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| 14/04/2006 | |||
| La mission encore incertaine de lUnion europenne en RDC | |||
| (MFI) Un contingent europen devrait tre dploy en RDC lors des prochaines lections lgislatives et prsidentielle. Mais son mandat manque singulirement de transparence. | |||
| Un signal politique fort et un moyen de dissuasion contre ceux qui voudraient perturber le processus lectoral . Cest en ces termes que le gnral Philipe Morillon, eurodput et chef des observateurs europens en Rpublique Dmocratique du Congo, a salu la dcision, adopte le 22 mars par Bruxelles, denvoyer des troupes en RDC lors des lections prsidentielles et lgislatives, prvues en juillet prochain. La liste dfinitive des candidats devait tre publie par la Commission lectorale indpendante, Kinshasa, le 15 avril pour la prsidentielle, et le 19 avril pour les lgislatives. La France et lAllemagne constitueront lossature de cette force europenne denviron 1 500 hommes, les deux pays envoyant chacun 500 soldats. Le reste des troupes sera form de militaires de dix autres pays europens, principalement espagnols, polonais, sudois et belges. Seuls 400 hommes seront dploys en RDC. Les autres constitueront une force de raction rapide, dite de dissuasion, prte tre achemine sur place en cas de troubles. On ne sait pas encore o ces renforts seront stationns ; probablement une partie dans un pays proche on parle du Gabon et une autre partie en Europe. Assume par lAllemagne, le commandement de lopration sera bas Potsdam, lun des cinq quartiers gnraux crs au titre de la politique europenne de scurit et de dfense (PESD). De son ct, la France exercera le commandement tactique Kinshasa. Retour en RDC, trois ans aprs Artmis Cest ainsi la deuxime fois que lUnion europenne intervient militairement en RDC. De juin septembre 2003, lopration Artmis avait vu 1 800 soldats europens scuriser la rgion de Bunia, en Ituri (nord-est du pays), alors en proie de violents affrontements interethniques. Les forces onusiennes de la Monuc avaient ensuite pris le relais. Cette opration Artmis avait dailleurs t la premire illustration concrte dune Europe de la dfense, en-dehors de son voisinage immdiat. Depuis, la Brigade franco-allemande est intervenue en Afghanistan. Aujourdhui, cette scurisation des lections en Rpublique Dmocratique du Congo semble avoir un caractre europen accru. En effet, malgr un mandat de lOnu, Artmis avait surtout t une opration franaise europanise , pour reprendre lexpression dun observateur. Paris, nation-cadre de lopration, en avait assum le commandement, fournit 75 % du contingent et financ 90 % du cot. Artmis avait mme t prpare en amont par les forces spciales franaises, lors de lopration Mamba en juin 2003. Cette fois-ci, le commandement est donc allemand et la France ne reprsente quun tiers des troupes. Dune manire gnrale, on sait que Paris souhaite europaniser sa prsence en Afrique. Toujours apparatre en situation de gendarme, cela complique parfois les choses , souligne ce mme observateur. Ainsi, lorigine franco-africain, le programme Recamp (Renforcement des capacits africaines de maintien de la paix) apparat de plus en plus comme un programme europen visant entraner et quiper des bataillons du continent la gestion des conflits, en partenariat avec lUnion africaine (1). Cette europanisation encore balbutiante nest cependant en rien synonyme dune diminution du nombre de soldats franais en Afrique, ni dune remise en cause des accords militaires bilatraux conclus entre Paris et diverses capitales africaines. Tout au plus sagira-t-il terme dune rorganisation du dploiement franais en Afrique. Questions en suspens Plusieurs questions restent cependant en suspens quant au mandat de cette future force europenne en RDC. Sil est certain quelle interviendra en coopration avec les 16 000 soldats de la Monuc, sa comptence territoriale reste encore dfinir. Les 400 soldats dploys dans le pays seront-ils surtout prsents dans la capitale, ou dans les rgions troubles du Katanga et de lIturi ? Aucune certitude. De mme, on ignore encore les conditions dengagement de la force : rpression dventuels troubles ou seule lgitime dfense ? Autant lopration Artmis correspondait un maintien de la paix, autant lide de prvenir de possibles perturbations du processus lectoral apparat ici floue. Le projet, dailleurs, ne sduit gure Berlin. Au sein mme de la Bundeswehr, on sinterroge sur la capacit des soldats allemands mener ce genre de mission lAfrique ntant pas leur terrain de prdilection et on redoute que la force europenne nait pas les moyens de simposer en cas daccrochage. Politiquement, la chancelire, Angela Merkel, et son ministre de la Dfense, Franz Josef Jung, sont demi-mots accuss de stre laisss forcer la main par Paris. Le Parlement allemand doit approuver ou non cet envoi de troupes en RDC au mois de mai. Les Vert et le Parti libral ont dj annonc quils voteront contre, et la CDU, le parti dAngela Merkel, rclame des claircissements quant au mandat du contingent europen avant de se prononcer. Au Parlement de Strasbourg, loppos de lenthousiasme du gnral Philippe Morillon, la dpute Vert Marie-Helne Aubert sinterroge sur la crdibilit dune force europenne de 1500 hommes, dont seulement 400 sur le terrain, dans un pays aussi vaste que la RDC, dont la superficie fait plus de quatre fois la France. En cas de conflit, quoi pourront-ils bien servir ? Il reste encore quelques semaines lUnion europenne pour rpondre ces interrogations. Jean Piel (1) Le 1er mai, Brazzaville, est organis un sminaire de formation, politique et militaire, pour la premire fois encadr par lUnion europenne. | |||
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