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MFI HEBDO: Economie Dveloppement Liste des articles

28/10/2008
Crise financire : effets collatraux dramatiques pour les plus pauvres

(MFI) Si la crise financire mondiale a touch de plein fouet les pays dvelopps et commence frapper les puissances mergentes, les effets collatraux risquent dtre dramatiques voire mortels pour les plus pauvres qui restent tributaires de laide humanitaire ou de laide publique au dveloppement. Plusieurs voix se sont leves sur la scne internationale pour mettre en garde contre ces consquences dans un contexte de plus en plus mondialis donc plus interdpendant

Ainsi, la clbration de la Journe mondiale de lalimentation (JMA) la mi-octobre a t loccasion de souligner les risques encourus. Selon les derniers chiffres de lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO), 75 millions de personnes ont rejoint, en 2007, les rangs des affams, portant 923 millions le nombre de sous-aliments dans le monde.
Lancien prsident amricain Bill Clinton a appel la communaut internationale cesser dutiliser la crise financire mondiale comme excuse pour luder le problme de la faim qui saggrave, ajoutant que lautosuffisance agricole est la seule rponse long terme si lon veut rduire la faim. La nourriture nest pas une matire premire comme les autres , a affirm Bill Clinton qui dirige une ONG internationale portant son nom. Alors quil y aura toujours un march mondial pour des cultures comme le riz, le bl ou le mas, a-t-il ajout, il serait insens de considrer la nourriture comme un tlviseur couleur et penser quil est possible de dvelopper beaucoup de ces pays o je travaille sans renforcer leur capacit se nourrir par leurs propres moyens . Les pays nantis, a-t-il prcis, les particuliers riches et les compagnies prospres nont pas dexcuse pour viter de se pencher sur les problmes des autres, car cela nous vitera une autre crise financire long terme.
Le secrtaire gnral des Nations unies, Ban Ki-moon, a lui aussi invit cette occasion les pays collaborer en vue dlaborer une approche complte au problme de la scurit alimentaire . Les difficults actuelles sintensifieront si nous ne parvenons pas prendre une action rsolue maintenant , a-t-il dclar.

Comment contrer lexode des affams, sinon par le dveloppement agricole ?

Le directeur gnral de la FAO, Jacques Diouf, a pour sa part mis en garde contre les consquences sociales plus larges qui pourraient rsulter de labsence de solution au problme de la faim. Llargissement du foss entre la richesse fabuleuse et la pauvret abjecte a pouss un grand nombre de dmunis et de dsesprs sexiler Confronts limmigration, certains riches se sont barricads dans leurs forteresses. Mais comment contrer lexode massif sinon par la croissance conomique et notamment le dveloppement agricole vu que 70 % des pauvres vivent en milieu rural? , sest-il demand.
Il a prconis la tenue dun sommet mondial sur la scurit alimentaire en 2009, qui devrait permettre de trouver 30 milliards de dollars par an pour dvelopper les infrastructures rurales et stimuler la productivit agricole dans les pays les moins dvelopps. Il a par ailleurs rappel que 22 milliards de dollars ont t engags cette anne pour promouvoir la scurit alimentaire mondiale mais que seulement 10 % de ces promesses de contributions, essentiellement destines laide alimentaire durgence, staient jusqu prsent concrtises.
Ce point de vue est partag par les responsables du Programme alimentaire mondial (Pam) qui soulignent que la conjonction de la multiplication des pnuries alimentaires, de laugmentation des prix de lnergie et des changements profonds des conditions climatiques a aggrav, cette anne, les souffrances des populations pauvres.
La part de lagriculture dans laide publique au dveloppement (APD) a dclin de manire significative entre 1980 et 2006 alors que les institutions financires ont rduit les fonds consacrs lagriculture. De plus, avec la fin des oprations exceptionnelles dallgement de la dette de ces dernires annes, lAPD distribue par lensemble des membres du Comit daide au dveloppement (CAD) de lOCDE a dj recul en termes rels en 2007 par rapport 2006. Laide bilatrale destine lAfrique subsaharienne, hors remises de dette, sest accrue de 10 % en termes rels mais reste encore loin des promesses annonces en vue de doubler cette aide dici 2010.
Les inquitudes exprimes par les experts de lOCDE rejoignent celles des Africains. Le prsident de la Commission de lUnion africaine (UA) Jean Ping, qui sexprimait au 6e Forum mondial sur le dveloppement durable runi Brazzaville, a averti que la crise financire mondiale aurait de graves rpercussions sur la circulation et le maintien des capitaux ainsi que le commerce en Afrique et pourrait aboutir la rduction de lAPD par les partenaires, qui pourraient recourir des politiques discriminatoires et imprvisibles. Il a rappel cet effet que lUA et la BAd organisent, le 12 novembre prochain Tunis, une runion sur cette crise avant le sommet du G20 prvu prs de Washington le 15 novembre 2008.


