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11/03/2008 | |||
Organisation de la confrence islamique L'Afrique l'heure de l'Islam | |||
(MFI) Le 11e sommet de l'Organisation de la confrence islamique, qui se tient les 13 et 14 mars Dakar, devrait donner un nouvel lan la solidarit entre riches et pauvres, notamment africains, et se pencher sur l'avenir de l'Islam dans un monde marqu par la peur du terrorisme souvent identifi l'intgrisme musulman. | |||
L'Organisation de la confrence islamique (OCI), deuxime organisation multilatrale aprs lONU, compte cinquante-sept pays-membres parmi les plus nantis et les plus dshrits de la plante - dont vingt-sept africains. Cette forte prsence africaine existe depuis la cration de l'Organisation en septembre 1969 l'initiative de l'Arabie saoudite. L'Islam en Afrique, qui avait connu plusieurs priodes d'expansion y compris aprs les indpendances, est toujours florissant travers le continent. Mais il se caractrise la fois par une radicalisation religieuse ou politique et par une banalisation conomique. Ainsi les pays sahliens sont directement touchs par l'intgrisme musulman qui oscille dans plusieurs pays entre terrorisme et banditisme. Pour de grands pays comme le Soudan ou le Nigeria, qui connaissent la violence entre Musulmans et Chrtiens, les enjeux sont la fois le pouvoir politique et la mainmise sur les richesses naturelles, notamment le ptrole. En Somalie, toujours la recherche de la reconstitution d'un Etat, les Tribunaux islamiques ont voulu restaurer leur ordre contre les chefs de guerre qui se disputaient le pouvoir, avant d'tre repousss par l'intervention arme de l'Ethiopie avec la bndiction des Etats-Unis. Ailleurs, une certaine radicalisation religieuse favorise par les ptrodollars de l'Arabie saoudite cherche encore implanter le wahhabisme et mettre mal l'Islam tolrant que connat le continent et ramener les fidles vers les imams dans les mosques plutt que vers les marabouts qui mlangent volontiers religion et croyances traditionnelles. Se moderniser tout en restant fidle ses objectifs En mme temps, l'Afrique subsaharienne, souvent due par les promesses non tenues des riches Arabes, peut compter sur de nouveaux partenaires comme la Chine, l'Inde ou le Brsil, venus s'ajouter aux donateurs occidentaux. Tout est bon prendre mais nous avons compris la leon , souligne un responsable francophone qui s'inquite toutefois des vellits d'imposer la charia (loi islamique) dans des pays qui ont souvent des constitutions laques. Nous sortons peine de nombreux conflits civils comme celui entre le nord et le sud Soudan. Alors il ne faudrait pas en favoriser d'autres , ajoute-t-il. L'OCI du 21 sicle affirme vouloir se moderniser tout en restant fidle ses objectifs : gestion des conflits et libration de la Palestine travers le rglement du conflit isralo-palestinien, rle de la socit civile, relations entre lOCI et les autres organisations internationales, coopration conomique et mise en place, terme, dune cour de justice islamique. Tous ces points font partie des grandes lignes du projet de rvision de la Charte de lOCI, en vigueur depuis 1972 et qui est l'ordre du jour depuis 2005. Selon des responsables de l'OCI, les raisons de ce retard sont la fois techniques et politiques : augmentation du nombre des pays membres mais aussi des situations difficiles que traverse le monde musulman. LOrganisation s'tait voulue une rponse religieuse travers l'Islam au clivage communisme / capitalisme. Elle veut aujourd'hui rpondre aux dfis de la mondialisation, soulignent plusieurs experts. Selon eux, le moment est venu de relancer une nouvelle solidarit conomique qui aille au-del de la coopration entre Etats. Ainsi, les Sngalais mais aussi d'autres Africains comptent beaucoup sur le Fonds de solidarit islamique pour le dveloppement (FSID), cr l'initiative des Saoudiens. Ce fonds a t lanc en mai 2007 Dakar lors d'une runion annuelle des gouverneurs de la Banque islamique de dveloppement (BID), bras financier de l'OCI, et doit tre dot terme de 10 milliards de dollars, avec comme principaux donateurs l'Arabie saoudite et le Kowet. Jusqu' prsent, seuls quelque 3 milliards de dollars ont t mobiliss dans l'attente de la mise en oeuvre du Fonds, qui doit tre voque par les chefs d'Etat Dakar. Abdulaye Wade, pour une nouvelle solidarit islamique Lors d'une runion prparatoire du sommet en fvrier, le prsident sngalais Abdulaye Wade avait estim que Dakar devait marquer un tournant dans l'histoire de l'OCI et permettre de redfinir les contours d'une nouvelle solidarit islamique travers une nouvelle coopration conomique entre pays membres Avant le sommet, les organisations humanitaires des pays membres de l'OCI ont d'ailleurs demand l'organisation de mettre en pratique les principes de la solidarit musulmane. De son ct, le Secrtaire gnral de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a invit les Etats-Unis et la communaut internationale poursuivre les efforts de mdiation impartiale pour la reprise de ngociations politiques srieuses en vue de mettre fin au conflit entre le monde arabe et Isral. Depuis le lancement, en 1991 Madrid, du processus de paix isralo-palestinien, l'OCI a toujours apport son soutien total aux efforts de la communaut internationale pour une paix globale et juste au Moyen-Orient, en conformit avec les dcisions des Nations unies, mme si les responsables de l'OCI estiment qu'Isral n'a jusqu' prsent montr aucun signe srieux allant dans le sens du renforcement de ce processus de paix. Sur le plan conomique, certains responsables de l'OCI estiment que les programmes de financement de la Banque islamique de dveloppement (BID) sont sous-utiliss par les Africains qui souvent, n'ont pas de projets concrets. Ce que ces derniers rfutent, tout en s'engageant se prendre en charge pour que leur continent profite de la priorit qui lui est accorde dans le prochain plan quinquennal de la BID. Selon les derniers chiffres du Comit d'aide au dveloppement (CAD) de l'OCDE, qui ne publie que les chiffres qui lui sont fournis, le Koweit, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont une longue tradition d'aide bilatrale. Son dernier rapport indique que le Koweit a fourni en 2006 une assistance financire et technique de 158 millions de dollars en APD, dont 60 % l'Afrique et 33 % des pays asiatiques. L'aide saoudienne s'est leve deux milliards de dollars essentiellement pour des pays arabes, et les Emirats ont fourni 249 millions de dollars, dont la moiti l'Afrique au nord du Sahara et 34 % des pays asiatiques. | |||
Marie Joannidis | |||
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