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18/08/2006 | |||
Questions internationales (2): Cuba | |||
Cuba : lattentisme prudent des Etats-Unis (MFI) La Maison Blanche espre depuis longtemps la chute du rgime castriste. Mais aujourdhui, elle redoute un exode massif de Cubains. Tout en promettant ne pas vouloir intervenir sur lle en cas de dcs de Fidel Castro, les autorits amricaines reconnaissent avoir adopt un plan pour favoriser une transition dmocratique. Quelle a t la raction de Washington lannonce du retrait de Fidel Castro ? Washington na jamais fait mystre de sa volont de voir la chute du rgime castriste. Un tel scnario serait considr comme une victoire par ladministration Bush qui a renforc les sanctions conomiques contre La Havane en 2003. Mais paradoxalement, au moment o les plus grands doutes psent sur ltat de sant de Fidel Castro, cest la prudence qui domine parmi les dirigeants amricains. Les Etats-Unis semblent avant tout soucieux de dcourager lexode massif de Cubains en cas de dcs du Lider Maximo. Tout au plus les procdures de regroupement familial autour de la diaspora pourraient-elles tre facilites. Dmentant les rumeurs qui courent La Havane sur une possible intervention militaire amricaine, George Bush dclarait dbut aot : Au moment o Cuba a la possibilit de passer dune tyrannie une socit diffrente, cest aux Cubains de dcider de leur avenir. Quel plan les Etats-Unis ont-ils adopt pour influer sur laprs-Castro ? Ladministration Bush a cr, en 2003, la Commission pour laide un Cuba libre, coprside par la secrtaire dEtat, Condoleezza Rice, et le secrtaire au Commerce dorigine cubaine, Carlos Gutirrez. Cette commission a remis son rapport dbut juillet, avec un but affich : affaiblir Fidel Castro et promouvoir la dmocratie Cuba. Ce rapport prconise de consacrer 80 millions de dollars sur deux ans la propagande contre le rgime et dintervenir si le leader historique meurt. Washington doit sassurer quil ne sagit pas dune succession, mais dune transition , crit le rapport. Sur ces 80 millions de dollars, 31 seraient consacrs soutenir la socit civile ; 10 millions financer les tudes de jeunes Cubains ltranger ; 24 millions la diffusion de programmes de radio et de tlvision anticastristes ; 15 millions favoriser les efforts internationaux en faveur de lopposition cubaine. Est aussi voque une aide annuelle de 20 millions de dollars pour des programmes en faveur de la dmocratie . A en croire le Miami Herald, le rapport comprend aussi une annexe classifie pour raisons de scurit nationale et par souci defficacit . Ce que le prsident de lAssemble populaire cubaine, Ricardo Alarcon, a dnonc comme un plan secret pour renverser un gouvernement tranger souverain . Les Etats-Unis peuvent-ils vraiment peser sur le cours des vnements Cuba ? Selon Larry Birns, directeur du Conseil des affaires interamricaines Washington, les Etats-Unis ne sont plus tout puissants en Amrique latine. Le continent a majoritairement vir gauche, ce qui ne signifie pas que des dirigeants modrs, comme en Argentine ou au Chili, approuvent le rgime castriste. Mais ils napprouvent pas non plus les aventures amricaines. Par contre, le vnzulien Hugo Chavez et le bolivien Evo Morales sont deux allis importants de Fidel Castro . Au demeurant, la Commission pour laide un Cuba libre recommande de contrer laxe Venezuela-Cuba et pointe du doigt Hugo Chavez qui ne cache pas son admiration pour Fidel Castro- comme le personnage central dont la richesse ptrolire pourrait rendre possible la prolongation dun rgime communiste aprs la mort de Castro . Pour peser sur le cours des vnements, il faut aussi tre bien accueilli localement. Or le sentiment anti-amricain est trs fort Cuba. Comme le raconte Ulises, un tudiant de La Havane interrog par Le Nouvel Observateur : Nous ne voulons pas que les Amricains soient impliqus ici. Tout dissident proche de Washington perd sa crdibilit. Le systme Castro na plus davenir, mais cest notre pays. Personne ne peut le changer notre place, et personne ne peut changer Cuba rapidement . Mme le Financial Times, quon ne peut gure souponner de sympathie communiste, estime quun changement radical Cuba serait dangereux pour la rgion. Comme lcrit son ditorialiste, Cuba est une dictature centre sur le culte de Fidel Castro. Mais le Parti communiste y est plus lgitime qutaient ceux des ex-pays de lest. Larme cubaine est stable et coopre avec ses voisins contre le trafic de drogues () La transition semble donner une place plus grande de jeunes dirigeants communistes qui ont montr par le pass une certaine tolrance envers une conomie librale () Dans ces conditions, les Etats-Unis et lUnion europenne doivent encourager des rformes dmocratiques, mais aussi tendre la main aux prochains dirigeants. Quid de la diaspora cubaine aux Etats-Unis ? Personne nimagine un retour massif des exils cubains vers la grande le. Ceux qui ont fui en 1959 taient souvent proches du prsident Fulgencio Batista qui, en termes de dictature, navait rien envier Castro. Leurs enfants ne sont jamais alls Cuba et ne connaissent rien au pays. Ils se sentent amricains, pas cubains. Les observateurs nimaginent pas non plus un retour massif des dissidents exils pour raisons politiques ou des migrs conomiques qui ont fui ces dernires annes sur des embarcations de fortune. Au demeurant, les manifestations de joie lannonce du dpart de Fidel Castro, le 31 juillet, nont rassembl que quelques centaines de personnes sur 800 000 Cubains installs aux Etats-Unis. Cette diaspora pourra par contre apporter une assistance financire, technique, humaine, en cas douverture conomique de son ancienne patrie. | |||
Jean Piel | |||
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