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01/09/2006 | |||
Les dix premiers sommets de la Francophonie | |||
1er Sommet de la Francophonie : Versailles 17/19 fvrier 1986 Vers un Commonwealth la franaise ? . Les 42 participants 16 chefs dEtat Burundi : Jean-Baptiste Bagaza Centrafrique : Andr Kolingba Comores : Ahmed Abdallah Abderemane Cte dIvoire : Flix Houphout-Boigny Djibouti : Hassan Gouled Aptidon France : Franois Mitterrand Gabon : Omar Bongo Guine-Bissau : Joao Bernardo Vieira Liban : Amine Gemayel Madagascar : Didier Ratsiraka Mali : Moussa Traor Mauritanie : Maaouya Ould SidAhmed Taya Rwanda : Juvnal Habyarimana Sngal : Abdou Diouf Togo : Gnassingb Eyadma Zare : Mobutu Sese Seko 10 chefs de gouvernement Belgique : Wilfried Martens Canada : Brian Mulroney Luxembourg : Jacques Santer Monaco : Jean Ausseil Niger : Hamid Algabid Nouveau-Brunswick : Richard Hatfield Qubec : Robert Bourassa Sainte-Lucie : John Compton Tunisie : Mohamed Mzali Vanuatu : Walter Lini 16 autres chefs de dlgation Belgique : Philippe Monfils, ministre - prsident de la Communaut franaise Bnin : Girigissou Gado, ministre de lEquipement et des transports Burkina Faso : Henri Zongo, ministre de la Promotion conomique Congo : Antoine Ndinga-Oba, ministre des Affaires trangres Dominique : Eugnia Charles Egypte : Boutros Boutros-Ghali, ministre des Affaires trangres Guine : Jean Traor, ministre des Affaires trangres Hati : Rosny Desroches, ministre de lEducation nationale Laos : Thongsay Bodhisane, ambassadeur en France Louisiane : Darrel Hunt, commissaire adjoint au Budget Maroc : Abdellatif Filali, ministre des Affaires trangres Maurice : Gatan Duval, vice-Premier ministre Seychelles : Jacques Hodoul Suisse : Edouard Brenner, secrtaire dEtat aux Affaires trangres Tchad : Gouara Lassou, ministre des Affaires trangres Vietnam : Cu Huy Can, ministre dlgu . La confrence Pour sa premire dition, cest dans les dcors somptueux du chteau de Versailles que sest ouvert le Sommet des pays ayant en commun lusage du franais - communment baptis Sommet de la Francophonie - que ses initiateurs, tel Lopold Sdar Senghor, prvoyaient comme une sorte de Commonwealth la franaise. "La Francophonie est une communaut dsireuse de compter ses forces pour affirmer ses ambitions" a, alors, dclar le prsident Franois Mitterrand, en ouvrant les travaux de ce premier Sommet. Le chef de ltat franais a, ensuite, fait valoir que la communaut francophone, "dont lidentit est menace", se devait davoir "un rflexe vital contre la mortelle abolition des diffrences", sous peine d"tre trs souvent condamne un rle de sous-traitant, de traducteur ou dinterprte... Nous sommes l autour dune langue porteuse dune culture, dune civilisation laquelle chacun ajoute son propre apport..." Et dappeler les participants la confrence " collaborer, cooprer, co-produire et rendre plus fertile un patrimoine commun dont nous savons que la diversit est la premire richesse... Nous sommes au commencement dune oeuvre durable qui sinscrira dans les temps qui viennent, car, au travers dune langue commune, cest un mouvement de la pense, cest toute une action qui se dessine..." Pour le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, un des promoteurs de ce Sommet, depuis quil a rgl le vieux diffrend qui opposait le Canada et le Qubec sur le niveau de la reprsentation : "Pour ne pas dcevoir, ce Sommet doit imprimer un second souffle la Francophonie, lengager dans les voies de lavenir et dboucher sur des rsultats visibles et palpables..." En soulignant que son pays pensait particulirement linformatique, aux banques de donnes linguistiques et la traduction automatique. Entre autres intervenants, le Premier ministre tunisien, Mohamed Mzaki, a, quant lui, rappel que "nos cultures sont en pril" et quil est "vital de constituer un rassemblement conomique, scientifique et technologique qui puisse, en labsence dun vritable dialogue Nord-Sud, tablir une solidarit concrte entre pays riches et pays dmunis... Dans la concertation, nous pensons pouvoir