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07/07/2006 | |||
Rpublique dmocratique du Congo Mobilisation sans prcdent de la communaut internationale | |||
(MFI) La recherche de la paix et le soutien la transition dmocratique en Rpublique dmocratique du Congo (RDC) a suscit une mobilisation sans prcdent de la communaut internationale, la fois sur le plan politique, militaire et conomique et a permis lAfrique du Sud de saffirmer en tant que puissance continentale capable de jouer les mdiateurs. | |||
La prsence partir de 1998 sur le territoire congolais, notamment dans lest du pays, darmes de sept pays africains, sans compter divers groupes arms et milices, a provoqu des ondes de choc non seulement dans la zone mais aussi aux Nations unies (Onu), jusquau sein du Conseil de scurit. Limplication internationale en RDC sest traduit par un engagement de plus en plus important dans la rgion, illustr par le renforcement progressif des effectifs et du mandat de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), devenue la plus importante opration de maintien de la paix dans le monde. Paralllement, les principaux pays occidentaux ont utilis tous les moyens de persuasion leur disposition pour apaiser le conflit et prparer le pays ses premires lections dmocratiques. Depuis son indpendance de la Belgique en 1960, lex-Zare a t marqu par trente-deux ans de dictature sous Mobutu Sese Seko, vinc avant sa mort par Laurent Dsir Kabila en 1997. Assassin en 2001, ce dernier a t remplac par son fils Joseph Kabila, donn favori pour llection prsidentielle dont le premier tour est fix au 30 juillet 2006. Un rle dterminant pour lONU La Monuc a t cre fin 1999 suite aux Accords de Lusaka visant mettre fin au conflit et encourager le retrait de toutes les troupes trangres du territoire congolais. Le Conseil de scurit avait vot une rsolution autorisant le dploiement en RDC dune modeste quipe de liaison de lOnu de 90 membres. Les oprations se sont trs vite dveloppes. Au 30 juin 2005, la Mission comptait plus de 18 000 hommes dont plus de 16 193 soldats. Mais, dans un pays de plus de 56 millions dhabitants avec une superficie (2 345 410 km) 80 fois plus grande que la Belgique et 5,5 fois plus grande que la France, ayant neuf pays voisins, mme cet effectif est considr comme insuffisant. La Monuc, dirige par le reprsentant spcial du Secrtaire gnral de lOnu, lancien ambassadeur amricain Lacy Swing, est actuellement la plus grande des 18 missions de maintien de la paix de lOnu et la plus coteuse avec un budget annuel de prs de 1 milliard de dollars. Son mandat lautorise utiliser tous les moyens ncessaires pour dissuader toute tentative de recours la force qui menacerait le processus politique, de la part de tout groupe arm, tranger ou congolais. Ds le lancement de la campagne lectorale, le Conseil de scurit a prorog pour trois mois, jusquau 30 septembre, laugmentation temporaire de leffectif de la Monuc dans le pays destin assurer le bon droulement du scrutin. LOnu a collabor troitement avec lOrganisation internationale de la Francophonie (voir encadr). Quelque 25,5 millions dlecteurs sont appels voter pour 33 candidats la prsidentielle, plus de 9 000 candidats aux lgislatives nationales et plus de 10 000 candidats aux assembles provinciales. En fait, le nombre de candidats la prsidence risque de diminuer fortement, des transactions y compris financires tant en cours pour former des regroupements politiques appels plate-formes qui se traduiront par des dsistements. Trois grands candidats mergent pour linstant : le prsident de la transition Joseph Kabila, un des quatre vice-prsidents Jean-Pierre Bemba, dirigeant du MLC, et Pierre Pay Pay, ancien ministre des Finances sous Mobutu. Entre en scne dune force europenne LUnion europenne (UE) a dcid de mettre sur pied la force Eufor RDCongo, sous commandement allemand, charge du soutien de la scurisation des lections auprs de la Monuc et qui se veut impartiale. Les premiers lments de la force europenne, oprationnelle compter du 29 juillet 2006, sont arrivs fin juin pour prparer larrive de 800 