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03/03/2009 | |||
La Banque mondiale et le BIT tirent la sonnette dalarme Afrique : la crise frappe aussi le continent | |||
(MFI) La crise financire et conomique mondiale commence frapper lAfrique, aussi bien sur le plan des exportations de ses ressources que sur celui de lemploi ou des transferts des migrants. Les perspectives sont sombres quant lavenir, moins dun redressement rapide de ses partenaires comme la Chine ou des pays dvelopps entrs pour la plupart en rcession. | |||
Du Nord au Sud du continent les inquitudes se font jour, contrairement un certain optimisme affich au dpart, car comme vient de le souligner le Bureau international du travail (BIT), ce qui a commenc comme une crise des marchs financiers sest rapidement transform en une crise mondiale de lemploi . Le chmage saccrot. Le nombre de travailleurs pauvres augmente. Les entreprises sont en difficult. Linquitude monte quant lquilibre, lquit et la durabilit dune mondialisation qui nous a conduits au crash financier , affirme le BIT qui estime que si les tendances actuelles se confirment, il y aura une perte de 18 30 millions demplois dans le monde, et que si la crise saggrave, ce chiffre pourrait monter 50 millions. Le BIT, qui a tenu une runion sur lAfrique fin fvrier Addis-Abeba, sige de lUnion africaine, affirme avoir dj des indications assez fortes sur le choc que la crise reprsente pour cette rgion du monde. Ainsi, dans les mines du Katanga, en Rpublique dmocratique du Congo, entre 300 000 et 350 000 emplois ont t perdus. De mme en Afrique du Sud, considre comme la locomotive conomique du continent, les pertes devraient slever plus de 250 000 emplois essentiellement dans lindustrie minire et automobile. En Zambie, galement, plus de 3 000 travailleurs des mines de cuivre ont t mis au chmage. Les hausses de prix ont dj fait retomber dans la pauvret des millions dindividus Ce point de vue alarmiste est partag par la Banque mondiale qui estime que cette crise prsente de nouveaux dfis pour les pays en dveloppement et quil faut dfendre les plus vulnrables. Selon ses experts, les hausses des prix alimentaires et des combustibles ont dj fait retomber des millions dindividus dans la pauvret et la faim. Le brusque resserrement du crdit et le tassement de la croissance auront probablement pour effet de rduire les recettes des gouvernements et leur capacit investir pour atteindre les objectifs dducation, de sant et de parit homme-femme. Ils entraneront aussi une baisse des dpenses en matire dinfrastructures, qui sont ncessaires au maintien de la croissance. La crise financire compromet laccs des marchs mergents au commerce et linvestissement, et chaque diminution de 1 % des taux de croissance risque de faire basculer 20 millions de personnes de plus dans la pauvret. Daprs lconomiste en chef de la rgion Afrique de la Banque mondiale, Shanta Devarajan, la crise financire mondiale et la rcession qui sensuit auront un triple impact sur lAfrique. Premirement, le ralentissement des apports de capitaux privs pnalisera les conomies qui comptaient sur ces ressources pour financer des investissements dont ils ont grand besoin, en particulier dans linfrastructure. Le Ghana et le Kenya ont dj report lmission dobligations souveraines dune valeur denviron 800 millions de dollars , explique-t-il. Deuximement, les prix des produits de base baissent, ce qui nuit aux exportateurs mais profite aux importateurs . Troisimement, ajoute-t-il, il est probable que les envois de fonds des travailleurs ltranger qui, en Afrique, sont de lordre de 15 milliards de dollars par an, ainsi que laide trangre marqueront un repli. Dans ce contexte, les gouvernements doivent tenir leurs engagements concernant laugmentation de laide aux populations les plus vulnrables. Les domaines prioritaires cls incluent notamment lextension des filets de protection, lducation et la sant, un appui soutenu aux infrastructures ainsi que le financement des petites et moyennes entreprises et des institutions de micro financement. Nouveaux outils de financements La Banque mondiale propose donc de mettre en place plusieurs nouveaux financements. Elle demande aux pays dvelopps de consacrer 0,7 % du montant de leurs plans de relance un fonds daide aux pays vulnrables pour fournir un appui aux pays qui en ont le plus besoin. Elle suggre que les ressources de ce fonds soient pilotes par des organismes bilatraux, des agences des Nations unies, des banques de dveloppement multilatrales (y compris la Banque mondiale) ainsi que des organisations non gouvernementales. Le groupe de la Banque mondiale a dj fait savoir quil pourrait augmenter de manire importante son propre soutien financier aux pays en dveloppement et raffirm son engagement fournir laide dont les pays africains ont besoin Un nouveau mcanisme, dun montant de 2 milliards de dollars, prlev sur lenveloppe de 42 milliards de dollars de lIDA, linstitution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres, vise ainsi aider rapidement ces 78 pays surmonter les effets de la crise financire. Il permettra dacclrer le processus dapprobation des dossiers. En fvrier 2009, la Banque a approuv des dons de 35 millions de dollars lArmnie et de 100 millions la RDC. Le montant des financements de la Banque internationale pour la reconstruction et le dveloppement (BIRD), qui fait partie du mme groupe, devrait par ailleurs tripler par rapport lanne dernire, passant de 13,5 milliards de dollars 35 milliards de dollars, de manire pouvoir rpondre laugmentation de la demande manant des pays partenaires. Enfin, par lintermdiaire de la Socit financire internationale (IFC), la Banque renforce son appui au secteur priv en lanant ou en dveloppant des initiatives cls dun montant de lordre de 30 milliards de dollars pour les trois prochaines annes. Il sagit notamment dun nouveau mcanisme dappui linfrastructure en situation de crise, qui fournirait des financements des projets dinfrastructure financs par des capitaux privs se heurtant des difficults financires. | |||
Marie Joannidis | |||
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