tablir un front contre la pauvret". Pour sa part, le Premier ministre qubcois, Robert Bourassa, propose dexaminer, dune manire approfondie, la possibilit dtablir "un nouveau Plan Marshall" qui permettrait le transfert des surplus alimentaires accumuls grands frais par les pays riches aux pays du Tiers-monde qui en ont besoin". Dans un message adress au Sommet par le chef de lEtat burkinab - reprsent par son ministre de la Promotion conomique - le capitaine Thomas Sankara souligne que la langue franaise a dabord t celle du colonisateur, et quaujourdhui, son pays lutilise "non plus comme le vecteur dune quelconque alination culturelle, mais comme un moyen de communication avec les autres peuples". La langue franaise, doit, selon lui, "accepter les autres langues comme expressions de la sensibilit des autres peuples". Et de conclure en affirmant que son pays "attend beaucoup de la culture des autres pour senrichir davantage..." Bien videmment, des sujets plus politiques et conomiques ont galement t abords. Ainsi, le prsident sngalais, Abdou Diouf, prsident en exercice de lOUA, a demand "lapplication effective et immdiate des sanctions conomiques contre lAfrique du Sud", seul moyen de "mettre rapidement fin lapartheid", et propos la tenue dune confrence internationale sur lAfrique du Sud le 16 juin 1986, date du dixime anniversaire du soulvement de Soweto. Abordant, ensuite, le problme de la dette africaine, le chef de lEtat sngalais a mis, une nouvelle fois, en avant lide dune taxation des activits darmement, qui serait redistribue au profit du dveloppement. Le prsident malgache, Didier Ratsiraka, a, quant lui, rappel la proposition dune confrence internationale sur la dette africaine, dont le principe avait t retenu lors du dernier Sommet franco-africain en dcembre 1985. . Les dcisions pratiques Voici le rsum des principales "dcisions pratiques" vingt-huit au total du Sommet francophone, annonces par M. Mitterrand mercredi 19 fvrier. Un "comit du suivi" a t constitu pour surveiller lapplication de ces mesures : il comprend la Communaut franaise (Bruxelles-Wallonie) de Belgique, le Burundi, le Canada, les Comores, la France, le Liban, le Maroc, le Qubec, le Sngal et le Zare. - Cration dune "agence internationale francophone dimages de tlvision" (actuellement 98 % dentre elles sont fournies par des agences anglo-saxonnes). Financement, 16 millions de FF par an, dont 5 millions fournis par la France ; - la tlvision par cble TV5 (France, Belgique, Suisse romande, Canada et Qubec) verra son champ de diffusion tendu lAmrique du Nord, la Mditerrane et lAfrique (le Maroc peut dj la capter). Mise franaise supplmentaire : 29 millions de FF ; - partir de 1987, la France ouvrira des "programmes francophones" lun des quatre canaux disponibles sur le futur satellite de tlvision directe TDF 1 ; - constitution dun groupe de travail qui remettra en 1986 son rapport sur lextension au monde francophone des banques de donnes linguistiques par vidotexte ; - tude de lutilisation du vidodisque par lenseignement mdical dans dix facults francophones, partir de lexprience de lhpital parisien de la Salptrire ; - tenue Paris, tous les deux ans, en mme temps que le Salon du livre, dun "Salon du livre francophone" sur 400 mtres carrs. Cot : 3 millions de FF fournis par la France ; - lancement, la demande expresse du Vietnam, dune collection populaire de cent titres dauteurs de graphie franaise : - ralisation dune "maquette de fonctionnement de la langue" pour le traitement automatique des textes. Cot : 20 millions de FF dont la moiti fournie par Paris. Cration dun prix international dinnovation linguistique (part de la France : 100 000 F) ; - appui financier au "programme photovoltaque" des pays du Sahel africain en faveur de la matrise des petites techniques nergtiques. Cot : 5 10 millions de FF par an ; - institution dun baccalaurat francophone international ; - cration de "centres de formation dagronomes en milieu rural" (participation franaise : 8 millions de FF en quatre ans), et, sur demande tunisienne, de "centres de formation artisanale" (participation franaise: 15 millions de FF sur cinq ans) ; - renforcement de la concertation entre dlgations francophones au sein du systme des Nations unies. 