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23/06/2006 | |||
Afrique francophone : bientt la slection lentre des universits ? | |||
(MFI) Laccs des jeunes bacheliers africains aux universits dEtat pourrait bientt se faire sur concours ou sur dossier. Cest notamment ce que lon peut retenir de la confrence organise, du 13 au 15 juin 2006 Ouagadougou, par lAgence universitaire de la Francophonie en partenariat avec la Banque mondiale, sur le thme Lenseignement suprieur au cur des stratgies de dveloppement en Afrique francophone. Les recteurs et autres responsables prsents ces assises repensaient luniversit africaine pour mieux ladapter aux besoins du march de lemploi. | |||
Cest une mini-rvolution qui sannonce dans le domaine de lenseignement suprieur public en Afrique francophone : ladmission des futurs bacheliers dans les universits dEtat aprs une rigoureuse slection. Celle-ci pourrait soprer lissue dun concours ou la suite dune tude minutieuse des dossiers des titulaires du baccalaurat. Le principe de la slection lentre a t recommand par les 170 participants la confrence sur la rforme de lenseignement suprieur qua abrite, mi-juin, la capitale du Burkina Faso. Si les responsables de ce degr denseignement en Afrique francophone prennent en compte cette recommandation, cela signifiera la fin des inscriptions automatiques dans les universits publiques aprs lobtention du baccalaurat. Un double objectif avou : dabord, rserver laccs lenseignement suprieur aux meilleurs et, par ricochet, rendre comptitives les universits dEtat, en leur permettant de former des tudiants de bon niveau, et donc de mettre sur le march de lemploi des diplms dots de solides connaissances. Ensuite, rduire les effectifs dans les universits publiques. Plus de deux millions dtudiants dans moins de dix ans Depuis un peu plus de deux dcennies, ces universits connaissent un vritable boom dmographique . Au Sngal, par exemple, le nombre dtudiants inscrits luniversit Cheikh Anta Diop de Dakar est pass de 20 000 52 000 en lespace de cinq ans. A lheure actuelle, les universits publiques dAfrique francophone comptent environ 800 000 tudiants. Et selon les prvisions, ce chiffre pourrait presque tripler, dici 2015, pour dpasser largement les deux millions. Une telle perspective donne des sueurs froides aux responsables des universits dEtat. Ils sont dautant plus inquiets que les institutions quils dirigent sont actuellement bout de souffle. Elles ne seront pas, dans dix ans, en mesure de faire face au flot dtudiants qui pourrait alors emprunter le chemin des amphithtres. Les universits publiques manquent cruellement de moyens financiers pour se doter dinfrastructures consquentes, les quiper de matriels adquats et augmenter les effectifs des enseignants. Et il fort peu probable que dans les annes venir, leur situation financire samliore. Et pour cause. Ne considrant pas lenseignement suprieur comme une priorit, la Banque mondiale a demand aux pays africains francophones, qui esprent son aide, de rduire de manire drastique les budgets allous aux universits publiques. Seule solution : rgionaliser lenseignement suprieur Cest trs probablement en tenant compte de cette injonction que les participants la confrence de Ouagadougou ont insist sur limportance de lapproche rgionale dans le domaine de lenseignement suprieur. Ils recommandent une meilleure intgration rgionale des universits dEtat : cest en nouant des partenariats entre elles que ces universits publiques pourront se dvelopper avec leurs faibles dotations budgtaires. Traduction : si un pays a, par exemple, une formation dingnieurs trs performante, il devrait consentir y accueillir les ressortissants dautres Etats de la rgion, moyennant une participation financire. Ds lors, les Etats ayant envoy des tudiants en formation dans ce pays nauraient plus besoin de dgager un budget pour ouvrir ou dvelopper une cole dingnieurs chez eux. Largent ainsi conomis pourrait tre investi dans dautres filires de lenseignement suprieur. Selon plusieurs experts ayant pris part aux travaux de Ouagadougou, si toutes ces recommandations sont transformes en mesures par les pouvoirs publics, le blason de lenseignement suprieur en Afrique francophone pourrait tre redor. Et peut-tre assistera-t-on une meilleure matrise des flux migratoires des tudiants africains vers les universits occidentales. Selon un rapport publi en mai 2006 par lInstitut de statistiques de lUnesco, prs de 6 % des tudiants de lenseignement suprieur originaires dAfrique subsaharienne partent tudier en Europe de lOuest et aux Etats-Unis. En termes relatifs, cela fait deux les tudiants les plus mobiles au monde. La plupart dentre eux nont dautre choix que de partir ltranger, notamment en raison de la mdiocrit de la qualit de lducation dans les universits nationales , souligne le rapport. | |||
Gervais Nitcheu | |||
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