hommes Kinshasa ; lEufor aura un mandat de quatre mois. En outre, 1 200 soldats faisant partie dun dispositif stratgique seront stationns sur une base franaise Libreville au Gabon, et une rserve de quelque 1 500 militaires sera stationne en Europe. Vingt pays de lUnion europenne participent lEufor, un tiers des forces tant fourni par les Allemands, un tiers par les Franais et un tiers par les autres nations. LUE assure par ailleurs prs de 80 % du cot du processus lectoral estim plus de 430 millions de dollars. Les principaux pays occidentaux Etats-Unis, France, Grande-Bretagne ainsi que la Belgique, ancienne puissance coloniale ont accompagn depuis le dbut les efforts dploys pour ramener la paix et soutenir Joseph Kabila. Sur le terrain, le Comit international daccompagnement de la transition en RDC (CIAT), prvu par lAccord global et inclusif du 17 dcembre 2002, a veill au bon droulement du processus qui a abouti ladoption dune constitution et la prparation des lections. Le CIAT, prsid par Lacy Swing, comprend les cinq membres permanents du Conseil de Scurit de lOnu (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), la Belgique, le Canada, lAfrique du Sud, lAngola, le Gabon, la Zambie, lUnion europenne, lUnion africaine et la Monuc. Si la France, critique pour ses relations avec Mobutu soutenu dailleurs lpoque par les Etats-Unis et lancien rgime rwandais dont des responsables devaient perptrer le gnocide de 1994, sest toujours prononce clairement pour lunit de la RDC, Amricains et Britanniques ont volu au fil des ans. Ils ont ainsi fini par faire pression sur leurs partenaires traditionnels, lOuganda et le Rwanda, pour quils retirent leurs troupes du territoire congolais et soutiennent le processus de paix. La communaut internationale sest aussi mobilise pour aider au redressement de la RDC. Kinshasa a ainsi bnfici du soutien du FMI, qui a dj allg sa dette extrieure, et de celui de la Banque mondiale qui gre prs de quatre milliards de dollars, promis par les bailleurs de fonds en dcembre 2003 sur une priode de trois ans, dont un peu plus dun milliard pour 2004. LAfrique du Sud, puissance panafricaine Limplication de lAfrique du Sud en RDC a confort son rle de puissance continentale en dehors de sa sphre dinfluence dAfrique australe, malgr des rticences initiales quant lenvoi dobservateurs militaires aux cts de la Monuc. Attire surtout par le potentiel minier de la RDC, elle a dabord soutenu Laurent Dsir Kabila, considr par Pretoria comme un des nouveaux dirigeants de la Renaissance africaine , avant de dchanter. Traumatiss par le gnocide au Rwanda, les Sud-Africains ont eu de la peine prendre leurs distances et notamment condamner les dirigeants de Kigali pour leur intervention dans lest de la RDC et le pillage des ressources de la rgion. Mais ils ont peu peu pris les choses en main, poussant aux accords de Pretoria et de Sun City qui ont permis le retrait progressif des troupes trangres et la mise en place du processus de transition entre Joseph Kabila et les chefs de guerre qui avaient pris les armes contre son pre en 1998. Les Sud-Africains participent ainsi la fois au processus politique et militaire ; ils ont notamment financ les bulletins lectoraux. Marie Joannidis Lexpertise de lOIF au service de la RDC (MFI) Depuis avril 2004 et le sminaire international sur la gestion de la transition en RDC quelle a organis Kinshasa, lOrganisation internationale de la Francophonie (OIF) a mis son expertise au service de la dmocratisation des instances politiques et llaboration des textes fondamentaux y compris la loi lectorale promulgue en mars 2006. LOIF sest notamment penche sur le domaine sensible du rglement des contentieux lectoraux qui pourraient survenir. Elle a ainsi mis sur pied, avec laide du Programme des Nations unies pour le dveloppement, un programme de formation et dassistance juridique en faveur des juridictions congolaises : cour suprme de justice pour les lections prsidentielles et lgislatives, cours dappel pour les lections provinciales, tribunaux de grande instance pour les lections urbaines