2me Sommet de la Francophonie Qubec 2/4 septembre 1987 Vers une "institutionnalisation" de la Francophonie . Les 41 participants 16 chefs dtat Bnin : Mathieu Krkou Burundi : Jean-Baptiste Bagaza Comores : Ahmed Abdallah Abderemane Djibouti : Hassan Gouled Aptidon France : Franois Mitterrand Gabon : Omar Bongo Guine : Lansana Cont Guine-Bissau : Joao Bernardo Vieira Liban : Amine Gemayel Madagascar : Didier Ratsiraka Mali : Moussa Traor Mauritanie : Maaouya Ould SidAhmed Taya Rwanda : Juvnal Habyarimana Sngal : Abdou Diouf Togo : Gnassingb Eyadma Zare : Mobutu Sese Seko 10 chefs de gouvernement Belgique : Wilfried Martens Canada : Brian Mulroney Dominique : Maria Eugenia Charles France : Jacques Chirac Luxembourg : Jacques Santer Monaco : Jean Ausseil Niger : Hamid Algabid Nouveau-Brunswick : Richard Hatfield Qubec : Robert Bourassa Sainte-Lucie : John Compton 15 autres chefs de dlgation Belgique : Philippe Monfils, ministre-prsident de la Communaut franaise Burkina Faso : Djibrima Barry, ambassadeur en France Centrafrique : Jean-Louis Psimhis, ministre des Affaires trangres Congo : Antoine Ndinga-Oba, ministre des Affaires trangres Cte dIvoire : Simon Ak, ministre des Affaires trangres Egypte : Boutros Boutros-Ghali, ministre des Affaires trangres Hati : Luc Hector, membre du Conseil national de gouvernement Laos : Kithong Vougsay, ambassadeur lONU Maroc : Abdellatif Filali, ministre des Affaires trangres Maurice : Chitmansing Jesseramsing, haut-commissaire au Canada Seychelles : Danielle de Saint-Jorre, secrtaire dEtat Suisse : Edouard Brenner, secrtaire dtat aux Affaires trangres Tchad : Hissein Grinky, ministre de la Culture Tunisie : Hedi Mabrouk, ministre des Affaires trangres Vietnam : Nguyen Huu Tho, vice-prsident du Conseil dEtat . La confrence Le Sommet de Qubec a adopt, ds le premier jour, une srie de neuf rsolutions sur la politique internationale, qui, certes, apportent peu de nouveauts sur le plan diplomatique, mais tmoignent de la vigueur du jeune mouvement francophone et de sa volont de saffirmer comme forum international. Ces rsolutions portent sur le Tchad, le Liban, lAfrique du Sud, la situation conomique internationale, Hati, la politique agricole, lenvironnement, la guerre Iran-Irak et le Moyen-Orient. Sur ce dernier point, le Canada a fait bande part, en mettant des rserves sur la reconnaissance du "droit des Palestiniens lautodtermination", expression quil souhaitait voir remplacer par la notion de "foyer national". Sur le Tchad, les participants ont vit toute allusion la situation politique et militaire, se bornant crer un fonds pour lducation, qui est laiss la gnrosit des pays. Le Canada a annonc quil doterait ce fonds dun million de dollars canadiens (4,60 millions de FF). Une formule similaire a t retenue pour le Liban. Les participants demandent lIran et lIrak lapplication "sans dlai" de la rsolution adopte le 20 juillet dernier par le Conseil de scurit de lONU appelant un cessez-le-feu immdiat. LAfrique du Sud est condamne pour sa politique dapartheid et les francophones demandent Pretoria douvrir, sans attendre, des ngociations avec la majorit noire. Les pays francophones "sengagent maintenir les pressions conomiques et politiques sur le gouvernement dAfrique du Sud", prcise la rsolution qui demande aux autorits de Pretoria dentamer "des ngociations avec les reprsentants authentiques de la majorit noire et les autres composantes de la socit sud-africaine". "Le gouvernement dAfrique du Sud doit clairement dclarer son intention de dmanteler lapartheid, mettre fin ltat durgence, librer tous les prisonniers politiques (y compris Nelson Mandela) et lever linterdit frappant le Congrs national africain (ANC) et dautres organisations politiques anti-apartheid", dclarent encore les participants au Sommet francophone. Sur ce