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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

04/03/2008
LAfrique se mobilise pour la bataille de leau

(MFI) LAfrique a dcid de se mobiliser en 2008 pour gagner la bataille de laccs leau qui, avec lassainissement, est lun des objectifs du Millnaire pour le dveloppement lancs en 2000 et destins de rduire de moiti la pauvret dans le monde dici 2015. Plusieurs rencontres autour de ces thmes ont lieu en ce mois de mars 2008.

Aprs le congrs de lAssociation africaine de leau (AAE) qui sest tenu du 25 au 28 fvrier Cotonou, au Bnin, cest un salon international de leau et de lassainissement qui se tiendra Dakar du 20 au 24 mars 2008, un vnement destin mettre en relation les oprateurs conomiques, les industriels, les dcideurs institutionnels et les politiques, les organisations internationales, les ONG et les groupes de base. Quelques jours plus tard, du 26 au 28 mars, le Conseil des ministres africains de leau (AMCOW) et la Banque africaine de dveloppement (BAD) organisent, Tunis, la premire Semaine africaine de leau place sous le thme Acclrer la scurit de leau pour le dveloppement socio-conomique de lAfrique. Des rendez-vous rgionaux sont galement pris.

Une denre naturelle trs inquitablement partage

A Cotonou, les participants ont mis laccent sur le partenariat et la bonne gouvernance afin datteindre les objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) en matire deau et dassainissement. Mamadou Dia, prsident de lAAE, insiste sur les efforts faire pour que leau propre soit plus quitablement partage : Le 4me Forum mondial de leau qui sest droul en mars 2006 Mexico est venu nous rappeler un fait que nous redoutions dj : les ressources en eau sur la plante sont de plus en plus rares et pourtant, cette denre naturelle indispensable la vie est lune des moins quitablement partage. Dici 2025, a-t-il ajout, la population mondiale augmentera de 1,5 milliard dhabitants, atteignant ainsi 8 milliards dmes, et environ 3 milliards de personnes vivront dans des rgions o elles disposeront de moins de 1 700 m3 deau par an. Pour lui, le dveloppement humain est illusoire sans une matrise des processus visant garantir ces services de base un plus grand nombre dAfricains.
Les participants au congrs ont mis laccent sur la coopration entre secteurs public et priv, destine amliorer les services de base, dans un contexte marqu par la prsence de contraintes comme la pauvret et la dgradation de lenvironnement qui affectent les perspectives de dveloppement des villes africaines o sagglutinent de plus en plus dhabitants. Ils ont aussi estim que de grandes rformes institutionnelles concernant leau et lassainissement sont ncessaires pour raliser lautonomie financire des entreprises concernes et attirer les capacits techniques et les financements du secteur priv et, enfin, invit la participation de tous les acteurs, consommateurs, planificateurs et dcideurs.

Favoriser la scurit de leau

Autre vnement marquant, la runion de Tunis met laccent sur la scurit de leau, cest--dire la capacit de fournir un approvisionnement en eau suffisant et durable, en quantit et en qualit, pour couvrir tous les usages et pour protger la socit et lenvironnement dventuels dsastres dorigine hydrique. Cette initiative se place dans le cadre de la Dclaration de Syrte, adopte en Libye par les chefs dEtat et de gouvernement africains en 2004, et qui affirme que leau constitue une priorit mritant des investissements denvergure en infrastructures de toutes sortes : rservoirs, quipements dirrigation et amnagements hydrolectriques.
LAfrique en gnral et les pays sahliens en particulier ressentent le plus durement cette crise de leau et sont confronts dimportants dficits dus une pluviomtrie de plus en plus faible, la baisse du niveau des ressources hydrauliques et la faible utilisation des techniques dvacuation des eaux uses.
Selon une tude de lOrganisation mondiale de la sant (OMS), prs de 18 milliards de dollars annuels seront ncessaires pour rduire de moiti dici 2015 le pourcentage de la population qui na pas accs de faon durable un approvisionnement en eau salubre et un assainissement de base. LOMS estime le total des fonds ncessaires dans les pays en dveloppement pour la ralisation de cet objectif 42 milliards de dollars pour leau et 142 milliards pour lassainissement. Le maintien des services existants ncessite 322 milliards supplmentaires pour lapprovisionnement en eau et 216 milliards pour lassainissement, soit 54 milliards par an, affirme lagence des Nations unies.

Mettre en valeur les ressources en eau du bassin du Niger

Les bailleurs de fonds, notamment europens, ont reconnu limportance de lenjeu et consacrent dsormais une aide importante au secteur de leau, sans toutefois atteindre ces montants. La Banque mondiale sy est aussi mise. Elle a approuv un financement de 500 millions de dollars consacr la gestion des cosystmes et la mise en valeur des ressources en eau du bassin du Niger, lun des programmes de gestion des eaux les plus ambitieux jamais engags. La premire phase prvoit des oprations au Bnin, en Guine, au Mali, au Niger et au Nigeria. Dans une seconde phase, le programme sera tendu au Burkina Faso, au Cameroun, la Cte dIvoire et au Tchad.
Le programme doit appuyer la remise en tat des infrastructures hydrauliques rgionales, dont deux barrages existants ; il financera en outre les oprations visant amliorer la gestion des cosystmes, notamment le contrle de lrosion, lagroforesterie et la restauration des bassins versants ainsi que des petites infrastructures hydrauliques qui fournissent un revenu consquent aux populations rurales pauvres. Il vise aussi renforcer la capacit de lAutorit du bassin du Niger (ABN), base Niamey, pour que cet organisme rgional soit en mesure de mieux planifier et coordonner les activits entre les pays participants.
Le Niger, troisime fleuve africain par sa longueur, sillonne lAfrique de lOuest, et conditionne la vie et la subsistance de quelque 110 millions de personnes dans neuf pays. Mais cette immense ressource est mise rude preuve. La dgradation des cosystmes du bassin fluvial est gnralise, les sdiments limitent la navigation, la pche et la production dlectricit. Seuls 20 % des terres agricoles disponibles sont irrigues. Lhydrolectricit est sous-exploite. De plus, sous leffet de la croissance dmographique au long des 4 200 kilomtres du fleuve, la pauvret atteint des niveaux critiques.

Marie Joannidis

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