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18/03/2008 | |||
Manuvres montaires limites en Afrique de lOuest | |||
(MFI) La forte progression de leuro par rapport au dollar pnalise non seulement les exportations europennes mais aussi celles des pays africains membres de la Zone franc, en particulier les non-producteurs de ptrole. Mais ni une dvaluation du franc CFA, li leuro par une parit fixe, ni un dcrochage de la Zone franc ne semblent tre lordre du jour, malgr certaines voix qui sen font lcho. | |||
Le prsident de lAssemble nationale de Cte dIvoire, Mamadou Koulibaly, estime que le franc CFA survalu appauvrit lAfrique et lempche de grer au mieux ses intrts. Certains conomistes africains prconisent mme un dcrochage au profit dune monnaie africaine qui reposerait sur les matires premires dont regorge le continent comme le caf, le coton, lor et le ptrole. Ces dclarations concident avec lannonce de la mise en circulation, la fin de 2009, dune monnaie commune, lECO, pour cinq pays de lAfrique de lOuest non-membres de la Zone franc : le Nigeria, le Ghana, la Sierra Leone, la Gambie et la Guine. Le directeur des oprations de lInstitut montaire de lAfrique de lOuest (IMAO), Odiaka Chris Okolie, a prcis que de nombreux succs ont t enregistrs dans le domaine de lharmonisation politique des normes de chques, des lois sur les systmes de paiement, des intgrations du secteur financier et de la convertibilit de la monnaie . LECO entre dans le cadre du projet de cration dune monnaie unique commune aux 15 pays membres de la Communaut conomique des Etats de lAfrique de lOuest (Cdeao). Elle devrait faciliter le paiement transfrontalier des transferts de fonds et permettre de mettre en place le systme de paiement unique. Ce projet est toutefois jug irralisable par certains experts internationaux qui ne voient pas comment les pays de la Zone franc, mme membres de la Cdeao, pourraient avoir deux monnaies. Cest un phantasme. Il ny a aucune possibilit de le faire , souligne lun deux. Il estime toutefois quil pourrait y avoir un accord. On pourrait imaginer que les pays non-membres de la Zone franc et membres de la Cdeao adoptent une monnaie commune et que, ensuite, il y ait une relation entre cette monnaie et le franc CFA. Tout cela est construire et le chemin parat extrmement long , ajoute-t-il. Pas daffolement, pas de pression Pour ces experts, un euro si fort peut inciter certains pays vouloir dcrocher de la Zone franc car il gnre de manire gnrale un manque de comptitivit croissante. Mais ils nobservent pas de fuite de capitaux, pas daffolement, pas dattente dune dvaluation. Ils reconnaissent toutefois que si le niveau de la parit fait souffrir un certain nombre de secteurs comme celui du coton, linverse, celui-ci est une protection contre les cours levs du ptrole pour les pays importateurs de brut. En fait, leurs yeux, la situation a ses avantages et ses inconvnients et il convient dy rflchir tout en prenant des mesures dajustement en termes rels, comme de meilleures rmunrations et de meilleures performances. Un dcrochage complet de la Zone franc ou un nouveau rgime de change (avec paliers par exemple) exige des discussions politiques que personne ne semble encore prt entamer. Dautant plus que lensemble des pays africains connaissent une assez bonne croissance conomique et quil ny a pas de pression, comme celle qui existait au dbut des annes 1990 et a abouti en 1994 la dvaluation du franc CFA garanti par le Trsor franais. Mais les facteurs structurels qui affectent diffremment les pays de la Zone franc dAfrique de lOuest (pnalise par les difficults en Cte dIvoire), et ceux dAfrique centrale qui connat un boom ptrolier, pourrait peut-tre un jour donner naissance deux francs CFA ayant une parit diffrente par rapport leuro, la monnaie commune europenne. Poursuivre les rformes structurelles Lors de la dernire runion de la Zone franc en octobre 2007 Paris, les ministres africains et franais des Finances ont constat que la croissance restait encore insuffisante pour atteindre les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement. Ils ont cependant estim que la croissance devrait sacclrer en 2008, sengageant poursuivre les rformes structurelles ncessaires llvation du potentiel de croissance de la Zone, lassainissement des finances publiques et la matrise de linflation. Ce point de vue est partag par le directeur gnral du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Au cours dune confrence lOCDE en mars 2008, il a reconnu que la pauvret en Afrique reste endmique et les ingalits fortes malgr une croissance qui dans certains pays na pas t aussi forte depuis trente ans. Il faut faire de la situation africaine un bilan contrast parce que les pays africains, notamment en Afrique de lOuest, ont bnfici dune croissance ingale depuis une trentaine dannes, avec, depuis plusieurs annes, une croissance annuelle de 5-6 % , a soulign Dominique Strauss-Kahn, citant toutefois le Nigeria, avec une croissance annuelle de lordre de 9 % par an ou le Ghana. Dun autre ct, la situation continue dtre dramatique dans dautres pays notamment cause du prix des matires premires et lalimentation , a-t-il dit. Face aux turbulences financires mondiales qui se font jour, le FMI a rvis lgrement en baisse ses perspectives de croissance mme si les pays mergents et en dveloppement devraient tre moins pnaliss que les plus riches. | |||
Marie Joannidis | |||
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