dossier de lapartheid, une mesure concrte a t dcide par les francophones, qui consiste mettre en place un systme de "bourses dtudes pour venir en aide aux victimes de lapartheid". Le Canada a offert 260 000 dollars pour participer cette action de "solidarit". La situation conomique mondiale et la dette sont abordes en termes trs gnraux, les participants estimant que cette dernire pose des "problmes extrmement difficiles et ncessite un traitement spcial". Les participants ont, enfin, adopt deux rsolutions sur la lutte contre la dsertification et les calamits naturelles. La rsolution sur Hati ne dit pas un mot de la difficile situation politique de lle, mais sattache aux problmes de reboisement du pays. Au premier Sommet de Paris, les francophones avaient t nettement moins ambitieux, se contentant dune seule rsolution, sur lAfrique du Sud. Celles de Qubec prouvent que si, en raison de la diversit des rgimes qui composent le mouvement, ils ne peuvent avoir de position trs tranche, ils nhsitent plus dbattre des grands problmes mondiaux. . Les dcisions pratiques Contrairement au Sommet de Paris, en fvrier 1986, o les "bonnes" rsolutions des participants la premire "Confrence des chefs dEtat et de gouvernement ayant en commun lusage du franais", taient, de lavis gnral, trop nombreuses, Qubec, les dirigeants francophones se sont attachs mettre sur pied des projets concrets et ralisables court terme. Preuve de cet effort : alors quen deux ans (1986-1987), 270 millions de FF (46 millions de dollars) ont t dpenss pour la Francophonie, cest un montant sensiblement gal qui sera affect des programmes pour la seule anne 1988, la France et le Canada ayant dcid de doubler leur mise. Cinq secteurs dactivit "porteurs davenir" ont t retenus : lagriculture, lnergie, la culture et les communications, linformation scientifique et le dveloppement technologique, ainsi que les industries de la langue (technologies appliques au franais). Laccent a t surtout mis sur la formation, laudiovisuel, les banques de donnes, et, dune manire gnrale, toute linformatique. Par ailleurs, les institutions multilatrales de la Francophonie demeurent pratiquement inchanges. Ainsi, le Sommet a dcid de "maintenir lexistence et les fonctions dun Comit du suivi charg expressment de "transmettre systmatiquement les comptes rendus des sances lensemble des membres du Sommet, afin quils puissent exprimer des suggestions et observations". Comme prvu depuis la runion ministrielle de Bujumbura, en juillet 1987, un Comit consultatif conjoint sera cr, comprenant le Comit du suivi assist des chefs de rseau et le Secrtaire gnral de lAgence de coopration culturelle et technique (ACCT) assist de ses directeurs gnraux et du contrleur financier. Ce Comit consultatif sera charg de donner des avis sur la programmation des dcisions du Sommet et dtablir les modalits dun appui technique de lACCT au Comit du suivi. LACCT est charge de lexcution des actions dcides par le Sommet, soit sur son budget ordinaire, soit grce un financement complmentaire. Les Etats contributeurs pourront crditer soit directement leurs comptes, soit des comptes spciaux crs auprs de lACCT, la prfrence allant la deuxime solution. Le Comit du suivi est charg, pour sa part, dexaminer avant le Sommet de Dakar, en 1989, les rles respectifs de lACCT, des rseaux et des autres organismes de la Francophonie et dtudier, notamment, la possibilit dintgrer les rseaux lACCT. Les travaux du Comit du suivi seront prsids par le Canada jusquau prochain Sommet, la France et le Sngal assurant la vice-prsidence. Le Canada a aussi profit de la tribune du Sommet pour annoncer spectaculairement quil effaait la totalit de la dette publique de sept pays de lAfrique francophone sub-saharienne. Cette mesure, qui reprsente 246 millions de dollars amricains, touche mme le Cameroun qui nest pas membre du mouvement, mais o les investissements canadiens sont trs importants. Les autres pays sont le Sngal, le Zare, Madagascar, le Congo, la Cte dIvoire et le Gabon. Enfin, la Francophonie sest