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12/05/2006
France - Angola : les choses bougent

(MFI) Hypothques depuis 2000 par laffaire des ventes darmes russes lAngola, dite Angolagate, les relations entre les deux pays reprennent petit petit. Sans que lon puisse parler de rglement du problme dans lattente dune dcision de la justice franaise.

Trois points semblent marquer un certain dgel entre la France et lAngola. Dabord, la venue dans la capitale franaise, fin avril 2006, du ministre angolais des Finances, Pedro de Morais, invit par le Club de Paris pour discuter de la restructuration de la dette de lAngola. Sa dette extrieure est estime 9 milliards de dollars, dont 4,4 milliards dus des cranciers publics. Ses arrirs, ainsi que labsence dun accord avec le FMI, ont jusquici dcourag les investissements trangers ncessaires la reconstruction dun pays sorti depuis trois ans de vingt-huit ans de guerre. Hormis dans les secteurs ptrolier et paraptrolier, car lAngola est dsormais le 2e producteur en Afrique subsaharienne, aprs le Nigeria, et a encore dnormes perspectives, tout comme pour le diamant. Deuxime signe de dgel, la tenue Luanda dune runion internationale sur les droits de lhomme dans le cadre de linitiative franaise RECAMP (Renforcement des capacits Africaines de maintien de la paix), avec de nombreux reprsentants dAfrique centrale. Dernier indice, la demande dagrment officiellement dpose par lAngola pour la nomination dun nouvel ambassadeur Paris. Victor Lima, actuellement en poste au Japon, est un ancien conseiller du prsident Jos Eduardo dos Santos, qui pourrait tre capable de prendre des initiatives pour rgler le contentieux politique.

Fernando Miala, partisan de reprsailles contre les intrts franais ?

Ce rapprochement intervient au moment o le prsident angolais a dmis de ses fonctions un personnage cl du pouvoir, et parmi ses plus proches collaborateurs, Fernando Miala, charg de la scurit extrieure et donc des relations avec la France o il est trs introduit dans les services secrets. Lhomme est considr comme un lment ngatif dans les milieux diplomatiques, Paris, o il passe pour appartenir la tendance dure, celle qui a cherch placer le contentieux au niveau de l'tat et rclam des reprsailles contre les intrts franais en Angola - surtout dans le domaine ptrolier o opre le groupe Total qui, en dehors de menaces verbales, na toutefois pas t ls.
La presse prive angolaise a spcul sur les raisons de ce limogeage. Certains journaux voquent une rivalit froce entre Miala et lautre homme fort de l'entourage prsidentiel, le gnral Helder Viera Dias, dit Kopelipa , charg de la maison militaire , la prsidence. Dautres parlent dun affrontement direct avec dos Santos, qui prpare des lections prvues en 2007. On ne sait dailleurs pas sil sera le candidat du parti au pouvoir, le MPLA, anciennement marxiste, ou sil se retirera, comme il lavait un temps affirm. Des rumeurs circulent sur sa sant, ses deux visites au Brsil, o il aurait t hospitalis ou examin, ayant suscit bien des interrogations. Ainsi, pour Folha 8 : Le prsident de la Rpublique, trs malade, est lotage de Kopelipa () qui a mis la rue Miala qui exerait un contrepoids face son pouvoir - do cette rivalit .

LAngolagate, une affaire de ventes darmes russes lAngola

Le contentieux franco-angolais a clat en France fin 2000 avec les poursuites judiciaires contre lhomme daffaires franco-brsilien Pierre Falcone et son associ russe Arkadi Gaydamak, impliqus dans une affaire de ventes darmes russes lAngola, transaction faite travers une filiale en France. LAngolagate - en rfrence au scandale amricain du Watergate -, avait fait surface en Angola dans les annes 1990, en pleine guerre civile, la suite dune enqute mettant en cause les deux hommes, considrs par le gouvernement angolais comme des agents officiels . Plusieurs personnalits politiques franaises, de gauche comme de droite, suspectes davoir bnfici de commissions occultes, avaient t mises en cause. Le chef de lEtat angolais avait personnellement crit au prsident franais, Jacques Chirac, demandant le retrait des plaintes pour fraude fiscale et vente illicite darmes. Il boude depuis le Midi de la France o il avait lhabitude de passer ses vacances.
Les Angolais attendent toujours que le ministre franais de la Dfense retire la plainte pour ventes darmes, dpose lpoque du gouvernement socialiste de Lionel Jospin, nacceptant pas largument maintes fois rpt par les autorits franaises que le pouvoir judiciaire est indpendant du pouvoir excutif. En 2002 et 2003, le ballet diplomatique entre Paris et Luanda laissait augurer une normalisation des relations, dautant quil existait des convergences de vues entre les deux capitales sur la sauvegarde de lintgrit territoriale de la RDC et le retour de la paix dans cette rgion dAfrique centrale. Mais ces visites n'ont gure fait progresser les choses.

Arkadi Gaydamak a tent dacheter le quotidien France Soir en faillite

Dernier pisode de la querelle : les autorits angolaises ont accord en 2003 Pierre Falcone, libr contre une norme caution et toujours sous contrle judiciaire, le statut de conseiller diplomatique de leur dlgation auprs de lUnesco, dont le sige est Paris. Le juge Philippe Courroye, charg de laffaire, a lanc un mandat d'arrt international contre Falcone, coupable selon lui de ne pas avoir rpondu, deux reprises, ses convocations et davoir quitt le territoire franais, violant ainsi le contrle judiciaire qui lui tait impos. Pour ses avocats, Falcone, qui sjourne souvent en Angola, bnficie d'une immunit diplomatique permanente. Toutefois, le juge estime que la Convention de Vienne sur le statut diplomatique ne porte que sur des actes officiels, accomplis dans l'exercice des fonctions. Dernire ironie du sort, lautre compre, le milliardaire franco-russe Arkadi Gaydamak, exil en Isral et recherch galement par la justice franaise, a tent rcemment dacheter le quotidien franais France Soir, en faillite. Le tribunal de commerce de Lille a refus cette solution, pourtant soutenue par le personnel du journal. Tout le monde attend prsent les conclusions du juge Courroye. Va-t-il estimer quil sagit dun trafic darmes impliquant aussi les autorits angolaises ou simplement dune fraude fiscale et dune violation des rgles rgissant les ventes darmes par des ressortissants franais ?

Marie Joannidis

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