| |||
02/12/2008 | |||
Quel avenir pour laide publique au dveloppement ? | |||
(MFI) Lavenir de laide publique au dveloppement (APD.), vitale pour les plus pauvres, constitue sans aucun doute lun des dfis majeurs de la communaut internationale. La crise financire et conomique touche des degrs divers les pays du Nord comme les pays du Sud, et on peut se demander si les pays donateurs respecteront bien in fine leurs engagements | |||
Le sujet tait lordre du jour de toutes les runions internationales rcentes : Washington dans le cadre du G20 qui a runi pays dvelopps et puissances mergentes ; comme Doha, fin novembre 2008, pour le suivi du financement du dveloppement. Les pays donateurs ont voqu un maintien de laide publique au dveloppement en dpit des signes de rcession conomique mais leurs propos apaisants, en particulier ceux des membres du G8, ne rassurent ni les experts internationaux, ni les organisations non gouvernementales. Ainsi, Angel Gurra, le Secrtaire gnral de lOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques, qui regroupe les pays dvelopps, et Eckhard Deutscher, le prsident du Comit daide au dveloppement de cette organisation (CAD), ont lanc un appel aux principaux donneurs daide dans le monde pour quils honorent leurs engagements, en dpit du ralentissement conomique. Dans une lettre, lOCDE. a invit les chefs dEtats et de gouvernements des pays membres du CAD. souscrire une Dclaration sur la politique daide , qui aurait pour effet de confirmer les promesses daide antrieures et dviter des coupes dans les budgets daide au dveloppement. Faute dune action dcisive aujourdhui, nous naurons peut-tre pas les moyens dempcher que la crise financire ne se transforme en une crise de laide , affirme la missive. Les dirigeants de lOCDE. ont aussi lanc un appel pour ne pas rpter les erreurs que nous avons pu commettre dans le pass, la suite de la rcession du dbut des annes 1990, lorsque les gouvernements de nombreux pays de lOCDE nont pas su viter un recul de leffort daide, avec les consquences qui pouvaient en dcouler pour les pays en dveloppement en termes de production agricole, dinfrastructures, de bien-tre social et de stabilit politique . Pour Angel Gurra et Eckhard Deutscher, une contraction des budgets de laide dans les annes venir ne ferait quexacerber les tensions que les prix alimentaires et nergtiques infligent dj ces pays, et ne ferait que restreindre les moyens pour les aider parer au changement climatique. Dautant que les risques de voir clater un conflit sont accentus dans les pays pauvres en proie des tensions conomiques. Un plan de relance globale Cette proccupation est partage par le Secrtaire gnral des nations unies, Ban Ki-Moon. Ce dernier estime en effet que la crise financire, le processus de dveloppement et les changements climatiques sont inextricablement lis et qu'il faut les traiter comme un seul et unique problme. D'o la ncessit d'un plan de relance globale, qui puisse rpondre aux besoins des conomies mergentes et de celles des pays en dveloppement. Le Secrtaire gnral des nations unies a soulign Doha que les sommes ncessaires pour laide au dveloppement sont modiques au regard des fonds dbloqus pour affronter la crise financire. La mise en uvre des Objectifs du Millnaire, visant notamment rduire de moiti lextrme pauvret lhorizon 2015, reste pour le moment alatoire, surtout pour lAfrique qui compte la majorit des pays les moins avancs. (PMA). Un rapport prpar par lOCDE loccasion de la runion de Doha se demande mme si les objectifs daide ne sont pas en passe de devenir inaccessibles. De fait, laide publique au dveloppement augmente, mais trop lentement. En 2007, la contribution des membres du Comit daide au dveloppement s'est leve 103,5 milliards de dollars, soit une augmentation relle de 2 % par rapport 2006, hors oprations dallgement de la dette. Ce taux de croissance est bien infrieur ce qui serait ncessaire pour honorer les engagements contracts par les bailleurs de fonds, mme si laide lAfrique a progress de 12 % entre 2006 et 2007. En fait, il faudrait que 34 milliards de dollars supplmentaires soient programms dans les budgets daide dici 2010, ce qui parat tre loin du compte. En effet, seuls cinq pays (le Danemark, le Luxembourg, la Norvge, les Pays-Bas et la Sude) respectent lobjectif prconis par les Nations unies, soit 0,7 % de leur produit intrieur brut. La crise comme prtexte ? Le prsident franais Nicolas Sarkozy, seul dirigeant du G8 avoir fait le dplacement Doha, a tenu assurer que laide europenne aux pays pauvres, notamment en Afrique, ne serait pas sacrifie . En tant que prsident de lUnion europenne, il a prcis que les 27 ont fourni en 2007 quelque 61 milliards de dollars daide publique au dveloppement, soit 60 % du total mondial, et quils respecteront leur promesse de consacrer laide publique au dveloppement 0,7 % de leur produit intrieur brut en 2015. Il s'est aussi fait lavocat de lAfrique, pour qu'elle soit mieux reprsente au sein des instances internationales et des rencontres avec les pays mergents. Certaines organisations non gouvernementales redoutent toutefois que la crise financire ne soit utilise comme un prtexte pour renier les engagements pris. Elles voudraient aussi des critres clairs et rappellent que par le pass, la France incluait laide aux dpartements et territoires dOutre-mer dans le calcul de son APD., tandis que les Etats-Unis comptabilisaient laide militaire lEgypte et Isral dans la leur. D'autres organisations contestent mme les annulations de dette, notamment pour lIrak et le Nigeria, qui napportent pas de fonds nouveaux et qui ont t prises en compte ces dernires annes. Elles mettent en garde contre la tentation de mlanger APD. et mesures dappui pour endiguer les flux migratoires, ce qui commence se faire en France. | |||
Marie Joannidis | |||
|