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22/07/2008 | |||
PMA : la croissance narrive pas vaincre la pauvret | |||
(MFI) Les pays les moins avancs, les PMA, dont la majorit sont en Afrique, ont connu ces dernires annes une croissance importante, mais la pauvret absolue touche encore 277 millions de personnes, affirme la Confrence des Nations unies sur le commerce et le dveloppement, dans un rapport rendu public mi-juillet. En cause : la confiscation de la croissance par certains groupes de la population, le manque dintrt lgard de lagriculture et, en Afrique, une dpendance accrue vis--vis des produits de base. | |||
Dans son rapport 2008, intitul Croissance, pauvret et modalits du partenariat pour le dveloppement, publi le 17 juillet, la Cnuced prcise que les 50 PMA ont enregistr des taux de croissance conomique les plus levs depuis trente ans mais que cela na pas suffi empcher le nombre total de pauvres daugmenter. Les trois quarts des habitants de ces pays continuent de survivre avec moins de 2 dollars par jour et la hausse rcente des prix des denres alimentaires risque dannuler les modestes progrs raliss. Les taux de croissance conomique enregistrs en 2005-2006, gaux ou suprieurs 7 %, auraient d permettre une amlioration notable des conditions de vie. Cependant, 581 millions de personnes, sur une population totale de 767 millions, vivaient toujours dans le dnuement et 277 dentre eux dans la pauvret absolue , soit avec moins de 1 dollar par jour. Au rythme actuel, lobjectif de rduction de la pauvret ne sera pas atteint en 2015 Cette pauvret et lampleur de sa diminution varient selon que les PMA se trouvent en Afrique ou en Asie: jusqu 80 % des habitants des PMA africains vivent avec moins de 2 dollars par jour soit 375 millions de personnes contre 69 % (204 millions de personnes) dans les PMA asiatiques, qui ont su crer des emplois un rythme beaucoup plus rapide. Cette situation implique que ces pays ne seront pas capables datteindre le premier des objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) adopts par lOrganisation des Nations unies, qui est de rduire de moiti la proportion de ceux qui vivent avec moins de 1 dollar par jour entre 1990 et 2015. Pour atteindre cet objectif, les PMA auraient besoin de ramener leur taux de pauvret absolue 20 % dici 2015, or selon la Cnuced, si les tendances actuelles persistent, ils natteindront que le taux de 33 % dici cette date. Des avances timides dans la ralisation des autres objectifs de dveloppement humain lis lalimentation, la sant, lducation, lgalit des sexes et au dveloppement durable ont t enregistres, mais la plupart des pays seront probablement incapables datteindre la majorit des OMD dici 2015, estime la Cnuced. Lorganisation souligne que les progrs les plus notables ont t accomplis dans les domaines o les gouvernements ont fortement augment les dpenses sociales avec le soutien des pays donateurs et des organisations non gouvernementales (ONG) internationales, dans le cadre de programmes bien cibls o tous taient associs. Elle cite le taux de scolarisation dans le primaire, llargissement de laccs leau et lamlioration de lassainissement. En revanche, les rsultats ont t plus modestes dans les domaines qui dpendent davantage des revenus privs tels que la rduction de la pauvret et de la faim. Seuls quelques groupes de la population profitent de lessor conomique Selon le rapport, cest essentiellement en raison du type de croissance enregistr et du modle de dveloppement suivi par les PMA que la forte croissance conomique naboutit pas une amlioration notable du niveau de vie. Ainsi, seuls quelques groupes de la population profitent de lessor conomique. Peu demplois ont t crs, en particulier dans les pays africains, ce qui empche la majorit de la population daugmenter directement ses revenus. Si la croissance conomique a atteint les taux les plus levs enregistrs depuis trente ans (7 %), le PIB par habitant a ainsi progress de moins de 1 % ou a mme diminu dans 16 PMA. Lenvole des prix internationaux des denres alimentaires en 2007 et dbut 2008 sest traduite par un renchrissement du cot de ces produits dans les PMA, dont les deux tiers importent davantage de denres alimentaires quils nen exportent. Cette hausse va donc alourdir la facture de leurs importations et creuser les dficits commerciaux existants. Selon la Cnuced, cette situation sexplique en partie par le manque dintrt que les responsables politiques tmoignent depuis longtemps lgard de lagriculture. Ainsi, les dpenses publiques consacres la recherche-dveloppement agricole reprsentaient peine 4,2 % du PIB agricole en 2004, soit moins de la moiti de la part qui y est affecte dans les autres pays en dveloppement (10,7 %). Une dpendance accrue lgard des produits de base pour les PMA africains En valeur, les exportations de marchandises des PMA ont augment de 80 % pendant la priode 2004-2006, atteignant 99 milliards de dollars en 2006, le ptrole et les minraux reprsentant la plus grande part, notamment en Afrique. Ce qui montre bien que la dpendance des PMA en tant que groupe lgard des produits de base sest accrue depuis 2000, paralllement lacclration de la croissance. Mais l aussi de grandes disparits existent entre les pays africains et asiatiques ou les Etats insulaires. Les PMA asiatiques ont diversifi leur conomie en augmentant la part des articles manufacturs au dtriment des produits de base, alors que les PMA africains ont accru leur dpendance lgard des matires premires. Les PMA insulaires, eux, sont rests essentiellement tributaires des exportations de services, qui ont aussi affich une grande instabilit. Si les PMA ont attir une part dcroissante des investissements trangers directs (IED) mondiaux, les versements nets daide publique au dveloppement (APD) des pays dvelopps ont augment, atteignant 28 milliards de dollars en 2006 contre 17 milliards en 2000 en termes rels. De mme, les envois de fonds des ressortissants de ces pays travaillant ltranger ont atteint un chiffre record de 13 milliards de dollars en 2006. Ils sont particulirement importants dans les cas du Bangladesh, des Comores, dHati, du Lesotho et du Npal ainsi que du Cap-Vert, de la Gambie, de la Guine-Bissau et de lOuganda. Pour le Secrtaire gnral de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi, il faudrait notamment renforcer lappropriation par les pays de leur politique de dveloppement, en particulier dans la gestion de laide afin de constituer un partenariat plus quilibr avec les pays donateurs qui sont aussi invits poursuivre leurs efforts envers les plus pauvres. De mme les PMA sont invits favoriser la production et la productivit et non seulement lintgration dans lconomie mondiale et le commerce. | |||
Marie Joannidis | |||
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