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06/04/2009 | |||
Commerce de fleurs Afrique-Europe : des risques de rcession | |||
(MFI) Les principaux producteurs africains de fleurs coupes, devenues en quelques annes un produit dexportation rentable, redoutent une baisse de la demande en raison de la rcession chez leurs clients du Nord et en particulier en Europe, principal dbouch. Ainsi, lEthiopie, le Kenya et lOuganda ne cachent pas leurs inquitudes pour 2009 quant aux performances du secteur, sauf peut-tre pour les fleurs exotiques qui restent une niche commerciale en expansion. | |||
En Ethiopie, Tsegave Abebe, prsident de lHorticulture Development Association a estim que la rcession qui affecte les pays europens affecte aussi nos revenus . LEthiopie, en effet, sattend ne raliser que 60 % des prvisions de ventes lexportation de fleurs, tablies 280 millions de dollars pour 2009. La Hollande achte 65 % des fleurs thiopiennes et, en 2008, lEthiopie a vendu quelque 1,5 milliards de tiges pour une valeur de 177,6 millions de dollars. Pour faire face la morosit du march europen, ce pays essaye de diversifier ses clients en sorientant vers Duba, lAsie, la Scandinavie, la Russie et les Etats-Unis. Mme crainte exprime en Ouganda qui sattend une baisse de ses exportations conscutive la hausse des cots de production, des prix bas et la faiblesse de la demande. Nous allons vers une anne trs dure. Le cot des intrants est lev, les prix sont devenus trs difficiles Certaines socits nexportent pas. Lanne dernire, nous avons ralis 6 799 tonnes lexportation contre 6 496 t en 2007, et la croissance cette anne sera trs faible , souligne un responsable de lUganda Flower Exporters Association. La demande est faible, et les taux de change dsavantageux Au Kenya, lanalyse est la mme. Si le Kenya Flower Council ne donne pas destimations prcises pour 2009, de nombreux producteurs constatent que le march est morose et que beaucoup dentreprises vont souffrir. Mme si certains esprent que la crise peut avoir un effet positif pour les fleurs knyanes, qui ont une rputation de qualit. Le Kenya est aussi durement affect par la chute de la livre sterling puisque 25 % de ses ventes ont lieu en Grande-Bretagne. Les effets se sont dj fait sentir en 2008 : si les volumes ont augment de 2,2 % par rapport 2007, en valeur les exportations ont chut 40 milliards de shillings (501,2 millions de dollars) contre 43 milliards de shillings en 2007. La mme situation est attendue chez dautres producteurs africains comme lAfrique du Sud (surtout des chrysanthmes), au Zimbabwe qui ptit en outre de sa crise intrieure ou dautres pays comme la Cte dIvoire, la Zambie ou le Sngal. En fait, le prix mondial des fleurs et des plantes est fix aux Pays-Bas, o se trouve le plus grand march mondial, celui dAalsmeer. Dix-neuf millions de fleurs et deux millions de plantes y sont vendus quotidiennement. Le march dAlsmeer fait presque un million de m, soit la plus grande construction commerciale dans le monde. Des techniques sophistiques mais des conditions de travail pnibles La rapidit et les cots des transports ainsi que les normes phytosanitaires sont parmi les dfis que doivent relever les producteurs africains de fleurs, qui sont aussi souvent critiqus par certaines ONG pour les conditions pnibles de travail dans les fermes qui emploient surtout des femmes. Au Kenya, la production de fleurs coupes pour le march europen est devenue un secteur important de lconomie. Les conditions climatiques plus favorables quen Europe, et surtout la main-duvre moins chre, ont conduit de grandes entreprises horticoles, souvent europennes, installer l-bas dimmenses fermes spcialises dans la floriculture. Certaines dentre elles stendent sur des centaines dhectares et emploient plus de 10 000 travailleurs. Pour produire des fleurs la qualit parfaite, les produits les plus performants sont utiliss pour lutter contre les parasites et les maladies. Les techniques les plus modernes sont mises en uvre pour ensuite les acheminer en quarante-huit heures plusieurs milliers de kilomtres, et ce en maintenant en permanence la chane du froid et un taux dhumidit adquat, deux conditions indispensables leur bonne tenue. Il en va tout autrement des salaris : les employs sont le plus souvent des femmes embauches comme salaries temporaires. Pour mieux vendre leurs fleurs en Europe, certains patrons de la floriculture kenyane se sont regroups en une association, le Kenya Flower Council, cense offrir de meilleures conditions de travail aux employes. Le "label" prvoit de verser des salaires suprieurs au minimum fix par le gouvernement knyan. Dans la recherche dune main-duvre moins chre et plus rentable, le Kenya est concurrenc par lthiopie aux cots de production infrieurs de 15 % et qui, de plus, a accs au march europen sans droit de douane, du fait de son statut de pays moins avanc (PMA). La culture des fleurs se fait sous dimmenses serres. Les conditions de travail y sont trs dures, alors que les techniques sont les plus labores : aration et arrosage automatiss, grs par ordinateur en fonction des conditions climatiques... Les fleurs tropicales, une niche commerciale en expansion La floriculture reprsente toujours un espoir pour les producteurs ACP malgr la crise. De nombreux pays ACP jouissent davantages comparatifs concernant la production de fleurs coupes. Ils sont lis au sol, la main duvre, au climat et aux tarifs prfrentiels accords par lUnion europenne. Plusieurs tudes montrent toutefois que transport, stockage et distribution absorbent une large part de la valeur ajoute : la production ne reprsente que 10 % du prix de vente. Des firmes nerlandaises et allemandes se sont implantes dans plusieurs pays ACP afin de contrler sur place la qualit, la distribution et la commercialisation car la plupart des producteurs de fleurs coupes du Sud dpendent de slectionneurs du Nord auxquels ils doivent verser des royalties sur les intrants agricoles. Pour le moment, la croissance de la production dpasse celle de la demande et les pays ACP affrontent la rude concurrence latino-amricaine (Colombie, Uruguay ou Bolivie) et plus rcemment chinoise. Du fait dune offre excdentaire, les prix des fleurs coupes les plus courantes (illets, lys ou roses) ont chut alors que ceux des fleurs exotiques sont plus stables. Les fleurs tropicales constituent une niche commerciale en expansion : orchides, anthuriums, gandasulis, strelitzias (oiseaux de paradis), hliconias et protes sont les espces qui se vendent le mieux. | |||
Marie Joannidis | |||
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