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20/05/2008
Le riz en tat dbullition

(MFI) Survenue quelques mois aprs la hausse du bl, du mas ou du soja, lenvole du prix du riz a de quoi proccuper. Car en attisant les tensions sur le march mondial, elle a provoqu le repli de certains pays exportateurs en riz sur eux-mmes. Avec un risque fort pour la survie alimentaire des nations trs dpendantes de cette denre et peu productrices.

Comment expliquer la flambe du prix du riz ? Est-elle due une chute de loffre, des accidents climatiques, la spculation boursire ? Il ny a pas de baisse de production dans les pays exportateurs. Nous sommes encore surproducteurs en riz, explique Jean-Pierre Brun, lun des seuls courtiers de riz en France. Les accidents climatiques ne sont pas responsables de cette flambe car ils ont principalement touch la production de bl. Quant la spculation, elle a peu deffet puisque le riz schange surtout sur des marchs physiques et non la Bourse. Lenvole du prix du riz est donc mettre principalement, selon le courtier, lactif de la hausse de la demande : Comme on consomme beaucoup plus depuis quelques annes, les stocks samenuisent. Cette situation a dclench un phnomne de peur. En effet, certaines zones ont drastiquement limit leurs exportations, afin de garantir leurs stocks domestiques. Le Vietnam ou lInde ont arrt de vendre ltranger, provoquant des ractions en chane dsastreuses. Car plus loffre tait limite et plus les pays producteurs protgeaient leur march , souligne Jean-Pierre Brun.
Il existe de nombreuses varits de riz. 4 000 5 000 schangent sur le march mondial. Il ny a donc pas un prix unique de rfrence. Mais toutes ces varits expriment une tendance la hausse. Entre janvier et fin avril, le prix du riz thalandais est pass de 350 presque 1 000 $ la tonne, sexclame Jean-Pierre Brun. Il reflte le march, la Thalande tant le premier exportateur mondial en volume. Principales victimes de cette augmentation : lAsie et lAfrique. Dans lUnion europenne, la consommation de riz avoisine les 5 kilos par personne et par an. Au Nigeria, au Sngal ou en Afrique du Sud, elle est en moyenne de 70 80 kilos par an. En Inde, elle slve 150 kilos, souligne le courtier en riz. Les pays qui ont de largent peuvent acheter et subventionner le riz. Pour les autres, cest la famine certaine. Une situation qui oblige de nombreux pays revoir leur dpendance lgard du riz et miser sur le dveloppement de leur production.

Les gouvernements en action

A lissue du sommet Inde-Afrique qui sest droul du 4 au 8 avril dernier New Delhi, Madagascar a sign avec ce pays dAsie du Sud un contrat portant sur la livraison de 50 000 tonnes de riz. Cest une faveur accorde par le gouvernement indien la Grande le, a soulign le ministre malgache de lconomie, Ivohasina Razafimahefa, son retour du sommet, prcisant quil tait indispensable pour le pays de raliser au plus vite les objectifs de la rvolution verte. LInde a galement accept de fournir au Sngal 600 000 tonnes de riz par an, pendant six ans. En plus de cet accord, le gouvernement sngalais a annonc quil subventionnerait le riz import - au mme titre que la Tunisie - et a lanc un programme dautosuffisance en riz dans la valle du fleuve Sngal. Le choc rcent de la hausse des prix ma incit fixer lobjectif dtre autosuffisant dans six ans. Cest tout fait possible , a affirm Abdoulaye Wade, le prsident sngalais, au journal Libration. A Hati, o la crise est aigu, le prsident Ren Prval a annonc une baisse des prix et une relance de la production hatienne. De son ct, le gouvernement de Guine a initi un programme de financement de la production de riz qui sest traduit par limportation de tracteurs, dengrais et de semences amliores. Lexploitation des immenses ressources en eau et en terres cultivables favorables pour une riziculture intensive assurera la scurit alimentaire et favorisera la lutte contre la pauvret , a expliqu le ministre guinen de lAgriculture, Mahmoud Camara, dbut avril. LEgypte, pousse par une forte dmographie et des besoins alimentaires croissants, a, quant elle, interdit ses exportations le 1er avril et sest mise importer. Une mesure symbolique pour ce pays, le plus gros producteur de riz dans la rgion du Proche-Orient.
Aprs une lgre baisse des prix il y a quelques jours, la tendance la hausse se confirme. Les incidents en Birmanie nont pas rassur le march, explique Jean-Pierre Brun. Le pays, important exportateur, va maintenant devoir importer. De plus, les prvisions dimportations de la Malaisie et des Philippines ont t revues la hausse. De quoi rester vigilant

Martin Courcier

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