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| 23/06/2006 | |||
| Limmigration en Espagne Ltat durgence face lafflux dimmigrs clandestins africains | |||
| (MFI) Aprs le verrouillage des enclaves de Ceuta et Mellila, ce sont les les Canaries qui ont t prises dassaut par des vagues dimmigrants clandestins provenant dAfrique subsaharienne. Pour stopper ces flux, le gouvernement socialiste de Jos Luis Rodriguez Zapatero a multipli les initiatives. Madrid a lanc en mai 2006 un Plan Afrique et a mobilis dans le mme temps ses partenaires europens pour traiter cette question lchelle communautaire. | |||
| Aprs les images choc doctobre 2005 des immigrs clandestins lassaut des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc, ce sont celles des Africains embarqus sur des pateras (embarcations de fortune) destination de leldorado europen et dbarqus aux les Canaries qui ont fait la une des journaux. De fait, lEspagne se trouve confronte une vague massive dimmigrs clandestins en provenance dAfrique subsaharienne, quil faut toutefois relativiser par rapport lensemble des immigrs clandestins en Espagne, majoritairement roumains et bulgares. Ainsi, sur un total de 31 000 expulsions de clandestins ralises entre janvier et mai 2006, selon le gouvernement espagnol, on ne compte que prs de 9 400 originaires dAfrique subsaharienne. Mais lvolution des flux en provenance dAfrique subsaharienne, ayant doubl, nen demeure pas moins spectaculaire. Sur la ligne de front de lEurope Do limpratif pour lEspagne de trouver des solutions ce phnomne avant quil ne prenne trop dampleur. Car le pays se trouve de par sa situation gographique sur la ligne de front de lEurope. Comme il est dit en prambule du Plan Afrique, lAfrique subsaharienne constitue notre frontire sud et son destin est troitement li au ntre . De ce fait, Madrid sest tourne vers lUnion europenne (UE) pour obtenir de laide, concrtise en juin 2006 par le dblocage de 2,1 millions deuros destins mettre en place une premire patrouille en mer europenne conjointe. Dix pays europens devaient participer cette patrouille, quipe de cinq vedettes rapides, de cinq hlicoptres et dun avion. Dans le mme temps, lEspagne sest positionne comme lun des lments moteur de la stratgie de lUE pour lAfrique. Elle a particip activement llaboration des priorits daction en matire de migrations dcides sur lAfrique et la Mditerrane par le Conseil de lEurope en dcembre 2005. LEspagne sest galement implique dans la Facilit de soutien la paix de lUE et, sur le terrain de la coopration, par le biais du 10e Fonds europen de dveloppement (FED), au sein duquel Madrid a augment sa contribution, qui atteint dsormais 7,85 %. Enfin, cest lEspagne qui a lanc avec le Maroc lide dune confrence euro-africaine sur limmigration laquelle devaient participer pour la premire fois ensemble des reprsentants de pays dorigine, de transit et daccueil. LEspagne a galement dcid de mettre en oeuvre une vritable stratgie lgard de lAfrique subsaharienne au travers de son Plan Afrique (2006-2008) labor en mai 2006. Son aide au dveloppement aux pays de cette rgion va ainsi passer 90 millions deuros en 2006 (contre 33 millions en 2003) et dpasser 120 millions en 2008, quadruplant ainsi les efforts consacrs cette rgion. Ce plan sarticule autour de sept grands objectifs, dont le dveloppement de la coopration pour rguler de faon adquate les flux migratoires en provenance de la rgion dAfrique subsaharienne et pour combattre le trafic illgal des personnes. Priorit aux accords de radmission Il est prvu dans le cadre du Plan Afrique de renforcer le contrle des frontires et dimpulser des mesures visant lintgration des collectifs dimmigrs, en renforant le rle des diasporas en Espagne et en Europe. Sur le plan bilatral, lEspagne entend signer au plus vite des accords de radmission avec des pays considrs comme prioritaires : Sngal, Mali, Ghana, Cameroun, Cte dIvoire, Cap-Vert, Guine-Conakry et Gambie. Des accords ont dj t conclus avec le Nigeria et la Guine-Bissau. A cet effet, il est prvu de renforcer la prsence diplomatique en Afrique en ouvrant de nouvelles ambassades au Mali, au Cap-Vert et au Soudan. Les ambassades dj existantes en Afrique (Angola, Cameroun, Cte dIvoire, thiopie, Gabon, Ghana, Guine quatoriale, Kenya, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Nigeria, RDC, Sngal, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe) seront galement renforces. En outre, un ambassadeur spcial charg des questions dimmigration, Miguel Angel Mazarambroz, a t nomm Dakar. Sa mission : chapeauter durant trois six mois une mission charge de mettre en oeuvre les accords de rapatriement avec six pays chauds dmigration : le Sngal, le Niger, la Gambie, la Guine Bissau, la Guine Conakry et le Cap-Vert. Sur le terrain, les oprations de retour des immigrs clandestins vers leur pays dorigine sont dlicates. Un premier accroc a eu lieu avec le Sngal dbut juin 2006, alors que venait de dbuter le rapatriement de 623 immigrs sngalais irrguliers arrivs aux Canaries. Dnonant le fait quune partie des passagers avaient t menotts dans lavion qui les ramenait vers Dakar, le gouvernement sngalais a dcid de suspendre les vols de rapatriement en rclamant Madrid de rapatrier ces migrants clandestins dans le respect de la vie humaine. Pour le gouvernement espagnol, la lutte contre limmigration clandestine passe aussi par une politique de rgularisation. En 2005, quelque 560 000 travailleurs trangers ont t rgulariss au grand dam de lopposition. Le dput du Parti populaire, Pio Garcia Escudero, a ainsi dnonc le fait que le gouvernement avait cr un effet dappel . Les mafias et les immigrants savent quaujourdhui en Espagne celui qui na pas de papiers va pouvoir rester , a t-il dclar. Cette politique de rgularisation massive a entran une augmentation de 30 % de la population trangre officielle entre 2004 et 2005 : selon lOCDE, lEspagne comptait 2,6 millions dtrangers rsidant lgalement dans le pays fin 2005. LAfrique reste largement minoritaire, avec une communaut maghrbine qui est la plus reprsente. Sur un total de 1,9 million dtrangers en 2004, on comptait 387 000 Marocains et 270 000 Algriens. Les Equatoriens sont la deuxime communaut trangre la plus importante (221 000 en 2004). Les flux des Equatoriens taient beaucoup plus importants auparavant, mais lintroduction dune politique de visas leur gard a fortement limit cette tendance. | |||
| Isabelle Verdier | |||
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