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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

06/05/2008
Crise alimentaire mondiale (1)
Une mine dor pour les producteurs dengrais


(MFI) La hausse spectaculaire des denres alimentaires travers le monde a non seulement suscit un engouement gnral pour le dveloppement agricole court et moyen termes, en Afrique et ailleurs, mais constitue aussi une nouvelle mine dor pour les producteurs dengrais qui se frottent les mains.



Selon plusieurs experts, la pnurie de loffre alimentaire se traduit par la multiplication des bnfices des socits qui contrlent le march mondial des engrais, quelles soient nord-amricaines, europennes, asiatiques ou latino-amricaines. Le plus grand fabricant mondial de potasse, le canadien Potash Corp, a enregistr plus dun milliard de dollars de bnfices en 2007, soit une augmentation de plus de 70 % par rapport 2006. La socit norvgienne Yara a atteint 44 % daugmentation, largement dpasse par la chinoise Sinochem avec 95 % et lamricaine Mosaic avec 141 %.
Partout, y compris en Europe, notamment en France, on envisage de replanter les terres en jachre pour rpondre cette nouvelle demande du march, malgr les appels la vigilance face aux dangers que font courir les engrais chimiques et autres pesticides, comparativement aux intrants organiques qui, eux, protgent le dveloppement durable de la plante.

Passer de 8 50 kg dengrais par hectare et par an

Dbut mai, le prsident du Groupe de la Banque africaine de dveloppement (BAD), Donald Kaberuka, a dcid la mobilisation dune enveloppe de 1 milliard de dollars supplmentaires afin de faire face la crise alimentaire qui frappe plusieurs pays africains. Cela porte 4,8 milliards de dollars le portefeuille agricole de linstitution financire africaine. En outre, indique un communiqu publi cette occasion, dans le cadre de son plan daction court terme, la BAD restructurera son portefeuille en vue de dgager environ 250 millions de dollars sous forme de dcaissements rapides, pour lachat des intrants et des engrais requis au cours des douze prochains mois .
Donald Kaberuka a aussi exhort les pays exportateurs de crales ne pas suspendre leurs exportations de riz et de bl cause des risques dramatiques auxquels ces entraves au libre jeu du march exposeront prs de 150 millions de personnes vivant dans les Etats fragiles, et particulirement les malades et les vieilles personnes . Le prsident de la BAD estime que la crise alimentaire actuelle requiert des rponses court et long termes, dont lune est le dveloppement de lutilisation des engrais. Le Conseil des gouverneurs de la Banque a dailleurs rcemment autoris linstitution abriter le fonds fiduciaire du Mcanisme africain pour les engrais, destin mobiliser les ressources des donateurs pour financer la production, la distribution, lacquisition et lutilisation dengrais en Afrique. Ce mandat a t confi la BAD ds le Sommet de la Rvolution verte africaine , tenu en juin 2006 Abuja (Nigeria) et qui a reconnu limportance stratgique des engrais pour la ralisation de cette rvolution verte, destine liminer la faim sur le continent. Le Mcanisme prvoit daugmenter lutilisation des engrais dune moyenne actuelle de 8 kg par hectare et par an une moyenne dau moins 50 kg par hectare en 2015. En Asie et en Amrique latine, cette moyenne annuelle est de 140 kg.
Dans le mme ordre dides, Donald Kaberuka a rappel que le dveloppement des infrastructures (routes, ponts) est vital pour lensemble de lconomie et plus particulirement pour la rsolution de la crise, car, les pertes post-rcoltes atteignent en Afrique 40 %, alors mme quune rduction de 10 % de ces pertes suffirait dgager 5 millions de tonnes supplmentaires de crales.

Restaurer des sols puiss

sur le Programme global de dveloppement de lagriculture africaine comme cadre pour relancer la croissance agricole, la scurit alimentaire et le dveloppement rural, avec un objectif de croissance de la production agricole fix 6 % par an, qui nest toujours pas atteint.
Les paysans africains sont confronts de multiples contraintes dont la faible productivit des sols, la difficult daccs aux nouvelles technologies agricoles et des marchs restreints. Sans des intrants en quantit suffisante et de la qualit requise, les paysans sont souvent dans limpossibilit de satisfaire les besoins alimentaires de leurs familles, sans parler de ceux dune population en rapide croissance. Les paysans, avaient estim en 2006 les dirigeants africains, doivent passer des pratiques agricoles extensives faible rendement des pratiques plus intensives haut rendement, avec une plus forte utilisation des semences amliores, des engrais et de lirrigation.
Pour les experts toutefois, tout effort visant rduire la faim doit dabord passer par la restauration de sols puiss, une situation imputable aux rcoltes frquentes, lrosion olienne et au lessivage. Pour certains dentre eux, le continent perd en effet lquivalent de plus de 4 milliards de dollars en lments nutritifs chaque anne, un phnomne qui mine la capacit du continent se nourrir. Les dirigeants africains ont prconis la promotion de la production locale et rgionale dengrais et le dveloppement du commerce intra rgional afin de bnficier dun march plus vaste et dconomies dchelle grce des mesures appropries telles que les incitations fiscales et le dveloppement des infrastructures.
La crise actuelle a suscit de nombreuses polmiques en Afrique mme et le prsident sngalais Abdoulaye Wade a mme prconis labolition de la FAO, quil juge inefficace et obsolte. Le Secrtaire gnral de lOnu Ban ki-Moon a cependant tenu dfendre le rle de lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture dans la promotion de la production alimentaire et lamlioration de la productivit agricole comme dans lassistance lors des pnuries. Compte-tenu de la gravit de la situation, je comprends les frustrations de nombreux dirigeants africains, dont le prsident Wade du Sngal, en particulier dans les pays les moins dvelopps. Ces jours-ci jai travaill en trs troite coopration avec le directeur de la FAO sur les rponses court, moyen et long termes cette crise, et je serai moi-mme prsent au Sommet de la FAO la mi-juin , a-t-il ajout.
Le Secrtaire gnral a prcis quil enverrait ses propres cartons dinvitation tous les chefs dEtat et de gouvernement, ds que possible, afin quils se runissent Rome pour laborer une stratgie . Il faut des actions immdiates pour fournir des graines, des engrais et dautres intrants aux agriculteurs les plus modestes, dans le monde entier , a-t-il dit, estimant que la crise ne surgit pas du nant mais quelle est le rsultat dune dcennie de politiques du dveloppement inefficaces et de ngligence .

Marie Joannidis

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