiques, tudie les caractristiques conomiques, sociales de leurs populations immigres. Les donnes obtenues sont rpertories dans une publication intitule A Profile of Immigrant Populations in the 21st Century (Un Profil des Populations Immigres au 21e sicle, ndlr). Nous nous trouvons face deux dfis majeurs : attirer des immigrants dont les comptences correspondent nos besoins tout dabord, puis les intgrer au mieux dans nos conomies et nos socits , annonce Angel Gurra. Les situations des diffrents membres de lOCDE sont trs diverses et leurs rapports limmigration le sont galement. LEspagne, le Portugal ou lIrlande, qui taient historiquement des nations dmigration, accueillent dsormais de plus en plus dimmigrs. La France et lAllemagne, dont les conomies sappuient depuis longtemps sur limmigration, ont maintenant plutt du mal contrler ces flux. Enfin, le Danemark et la Sude accueillent surtout des rfugis, ce qui pose des problmes particuliers lis aux traumatismes vcus et des difficults linguistiques accrues. Des immigrs souvent surqualifis Si toutes ces situations diffrent, on peut tout de mme cerner quelques spcificits communes. La question de la surqualification en est une. Dans les pays dEurope mditerranenne et dEurope nordique, la part dactifs surqualifis pour leur poste est deux fois plus leve chez les immigrs que chez les autochtones , analyse Angel Gurra. Cest dautant plus dommage que les populations immigres reprsentent une vraie force vive pour leurs pays daccueil. En effet, les statistiques de lOCDE montrent quils ont en moyenne un niveau dducation suprieur celui des populations nes dans ces pays. Un quart des personnes nes ltranger ont suivi des tudes suprieures quand seulement un cinquime des autochtones ont fait de mme , renchrit le secrtaire gnral de lOCDE. Mais alors, pourquoi ne parvient-on pas exploiter ces comptences ? Le problme dans nos pays, cest quon ne reconnait pas assez les expriences acquises hors de nos frontires , explique John Martin, directeur charg de lEmploi, du travail et des affaires sociales au sein de lOCDE. Et dajouter : On constate galement une discrimination contre les immigrs, en particulier ceux qui viennent de certains pays ou ceux qui ont certains noms consonances marques. Une autre problmatique entre aussi en compte : la matrise de la langue des pays daccueil. Les pays investissent ingalement pour lapprentissage linguistique. La plupart ninvestit pas assez mais il y en a aussi qui investissent trop. Dans lidal, il faudrait que chaque immigrant puisse participer en moyenne 500 heures de cours , affirme John Martin. Les mfaits de la fuite des cerveaux La question de limmigration vers les pays dvelopps pose un autre problme : la fuite des cerveaux, qui handicape les pays dorigine des migrants. Le flau touche plus ou moins les Etats, selon Angel Gurra : Dans les grands pays mergents comme le Brsil, la Chine et lInde, moins de 5 % des populations hautement qualifies migrent. Au contraire, dans les petits pays comme la Jamaque, Hati, ou les les Fidji, ils sont plus de 40 % sen aller. Cela sexplique par le fait que les opportunits demploi haute qualification sont bien plus rares dans ces Etats. Les gens agissent de manire rationnelle. Quand ils ont loccasion de multiplier leur salaire en partant ltranger, ils y vont , constate Angel Gurra. Un secteur dactivit est tout particulirement touch : le domaine de la sant. Selon les chiffres de lOCDE, 11 % des infirmires et 18 % des mdecins exerant dans ses pays membres sont ns ltranger. LAfrique et les Carabes sont principalement affects. Dans certains cas, le taux dexpatriation des professionnels de la sant atteint 50 % , prcise le Secrtaire gnral. Cest dautant plus tragique que ces territoires ont justement un besoin vital de personnels mdicaux. On estime que ces pays auraient besoin deffectifs de sant huit fois plus fournis pour subvenir aux besoins de leurs populations , ajoute-t-il. John Martin conclut : Il est maintenant ncessaire de travailler en vue de mieux distribuer les bnfices de limmigration entre les pays dorigine et les pays daccueil. Populations in the 21st Century Data from OECD countries, fvrier 2008, 35 euros En savoir plus : www.ocde.org | |||
Jean-Philippe Chognot | |||
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