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12/01/2010 | |||
Les infrastructures: un dfi majeur pour l'Afrique | |||
(MFI) La faiblesse des infrastructures en Afrique reste un dfi majeur relever dans les prochaines annes et une priorit court et long terme. Dans un rcent rapport intitul Infrastructure africaine : une transformation imprative, la Banque mondiale estime que l'amlioration des infrastructures ncessite 93 milliards de dollars, dont prs de la moiti sera ncessaire pour mettre niveau la production d'lectricit. | |||
Ces dernires annes, l'Afrique a globalement bien amlior son infrastructure : en 2006, prs de 50 % de la population africaine vivait porte d'un signal de tlphonie mobile GSM. Cinq pays africains ont dj ralis leur objectif du Millnaire pour l'accs universel l'eau, et 12 autres sont en voie de le faire alors que prs de 80 % du rseau routier principal africain est dans un tat acceptable, voire en bon tat, indique la Banque mondiale. Elle souligne toutefois que l'Afrique a encore des dfis d'envergure relever. Ainsi peine un Africain rural sur trois a accs une route praticable en toutes saisons. Plus de 20 % de la population de pays comme le Cameroun, le Ghana, la Mauritanie, le Niger et la Tanzanie doivent parcourir plus de 2 km pour atteindre leur principale source d'eau et les consommateurs africains paient pour leurs services de base deux fois plus que partout ailleurs dans le monde. Dans son tude, la Banque a chiffr ce que cote l'Afrique subsaharienne le mauvais tat de ses infrastructures comme les services d'lectricit et d'eau, les routes et les services de technologie de l'information et de la communication (TIC) : chaque anne, elle perd deux points de pourcentage de sa croissance conomique, et sa productivit est rduite de plus de 40 %. L'infrastructure constitue l'pine dorsale d'une conomie moderne et ses insuffisances ralentissent visiblement la croissance conomique , affirme Viviane Foster, conomiste principale de la Banque mondiale pour l'Afrique. Les services d'infrastructure africains sont mdiocres lorsqu'on les compare aux normes mondiales, et n'ont pas connu d'expansion depuis les annes 1990. De plus, environ 4,2 milliards de dollars dpenss par les gouvernements africains pour subventionner l'nergie et l'eau n'apportent pratiquement que trs peu d'avantages aux populations vulnrables , ajoute-t-elle. L'accs l'nergie lectrique, un impratif Pour atteindre les objectifs du Millnaire pour le dveloppement et raliser ses objectifs nationaux au cours des dix prochaines annes, l'Afrique devra dpenser 93 milliards de dollars chaque anne. Cette nouvelle estimation est plus du double des estimations initiales du cot du retard africain. Les Etats fragiles auront supporter le fardeau le plus lourd pour satisfaire leurs besoins de dpenses en la matire. Une action urgente est donc imprative, dit le rapport, et la crise financire mondiale rend encore plus aigu le besoin d'un effort massif pour moderniser l'infrastructure africaine en fixant des priorits. L'accs l'nergie est essentiel pour la croissance conomique et la rduction de la pauvret. Aucun pays n'a pu dvelopper son conomie sans un apport abondant d'nergie. Aujourd'hui, les pannes de courant chroniques sont monnaie courante dans 30 pays du continent et seul un Africain sur quatre a accs l'lectricit. La capacit de production installe globale des 48 pays d'Afrique sub-saharienne est de 68 gigawatts. Pas plus que celle de l'Espagne ! Les entreprises de nombreux pays africains indiquent que les contraintes lectriques sont l'obstacle le plus important la pratique des affaires. Le Consortium pour l'infrastructure en Afrique (ICA), qui rassemble les pays industrialiss du G8, des agences de dveloppement multilatrales et la Development Bank of Southern Africa (DBSA), estime que la mdiocrit des infrastructures routires, ferroviaires et portuaires augmente de 30 40 % le cot des marchandises changes entre pays africains. Les frais de transport ncessaires pour faire parvenir les importations africaines aux clients situs l'intrieur des terres sont suprieurs de 50 % ceux des autres rgions en dveloppement bas revenus. Gazoduc ouest-africain et initiative du bassin du Nil Ce problme figure aussi au cour du programme-cadre que constitue le Nouveau partenariat pour le dveloppement de l'Afrique (Nepad), qui prvoit court terme des financements de 8 milliards de dollars pour des projets prioritaires destins favoriser l'intgration conomique rgionale et attirer les investissements moyen et long terme ncessaires pour combler le retard. Ces priorits comprennent le gazoduc ouest-africain pour transporter le gaz naturel nigrian vers les pays voisins et alimenter leurs centrales lectriques, la modernisation et l'expansion des quipements de manutention de conteneurs de Mombasa, un port stratgique du Kenya, l'initiative du bassin du Nil destine renforcer la coopration rgionale et la gestion conjointe de ce fleuve, le plus long du monde et qui traverse 10 pays, le renforcement des capacits de gestion et de planification des communauts conomiques rgionales pour assurer le dveloppement transfrontalier des infrastructures. Car le mauvais tat et la faible connectivit des rseaux de transport dans la majeure partie de l'Afrique ne permettent pas nombre de pays de soutenir efficacement la concurrence sur le march mondial. Le rle croissant de la Chine comme financier de l'Afrique subsaharienne La Chine, l'Inde et quelques pays du Golfe participent de plus en plus au dveloppement des infrastructures en Afrique subsaharienne. Leurs engagements d'investissement sont passs de moins d'un milliard de dollars amricains par an, avant 2004, 5 milliards de dollars en 2007, selon un rapport de la Banque mondiale intitul Construire des ponts : le rle croissant de la Chine comme financier de l'Afrique subsaharienne qui montre comment de nouveaux partenariats dans le domaine des infrastructures sont en train de se dvelopper en Afrique, encourags par une demande croissante en matire de ptrole et autres matires premires de la Chine et de l'Inde. Si la Chine a soif de ptrole et de minerais, elle finance en contrepartie des routes et des chemins de fer. Elle s'est rcemment engage mettre la disposition des pays d'Afrique de l'Est des fonds pour financer des projets d'infrastructures cls pour la rgion, dont un deuxime port au Kenya et une ligne de chemin de fer reliant le Kenya et l'Ouganda. De mme l'Inde a augment ses investissements en Afrique tout comme les Etats arabes du Golfe. Selon le secrtaire gnral de la Confrence des Nations Unies sur le commerce et le dveloppement, Supachai Panitchpakdi, le renforcement de l'intgration rgionale est sans doute le meilleur moyen pour le continent de corriger les faiblesses structurelles de ses conomies, en commenant par la dficience d'infrastructures lourdes et lgres. | |||
Marie Joannidis | |||
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