Rechercher

/ languages

Choisir langue
 
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

14/10/2008
La croissance en Afrique devrait lgrement ralentir et les risques augmenter

(MFI) Les instances financires restent relativement optimistes quant limpact de la crise sur les conomies africaines, en croissance depuis plusieurs annes, sans pour autant exclure les risques lis une ventuelle rcession mondiale. Le rapport du FMI sur les perspectives conomiques de lAfrique subsaharienne, publi la mi-octobre, loccasion des runions annuelles du Fonds et de la Banque mondiale, met ainsi en relief limpact de lenvole des cours des carburants et des denres alimentaires ainsi que les retombes des turbulences mondiales, mais estime que la croissance moyenne des pays du continent ne diminuerait que lgrement.

Dans un environnement mondial de plus en plus dfavorable, la croissance conomique de lAfrique subsaharienne devrait ralentir en 2008 et 2009 pour stablir autour de 6 %, contre 6,5 % en 2007, affirment les conomistes du FMI. Dans le mme temps, linflation devrait atteindre 12 % en 2008 et 10 % en 2009. Les projections de croissance sont lgrement en retrait, et les projections dinflation nettement plus leves. Ils expliquent cette dgradation par lenvole des prix des denres alimentaires et des carburants, le ralentissement de la croissance mondiale et les turbulences financires dans le monde. Ils estiment que les effets de ces turbulences sexercent de faon indirecte, par le biais du ralentissement de la croissance mondiale et de la volatilit des cours des produits de base. Mais mettent en garde contre les risques dune diminution en direction de lAfrique des flux de ressources, sous forme de capitaux privs, denvois de fonds des travailleurs migrs et mme daide publique au dveloppement.
Selon le FMI, le choc des cours des produits de base a pouss la hausse linflation et les dficits extrieurs courants. En outre, le soutien des bailleurs de fonds na pas augment suffisamment pour couvrir le surcot des importations d lenvole des cours, obligeant les pays oprer lajustement avec leurs ressources intrieures. Les rserves de change ont assez bien rsist au choc jusqu prsent, mais on ne saurait sattendre ce quelles permettent dabsorber les consquences long terme de la flambe des prix de lalimentation et de lnergie. Ces proccupations restent dactualit malgr le reflux rcent des cours du ptrole et des prix alimentaires.

Lafflux dinvestissements sur le continent pourrait se tarir

Au cours dun sminaire tenu en marge des runions, des banquiers africains et des experts ont dbattu de lavenir financier de lAfrique. Stephen Bailey-Smith, dirigeant dun groupe dexperts la Standard Bank, base en Grande-Bretagne, a averti cette occasion que les dcideurs politiques en Afrique doivent tre conscients que la croissance de lconomie mondiale ralentira considrablement et que lafflux dinvestissements quils sont habitus voir risque de sasscher . Il a galement relev linflation leve, laffaiblissement des monnaies africaines ainsi que la rduction des transferts de fonds en provenance de la diaspora comme des retombes probables de la crise financire mondiale. LAfrique subsaharienne a dj subi des consquences de la crise financire, a indiqu Michael Fuchs, conomiste en chef de la Banque mondiale pour lAfrique. Ainsi les bourses des plus importantes conomies de la rgion, Nigeria, Kenya et Afrique du Sud, refltent les tendances des marchs dvelopps et les activits de capitalisation y ont ralenti.

Ces proccupations sont partages par les ministres africains des Finances de la Zone Franc, runis Yaound au Cameroun avant les assises de Washington en prsence des Franais Anne-Marie Idrac, secrtaire dEtat charge du Commerce extrieur et Alain Joyandet, secrtaire dEtat charg de la Coopration et de la Francophonie.
Les ministres ont exprim leur proccupation lgard de la dgradation de lenvironnement international, en particulier des rcents dveloppements de la crise financire internationale, et des risques associs sur les perspectives de croissance conomique des pays de la Zone franc. Ils ont observ que la stabilit financire et montaire de la Zone reste solide mais que le ralentissement de la demande mondiale et le niveau actuel des prix du ptrole pourraient impacter ngativement lactivit et lemploi. Ils ont raffirm leur volont de mobiliser lensemble des instruments disponibles afin de consolider la stabilit macroconomique. Pour eux, lappartenance une union conomique et montaire constitue, de ce point de vue, un atout, dont les bnfices sont dautant plus importants que les politiques seront troitement coordonnes.

Un sige additionnel pour lAfrique cr la Banque mondiale

Sagissant des performances conomiques des pays de la Zone en 2007, les ministres ont not une lgre amlioration, mais qui reste insuffisante pour impulser un vritable dcollage permettant datteindre les Objectifs du millnaire pour le dveloppement. Constatant le peu de progrs du processus de convergence, ils ont raffirm le caractre ncessaire de ce processus au sein des unions montaires. Les ministres ont aussi mis laccent sur limportance de la contribution du secteur priv la croissance conomique et se sont engags acclrer lensemble des rformes permettant de promouvoir et accompagner linitiative prive, travers notamment le renforcement des infrastructures de base et lamlioration de lenvironnement des affaires.
Les ministres ont soulign la ncessit dadapter les instruments de financement bilatraux et multilatraux afin quils intgrent davantage la vulnrabilit spcifique des pays de lAfrique subsaharienne aux chocs exognes. Ils ont enfin appuy les propositions visant renforcer la reprsentation de lAfrique subsaharienne dans le cadre de la rforme de la gouvernance de la Banque mondiale et en particulier la cration dun sige additionnel pour la rgion.
Cette dcision a t officialise lors des assembles annuelles de la Banque mondiale et du FMI et doit entrer en vigueur au printemps 2011. Un sige additionnel va tre cr pour lAfrique subsaharienne au Conseil dadministration de la Banque mondiale , indique un communiqu publi lissue de la runion du Comit de dveloppement, qui runit les instances des deux organisations. Les droits de vote des pays en dveloppement et en transition au sein de la Banque internationale pour la reconstruction et le dveloppement (BIRD) et lAssociation internationale pour le dveloppement (IDA, AID) vont augmenter en donnant un accent particulier aux membres les plus petits , ajoute le texte. La BIRD et lIDA sont les deux composantes principales de la Banque mondiale. Les propositions pour la rforme des droits de vote devront tre prsentes au plus tard lors des runions annuelles de la BM et du FMI en octobre 2010 pour entrer en application au printemps 2011.
Mais cela est jug encore insuffisant par de nombreuses ONG qui se battent pour une meilleure reprsentation des pays en dveloppement sur lchiquier financier mondial. Les changements proposs sont des pas de nains alors que nous avions besoin de pas de gants , a notamment affirm lorganisation britannique Oxfam. Alors que lEurope obtient un tiers du gteau, les pays en dveloppement nont que des miettes. Les pauvres doivent avoir autant de voix que les riches , a prcis un de ses porte-parole.

Marie Joannidis

retour