| |||
17/06/2008 | |||
Le charbon, nouveau pactole pour lAfrique | |||
(MFI) A lheure o la hausse des cots et de la demande mondiale de ptrole dont les rserves diminuent dangereusement encourage la recherche de sources alternatives dnergie, le charbon, vieux de 200 300 millions dannes, pourrait compenser en partie le manque venir, y compris en Afrique. | |||
Fortement associ la rvolution industrielle, le charbon apparat souvent comme une nergie du pass. Il reste cependant la deuxime source dnergie primaire utilise dans le monde et la premire pour gnrer de llectricit dans les centrales thermiques. Son principal atout rside dans le fait quil offre des rserves abondantes et des prix plus stables que ceux du ptrole et du gaz. Son utilisation sest dplace de lEurope vers lAsie, en particulier la Chine qui possde dimmenses rserves mais a soif de toujours plus dnergie. Ainsi, dans le contexte actuel de diversification nergtique, le charbon pourrait bien trouver de nouveaux dbouchs, notamment dans la production de carburants de synthse. La formation du charbon dans le sous-sol remonte lre primaire, il y a 200 300 millions dannes. Recouverte de marcages, la Terre connat alors un climat chaud et humide. Des dbris vgtaux fermentent sous des sdiments, se superposent dans une atmosphre riche en gaz carbonique et se transforment en substances solides combustibles haute teneur en carbone : la houille, le lignite et la tourbe. On appelle charbon ces roches sdimentaires contenant au moins 50 % de carbone. Lextraction se fait soit ciel ouvert, si le gisement est peu profond, soit par exploitation souterraine quand le charbon se trouve en profondeur. La demande de charbon a plus que doubl ces trente-cinq dernires annes Des progrs importants ont t raliss afin de diminuer les missions de polluants des procds utilisant du charbon (notamment de production dlectricit). Les rserves sont abondantes et bien rparties gographiquement. Six pays se partagent lessentiel de celles-ci : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, lInde, lAustralie et lAfrique du Sud. Depuis quelque temps, les recherches en matire de charbon se sont acclres dans dautres pays africains comme le Mozambique, le Botswana, Madagascar, lIle Maurice et mme le Nigeria, principal producteur de ptrole de lAfrique subsaharienne, qui cherche lui aussi diversifier ses sources dnergie. Lutilisation du charbon est toutefois renchrie par la ncessit de respecter les normes environnementales tant sur le plan local (missions de particules) que global (missions de C02). Selon Abdul Kamara, de la Banque africaine de dveloppement (BAD), la production de charbon en Afrique devrait crotre en moyenne de 3 % par an dici 2011, face une demande croissante en particulier asiatique (Chine et Inde). LAfrique du Sud en sera la locomotive et les perspectives pour lensemble du continent sont trs bonnes, a-t-il estim. Franois Kalaydjian, directeur expert du Dveloppement durable lInstitut franais du ptrole, rappelle que la demande de charbon a plus que doubl au cours des trente-cinq dernires annes. Cette tendance est entrane essentiellement par lAsie, et notamment la Chine, dont plus de 75 % de llectricit est produite partir de charbon. Principal vecteur de fourniture dlectricit dans le monde, le charbon est largement utilis dans de nombreux pays occidentaux, notamment lAllemagne, la Pologne, lAustralie, le Danemark et les Etats-Unis. Ainsi, la production de charbon devrait tripler dici 2050 et fournir 34 % de lnergie primaire mondiale, contre 24 % aujourdhui. A terme, le charbon propre pourrait produire 5 % de loffre nergtique globale Lintrt port au charbon est d essentiellement deux raisons : une place unique par rapport au ptrole et au gaz, dans la mesure o les rserves tablies reprsentent plus de cent cinquante ans de production au rythme actuel (mais elles diminuent assez rapidement, en particulier en Chine) et des gisements rpartis presque dans le monde entier, ce qui garantit une bonne indpendance nergtique des pays consommateurs. Si llectricit est la principale forme dnergie tire du charbon, une nouvelle filire de production de carburant mettant le charbon contribution (filire CTL - Coal to Liquid) est tudie. Deux voies permettent de convertir le charbon en carburant : la voie indirecte, dans laquelle on commence par gazifier le charbon, et la voie directe, qui ressemble aux procds de conversion des rsidus de ptrole en carburant. Ces deux modes de production doivent encore faire leur preuve lchelle industrielle. Les Etats-Unis devraient bientt se lancer dans lexprience alors que la Chine construit dj deux usines CTL. Avec les nouvelles technologies, on peut exploiter sans polluer mais cela demande des technologies trs avances un cot lev , prcise lexpert de lIFP MFI. Il faut que les populations ne soient pas affectes sur le plan local et ensuite, au niveau global, viter les missions de CO2 ce qui ncessite la mise en place de systmes dchanges internationaux qui permettent dimplanter dans les centrales thermiques au charbon des units de captage de CO2 en minimisant autant que possible le surcot , explique-t-il. En fait, le charbon fixe le CO2 et relche du mthane (grisou, gaz naturel) qui peut tre exploit. Les experts esprent qu terme le charbon propre pourra produire 5 % de loffre nergtique globale, ce qui nest pas encore le cas. La prise de conscience internationale concernant limportance du charbon est rcente, le minerai tant surtout consomm sur place. Mais la Chine commence importer du charbon dAustralie et pourrait se tourner aussi vers le continent africain. Il faut sattendre ce que les Chinois, comme ils le font pour le ptrole, se tournent vers linternational ; et comme ils sont bien placs en Afrique, ils pourront sintresser au charbon africain souligne lexpert de lIFP. Lexploitation du charbon africain doit passer, selon lui, par une coopration internationale pour les transferts de technologie et pour pouvoir assurer les cots. Le prix dune centrale charbon moderne dun giga watt respectant lenvironnement et permettant de fournir de llectricit prs de 750 000 personnes est en effet estim un milliard deuros. En Afrique, o quelque 500 millions de personnes sont toujours prives dlectricit, lapproche rgionale serait un moyen de partager le charbon et llectricit, en palliant la faiblesse de leurs capacits. Il faut pour le charbon une coopration internationale comme cela sest fait pour le ptrole , affirme en conclusion lexpert de lIFP. | |||
Marie Joannidis | |||
|