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06/05/2008 | |||
Crise alimentaire mondiale (2) OGM : loffensive et la controverse touchent aussi lAfrique | |||
(MFI) Face la hausse des denres alimentaires, les multinationales agroalimentaires, y compris celles qui produisent les organismes gntiquement modifis, les fameux OGM, se dfendent dentretenir linscurit alimentaire et affirment vouloir aider les agriculteurs, y compris en Afrique, produire davantage de crales sur une superficie toujours plus rduite. | |||
Le producteur numro un mondial des OGM, lamricain Monsanto, souligne par exemple quil rinvestit une partie de ses bnfices dans la recherche sur de nouvelles semences. Pour lui, cette productivit accrue librera des terres qui seront en mesure de rpondre la demande mondiale. Monsanto est lobjet de critiques rgulires, concernant son rle actif dans les annes 1970, au Vietnam notamment, pour lAgent orange, et plus rcemment pour la commercialisation dOGM agricoles, accuss par le mouvement anti-OGM de nuire lenvironnement et dtre nocifs pour la sant humaine. Il a aussi t attaqu pour avoir dvelopp une technologie dite terminator qui rend striles les graines de seconde gnration des semences OGM, et qui pourrait tre utilise pour limiter le piratage des semences brevetes, en particulier dans les pays qui ne respectent pas le principe de proprit intellectuelle. Le bienfait ou non des OGM, qui divise toujours la communaut internationale mais aussi les Africains, a fait lobjet dun rapport rendu public en avril 2008, labor par plus de 400 scientifiques qui ont prconis de profondes rformes pour un mieux-tre agricole. Cette tude recommande notamment que les gouvernements interdisent la consommation et la culture dOGM afin dviter la contamination et de prserver la diversit gntique. Ce rapport a t prpar dans le cadre de lEvaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du dveloppement (International Assessment of Agricultural Science and Technology for Development, IAASTD). Lance en 2002 par la Banque mondiale et lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) lors du Sommet mondial pour le dveloppement durable de Johannesburg, cette initiative sintresse aux sciences et technologies modernes mais aussi aux savoirs locaux et traditionnels, la productivit et limpact des activits agricoles sur lenvironnement. Elle est parraine par plusieurs agences des Nations unies, dont lUnesco. Les OGM sont entrs en Afrique par la petite porte En Afrique, les OGM sont arrivs par la petite porte , travers laide alimentaire ou la recherche, lexception notoire de pays comme lAfrique du Sud ou le Kenya. Cependant huit pays africains producteurs de coton (Bnin, Burkina Faso, Mali, Tchad, Cameroun, Cte dIvoire, Ghana et Togo), encourags par la Banque mondiale et lOMC, se sont engags crer un Centre rgional de biotechnologie, convenant quen plus des engrais, il y a lieu dintgrer la question des semences et le passage aux OGM. Parmi ces pays, le Burkina Faso avait lanc en 2003 des cultures exprimentales de coton transgnique avec le groupe Monsanto, trs prsent en Afrique du Sud, un pays qui a dj dimportantes filires de coton gntiquement modifi ainsi que du soja et du mas transgniques. La filire coton des pays africains est confronte une ralit conomique et sociale alarmante. Depuis dix ans, son prix de vente est infrieur son prix de revient, alors que le coton est un des produits phares de lexportation de plusieurs pays et que 20 millions de personnes en dpendent pour vivre. Subissant de plein fouet les subventions que lEurope et les Etats-Unis octroient leurs producteurs, les pays africains ne peuvent faire face cette concurrence. Par ailleurs, la fin de laccord Multifibres, qui a fortement libralis ce march, a renforc le phnomne de baisse des prix. Les OGM nont pas fait leurs preuves en Inde Mais lexprience OGM na pas t probante en Inde par exemple, selon des experts opposs aux cultures transgniques. Ce pays avait dcid, en 2002 dautoriser la culture de coton gntiquement modifi avec le groupe Monsanto. Trois ans plus tard, le gouvernement de lEtat dAndhra Pradesh interdisait trois varits de coton OGM, aprs avoir rclam en vain des indemnisations pour les pertes subies par de nombreux paysans. Le coton Bt de la firme sest en effet rvl tre un gouffre financier, avec des rendements infrieurs de 8 35 %, selon les annes, par rapport au coton traditionnel. Les revenus des agriculteurs ont baiss de 60 % et une partie de leurs sols sont devenus trop toxiques pour dautres cultures. En fait, pour les ONG comme Greenpeace qui sinquitent de lavenir de la plante, la satisfaction des besoins des communauts locales et la solution la prsente crise alimentaire doivent plutt passer par un rle accru des petits agriculteurs et linstauration de mthodes agro-cologiques, les savoirs traditionnels et locaux ayant un rle aussi important que la science officielle. Pour Jean Boutry, agriculteur, producteur de lait bio , membre de la Confdration paysanne qui soppose aux cultures OGM dans lOrne en Basse Normandie, les problmes sont partout les mmes : incertitudes concernant leur impact sur la sant, fait que les plantes transgniques absorbent ou crent des pesticides En matire dOGM, il sagit plutt de faciliter la tche des exploitants de grandes surfaces et damliorer la productivit plutt que damliorer les cultures ou leur rendement , explique-t-il. Il y a aussi le danger de la pollinisation et de la dissmination par le transport des graines transgniques , prcise-t-il. La cohabitation entre cultures OGM et non OGM est impossible, ajoute-t-il, soulignant quon ne peut pas mettre de barrire tanche entre les deux. | |||
Marie Joannidis | |||
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