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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

03/06/2008
BIT : il faut promouvoir lemploi rural

(MFI) La promotion de lemploi rural pour rduire la pauvret, notamment en Afrique, est au centre de la runion annuelle de lOrganisation internationale du travail Genve. Celle-ci concide avec la tenue Rome dun sommet de la FAO sur les stratgies adopter pour lutter contre la hausse mondiale des denres alimentaires.

Pour le Bureau international du travail (BIT), secrtariat permanent de lOIT, lemploi rural est lun des principaux dfis lordre du jour de la runion de Genve qui regroupe, du 28 mai au 13 juin 2008, plus de 3 000 reprsentants de gouvernements, de travailleurs et demployeurs. LOIT, qui compte aujourdhui 182 pays membres, est la seule agence tripartite de lOnu qui rassemble ces trois composantes charges de dfinir une action commune en faveur du travail dcent travers le monde, avec pour objectifs lapplication de normes internationales pour le travail, la cration dun cadre pour davantage demplois dcents, lamlioration de la couverture de la protection sociale et le renforcement du dialogue social tripartite.
Son directeur gnral, le Chilien Juan Somavia, souhaite se prsenter pour un troisime mandat en novembre prochain. La prsidente du patronat franais (Medef), Laurence Parisot, a toutefois cr la surprise en annonant que son mouvement tait favorable une autre candidature sans toutefois donner de nom , position conteste par les principaux syndicats franais.

Un besoin de plein emploi productif dans les zones rurales

Selon le BIT, quelque 3,4 milliards de personnes, un peu moins de la moiti de la population mondiale, vivent aujourdhui en zone rurale o les dfis restent immenses : bas niveau de salaires, mdiocre qualit demplois qui ne sont par ailleurs ni reconnus ni protgs par la lgislation , chmage massif, protection sociale inadquate et impossibilit pour les travailleurs concerns de faire reprsenter leurs intrts. Les changements climatiques et la monte en flche des prix alimentaires ont dclench un dbat mondial sur la production agricole et sur lutilisation des produits agricoles comme carburant.
Pour le BIT, deux processus majeurs ont affect non seulement les marchs ruraux mais aussi lconomie mondiale en gnral. Le premier est la mondialisation dont les cots et avantages nont pas t rpartis quitablement, ni entre les pays, ni lintrieur des pays. Le second processus est lurbanisation. Dans les pays les plus dvelopps, prs de 80 % de la population vit dans des villes. Dans une bonne partie du monde en dveloppement, lexode de population se poursuit et de nombreuses villes doivent faire face lafflux massif de migrants venus des campagnes. Il apparat clairement que ces villes champignons ne pourront relever les dfis de lemploi sans rpondre au besoin de plein emploi productif dans les zones rurales , souligne lorganisation.
Elle prcise dans un rapport que si la part de lagriculture dans lemploi total dans le monde dcline, lagriculture demeure dans de nombreux pays le fondement du mode de vie rural, un contributeur majeur au PNB et une importante source de revenus dexportation. Elle est aussi le deuxime pourvoyeur demplois dans le monde aprs les services avec un milliard de personnes employes dans ce secteur.

Lurbanisation augmente, la population rurale aussi

La population rurale mondiale a augment de 1,2 milliard de personnes entre 1961 et 2000 et devrait continuer de crotre pendant au moins une dcennie. En Afrique et en Asie, o plus de 60 % de la population vivaient dans les zones rurales en 2007, trois facteurs concourent cependant une hausse rapide des taux durbanisation : la croissance dmographique naturelle, lexode rural et lafflux des populations dans les petites villes. Ce phnomne nempche nullement une croissance continue de la population rurale, particulirement forte en Afrique.
LAsie compte plus de 700 millions de travailleurs agricoles, soit plus de 70 % du total mondial, et lAfrique subsaharienne 192 millions, soit presque 20 %. Malgr le recul de la part de lemploi agricole dans toutes les rgions, le nombre des personnes travaillant dans ce secteur est rest quasi inchang en 2007 par rapport 1991. La part de la population active agricole est particulirement importante en Afrique subsaharienne (64,7 %) contre peine 3,9 % dans les conomies dveloppes et dans lUnion europenne.
Lagriculture a t de tout temps le premier employeur des jeunes en Afrique subsaharienne. Cependant, dcourags par la faiblesse et le caractre alatoire des revenus agricoles et limpossibilit dacqurir une exprience professionnelle utile dans cette activit, beaucoup de jeunes abandonnent la campagne pour la ville, quitte affronter les marchs du travail urbains o ils sont largement dsavantags. Sachant que la population rurale des pays en dveloppement va continuer de crotre en termes absolus pendant une gnration encore, combler les dficits de travail dcent dans lemploi rural est une urgence, souligne le BIT.

La part des dpenses agricoles dans lAPD a fortement diminu

Autre facteur proccupant, la faiblesse des investissements dans le secteur agricole. Entre 1980 et 2004, les dpenses publiques consacres lagriculture sont passes, en Afrique, de 6,4 % 5 % du total des dpenses publiques. Ce pourcentage a baiss de 14,8 7,4 % en Asie et de 8 2,7 % en Amrique latine. Le financement priv a lui aussi fortement chut, souvent parce que les banques commerciales ont abandonn le secteur. Linvestissement tranger direct (IED) a connu une croissance trs forte ces dernires annes, mais lagriculture nen a que faiblement bnfici. Sur les 711 milliards de dollars de flux IED injects dans le monde en 2004, seulement 2,6 milliards (soit environ 0,36 %) sont alls lagriculture, dont 2,3 milliards de dollars dans les pays en dveloppement.
La part des dpenses agricoles dans laide publique au dveloppement (APD) a elle aussi fortement diminu, passant de 18,1 % en 1979 3,5 % pour cent en 2004. LAPD consacre lagriculture en Afrique tait ainsi, en 2004, au mme niveau que vingt-cinq ans plus tt, alors que la population du continent a doubl dans lintervalle et que la pauvret rurale sest aggrave.

Marie Joannidis

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