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29/04/2008 | |||
Cnuced XII : encourager le commerce Sud-Sud et repenser la dette | |||
(MFI) La douzime Confrence des Nations unies sur le commerce et le dveloppement (Cnuced), qui sest runie fin avril 2008 au Ghana, dans un contexte de turbulences conomiques et financires mondiales, a mis laccent sur limportance du dveloppement du commerce Sud-Sud pour mieux lutter contre la pauvret et insist sur la ncessit de repenser la dette et de revoir son calcul. | |||
Tous les quatre ans, la Cnuced, seule organisation des Nations unies traiter de manire intgre les questions de dveloppement, runit tout ce que la plante compte dacteurs impliqus dans le dveloppement. Cette fois, fin avril Accra, plusieurs personnalits, notamment maints chefs dEtat et de gouvernement dont le Brsilien Luiz I. Lula da Silva, en sa qualit dhte de la Cnuced prcdente, et son homologue ghanen, John Kufuor, le secrtaire gnral de lOnu, Ban ki-Moon, des reprsentants dorganisations internationales et non gouvernementales, du monde universitaire et du secteur priv se sont penchs sur les Perspectives et enjeux de la mondialisation pour le dveloppement, thme de cette 12 dition. Le secrtaire gnral de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi, a soulign que le monde sest profondment transform conomiquement, socialement, politiquement et mme physiquement du fait des changements climatiques. Il sest montr partag entre un certain optimisme, concernant ceux des pays en dveloppement qui ont su profiter de lenvole des prix des produits de base, et la crainte dune ventuelle rcession dans les pays du Sud. En effet, a-t-il estim, la croissance conomique na pas entran une rduction de la pauvret ou une rpartition plus quitable du revenu. Ainsi, de nombreuses rgions dAfrique restent confrontes une pauvret grandissante ou connaissent une croissance non gnratrice demplois. Le continent dans son ensemble a compt pour peine 2,7 % des exportations mondiales en 2006, ce niveau tant nettement infrieur celui quil connaissait en 1980. Le "Sud dynamique", vritable locomotive Cependant, le commerce et linvestissement Sud-Sud ont virtuellement explos. La nouvelle vague de la mondialisation a abouti une meilleure rpartition des bnfices. Le produit intrieur brut (PIB) par habitant dans ces pays est pass de 810 dollars en 1980 1 621 dollars en 2006. La pauvret a sensiblement recul, en particulier en Asie mais aussi en Afrique, o la croissance du PIB moyen, lexception du Nigeria et de lAfrique du Sud, a t estime lan dernier 7 %. Avec des pays comme la Chine, le Brsil et lInde, le "Sud dynamique" a t la locomotive de la progression des changes Sud-Sud, passs de 577 milliards de dollars en 1995 plus de 2 000 milliards en 2006. La mme anne, les changes Sud-Sud reprsentaient 17 % du commerce mondial et 46 % du commerce total des marchandises des pays en dveloppement. LAfrique est sans conteste le continent qui a enregistr la plus forte augmentation de ses exportations vers les autres pays du Sud, celles-ci ayant tripl entre 1995 et 2005. Dans le domaine des services, les exportations Sud-Sud reprsentent dsormais plus de 10 % des exportations mondiales des services alors que les sorties dinvestissements trangers directs (IED) en provenance des pays en dveloppement et des pays conomie de transition sont passes de 65 milliards de dollars dans les annes quatre-vingt-dix 193 milliards en 2006, reprsentant 16 % du total mondial. Supachai Panitchpakdi a toutefois rappel que le commerce du Sud est conditionn par les rseaux de production du Nord. Le Nord, a-t-il soulign, restera le march le plus important pendant encore trs longtemps. Calculer la viabilit de la dette en tenant compte de lendettement intrieur Autre sujet de proccupation, surtout pour les pays pauvres : la gestion de la dette. Les participants la confrence ont estim que les programmes tels que lInitiative en faveur des pays pauvres trs endetts (PPTE) et lInitiative dallgement de la dette multilatrale, souvent dcris pour leur lenteur et leur lourdeur, ne suffiront pas prvenir une crise de la dette dans un contexte de ralentissement conomique. Seul le calcul de sa viabilit vitera aux pays de connatre une crise comme celle qui avait secou les pays dAsie du Sud-Est en 1997. En 2006, la dette extrieure des pays en dveloppement a diminu en pourcentage de leur produit national brut, passant de 29 25 %. Dun autre ct, un certain nombre de pays en dveloppement et en transition continuent dafficher dimportants dficits de leurs comptes courants et une monnaie survalue. Cette viabilit de la dette dpend surtout, selon les experts la fois du degr de responsabilit des cranciers et des dbiteurs, de la bonne gouvernance, de politiques macroconomiques saines et de labsence de corruption. Mais son calcul devrait selon eux prendre en compte autant la dette extrieure que lendettement intrieur, qui occupe une place de plus en plus grande sur les ardoises des pays dbiteurs. Un responsable allemand a ainsi appel la Cnuced se pencher sur le rle des fonds spculatifs dans les crises de la dette et sur limpact de laide publique au dveloppement sur sa viabilit, afin dviter linstabilit. Le reprsentant de la Norvge, principal financier des tudes menes par la Cnuced sur cette question et des efforts dploys par la Banque mondiale pour renforcer le cadre juridique et politique des questions de lendettement, a insist sur lassistance technique, estimant que la responsabilit et les programmes dallgement de la dette ne suffiront pas viter une nouvelle crise si on ne renforce pas, par lassistance technique, les capacits de gestion de cette dette par les pays en dveloppement. | |||
Marie Joannidis | |||
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