La France montre du doigt ? Alain Joyandet affirme que les engagements seront tenus

Dans ce contexte, la France a t montre du doigt par lorganisation humanitaire Oxfam France Agir ici. Celle-ci, sur la foi de documents officiels, affirme que laide au dveloppement franaise devrait diminuer en 2009. Les coupes prvues sont svres et concernent pour la plupart le soutien des programmes sociaux essentiels prvus sur plusieurs annes. Comme le craignait Oxfam France Agir ici depuis le dbut des arbitrages budgtaires, en mai (c'est--dire avant mme la crise financire), la France taille grands coups de sabre dans son aide ; cest aujourdhui lAfrique sub-saharienne qui en fait les frais. La crise financire ne doit pas servir dexplication ou dexcuse, les hsitations du gouvernement ne datent pas dhier. Avant dtre un problme de finances, cest un manque de volont politique clair de faire de la ralisation des objectifs de dveloppement internationaux une priorit pour la France , affirme Sbastien Fourmy, responsable de lONG.
De son ct, Alain Joyandet, secrtaire dEtat franais charg de la Coopration et de la Francophonie, a tenu prciser que le montant de lAPD augmentera lanne prochaine sans pour autant dmentir les accusations de lONG. Nous ferons tout pour que les pays pauvres ne soient pas la variable dajustement du rglement de la crise financire , a-t-il dit, prcisant que dans le budget dont les dputs vont dbattre les crdits de paiement de la Mission APD passent de 3 090 millions en 2008 3 166 millions en 2009 et que les grands engagements multilatraux de la France seront tenus.
Alain Joyandet assure que les engagements du prsident Nicolas Sarkozy, pris au Cap en fvrier 2008 et raffirms au sommet de la Francophonie Qubec en faveur de lAfrique, ainsi que lobjectif assign lAgence franaise de dveloppement daugmenter son volume dintervention dun milliard deuros en 2009, seront respects . Selon lui, la part des financements de lAFD consacre lAfrique devrait passer de 1,3 milliard 1,9 milliard deuros et changer de nature : au lieu de dons systmatiques, la France souhaite aider lAfrique produire sa propre richesse et les entreprises africaines se crer ou se dvelopper, notamment en apportant des garanties au financement du secteur bancaire. Il sest dclar ouvert des discussions avec les ONG.
On prcise toutefois de source informe que si le volume dAPD se maintient en 2009 en raison dallgements de dette de la Cte dIvoire, lautre gros morceau restant la Rpublique dmocratique du Congo (RDC), il faudra lavenir combler un trou de deux milliards deuros dans un contexte de contrainte budgtaire voire de possible rcession.

Les Franais favorables au maintien de lAPD

(MFI) Selon les rsultats de la 3e dition du baromtre AFD / Ifop publis en octobre 2008, les Franais demeurent attachs laide au dveloppement et souhaitent que laide fournie aux pays en dveloppement soit dsintresse. Ainsi, 69 % dentre eux estiment que laide au dveloppement doit se maintenir mme si la France rencontre des difficults budgtaires, soit une progression de 5 points par rapport 2007. Le sondage rvle galement un consensus fort autour du rle de la France dans ce domaine : 70 % des personnes interroges pensent que la France joue un rle majeur dans laide au dveloppement.
Nanmoins, lopinion des Franais reste partage quant lefficacit des actions menes. Si la moiti dentre eux juge globalement les initiatives mises en uvre par la France efficaces, ils se montrent en revanche plus svres sur les deux sujets majeurs que sont la lutte contre la pauvret et le rchauffement climatique. En effet, en la matire, les Franais estiment que les actions menes par la France sont peu ou pas du tout efficaces (respectivement 61 % et 57 %). Concerns par laide au dveloppement, les Franais sont demandeurs dinformations sur laction de lAgence franaise de dveloppement notamment sur ses domaines dintervention (35 %), le rsultat de ses actions (32 %) ou encore les projets quelle finance (31 %).
Fait nouveau cette anne, la majorit des personnes interroges se prononce en faveur dune aide dsintresse. Elle doit, en effet, sadresser en priorit aux pays qui en ont le plus besoin. Ainsi, lAfrique doit tre le premier destinataire dactions de lutte contre la pauvret (81 %) et lAsie doit bnficier en priorit des financements pour des projets de lutte contre le rchauffement climatique (56 %).
Pour les Franais, lindividu doit tre au cur des actions menes, devant les mesures conomiques et environnementales. Laccs leau potable reprsente ainsi la premire action conduire pour 98 % de la population, suivi des programmes de sant publique (98 %) et de laide laccs aux mdicaments (96 %).
M.J.


Marie Joannidis

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