et tribunaux de paix pour le contentieux des lections locales. Autre activit importante, le renforcement des capacits des magistrats et des juristes de la Commission lectorale indpendante avec la formation, en avril 2006, de formateurs sur le contentieux des candidatures. Sinspirant de son exprience en Rpublique centrafricaine, la Francophonie a aussi mis la disposition de la cour suprme et des cours dappel une cellule dassistance juridique constitue dexperts de haut niveau et de responsables dinstitutions homologues. LOIF doit par ailleurs dpcher une importante mission dobservation du premier tour des lections prsidentielles et lgislatives en juillet 2006, conformment lengagement pris dans la Dclaration de Bamako ainsi qu la demande des autorits congolaises et des partenaires du processus lectoral comme la Monuc et le CIAT. M. J. Les bnfices de la reconstitution de larme congolaise se font attendre (MFI) Prvue par laccord de Sun City, la cration dune nouvelle arme congolaise sous le nom de Forces Armes de la RDC, FARDC compose des troupes des signataires de la paix a t considre par les donateurs comme une tape essentielle pour la restauration de lEtat congolais. Rendu public en mai 2005, le plan stratgique de reconstitution de larme est graduel et comporte trois phases lhorizon 2010 : la cration de brigades dinfanterie avant les lections, la cration dune force de raction rapide pour scuriser les lections et ltablissement dune arme complte dici 2010. Jusqu prsent, la reconstitution en est encore la premire phase : ltat-major intgr a t mis en place en 2003 en calquant la composition du gouvernement de transition ; les chefs des 11 rgions militaires du pays et leurs tats-majors rgionaux ont t nomms, selon la mme logique de partage, en janvier 2004 ; grce limplication de lAfrique du Sud, de lAngola, de la Belgique, de la France et de lUnion europenne qui a cr pour loccasion une mission dassistance militaire sous direction franaise (EUSEC), le brassage et la formation des diffrentes units ont dbut ds 2004. En deux ans, sept brigades ont t mises sur pied et rapidement dployes dans les zones les plus chaudes de la RDC (lIturi dabord, puis les Kivus). La fusion des ex-belligrants (soldats du MLC, FAC, Ma-Ma, RDC-G, APC, etc.) en une arme nationale, loyale et discipline implique que tous les signataires de laccord de paix acceptent de se priver de leur force de frappe, cest--dire dabandonner leurs armes et leurs troupes. Jusqu prsent, ils ne lont fait quavec rticence, tandis que les Ma-Ma refusent souvent dtre affects hors de leur rgion dorigine ; en outre, le processus dintgration sest heurt au dlicat problme du recensement des soldats. Lors de laccord de Sun City, les belligrants avaient dclar 220 000 hommes, chiffre qui avait volu jusqu 340 000 avant dtre rvis 240 000 par le Conseil suprieur de Dfense en 2004. Deux recensements trangers (par lAfrique du Sud et lUnion europenne) ont conclu que le gouvernement gonflait ses effectifs dau moins 50 % (ils sont actuellement valus par lUnion europenne 109 000 hommes au maximum). Peu nourris et pratiquement pas pays (la solde est de 10 $ par mois pour un homme de troupe), les FARDC retournent leurs vieux dmons (pillages, harclements des populations, implications dans les activits minires, dsertions, etc.). Alors que le chef dtat-major reconnat des retards de paiement et effectue des causeries morales dans les casernes afin de rtablir la discipline, la population civile continue vivre dans la crainte dune soldatesque cense la protger. Les bnfices de la reconstitution dune arme nationale en termes de scurit (le contrle des frontires pour mettre fin aux infiltrations trangres, la disparition des milices par intgration dans larme) et dEtat de droit (la fin des violations massives des droits de lHomme) se font donc toujours attendre et les FARDC ne semblent pas fondamentalement diffrents de leurs prdcesseurs, quil sagisse des Forces armes zaroises de Mobutu ou des Forces armes congolaises de Kabila pre. Thierry Vircoulon | |||
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