dote dune "Dclaration de solidarit francophone", mise au point par le Canada et le Qubec. Cette charte de la Francophonie affirme les grands principes de solidarit et de comprhension mutuelle entre tous les pays membres, et leur volont de relever les dfis qui simposent aux francophones, sils veulent que leur seul lien, le franais, continue de jouer son rle de deuxime langue de communication mondiale. Avec la fixation des Sommets un rythme dsormais rgulier - tous les deux ans - la Francophonie sest, en quelque sorte, institutionnalise. Si elle na pas encore dhymne officiel, elle a dsormais un drapeau. En effet, sur proposition du Niger, le Sommet a adopt, comme couleurs permanentes du mouvement, lemblme de la confrence de Qubec, form, sur fond blanc, dun cercle compos de parties rouge, bleu, jaune, vert et violet, symbolisant les cinq continents. 3me Sommet de la Francophonie Dakar 24/26 mai 1989 Lenracinement en terre africaine . Les 41 participants 17 chefs dEtat Bnin : Mathieu Krkou Burkina Faso : Blaise Compaor Burundi : Pierre Buyoya Comores : Ahmed Abdallah Abderemane Cte dIvoire : Flix Houphout-Boigny Djibouti : Hassan Gouled Aptidon France : Franois Mitterrand Gabon : Omar Bongo Guine : Lansana Cont Guine-Bissau : Joao Bernardo Vieira Guine quatoriale : Obiang Nguema Mbansogo Mali : Moussa Traor Niger : Ali Sabou Rwanda : Juvnal Habyarimana Sngal : Abdou Diouf Togo : Gnassingb Eyadma Zare : Mobutu Sese Seko 9 chefs de gouvernement Belgique : Wilfried Martens Belgique : Valmy Feaux, ministre-prsident de la Communaut franaise Canada : Brian Mulroney Dominique : Maria Eugenia Charles Maroc : Azzedine Laraki Monaco : Jean Ausseil Nouveau-Brunswick : Franck McKenna Qubec : Robert Bourassa Tunisie : Hedi Baccouche 15 autres chefs de dlgation Cameroun : Luc Ayang, prsident du Conseil conomique et social Cap-Vert : H. Almada, ministre de la Formation, de la Culture et des Sports Centrafrique : Jean-Louis Psimhis, ministre des Affaires trangres Congo : Jean-Baptiste Tati-Loutard, ministre de la Culture et des Arts Egypte : Boutros Boutros-Ghali, ministre dtat aux Affaires trangres Hati : Yvon Perrier, ministre des Affaires trangres Laos : Soubanh Srithirath, vice-ministre des Affaires trangres Liban : Abel Ismail, ambassadeur auprs de lUNESCO Luxembourg : Robert Krieps, ministre des Affaires culturelles et de la Justice Madagascar : Jean Bmananjara, ministre des Affaires trangres Maurice : Satcam Boolell, vice-Premier ministre Seychelles : Danielle de Saint-Jorre, secrtaire dEtat aux Affaires trangres Suisse : Klaus Jacobi, secrtaire dEtat aux Affaires extrieures Tchad : Ibn Oumar Acheik, ministre des Relations extrieures Vietnam : Nguyen Huu Tho, vice-prsident du Conseil dEtat . La confrence Le Sommet de Dakar, le premier en terre africaine, entend ancrer plus fortement la Francophonie dans le Sud pour illustrer sa diversit linguistique et culturelle. Pour le chef de lEtat sngalais, prsident du pays-hte, ce Sommet est celui "de la consolidation, de llargissement, de la maturit et de lenracinement en terre africaine". Le prsident Mitterrand a cr lvnement, ds le premier jour du Sommet, en se proposant deffacer la dette publique - quelque 16 milliards de FF - qui est due la France par 35 pays africains les plus pauvres. Pour le chef de lEtat franais, "la France fait ce quelle peut dans son domaine, mais il y a dautres initiatives prendre entre pays riches pour attaquer le mal la racine et aller la source des difficults des pays en dveloppement... Il faut galement que les pays du Sud veillent ne pas retomber dans le cycle infernal de lendettement, ils en ont conscience..." Le Premier ministre canadien, Brian Mulroney a, lui aussi, longuement insist sur le ncessaire largissement du dialogue Nord-Sud pour une solution du problme de lendettement et la promotion de la protection de lenvironnement. Le chef de ltat malien, Moussa Traor, prsident en exercice de lOUA, a, pour sa part, insist sur les zones de conflit, quelles se situent en Afrique australe ou au Proche-Orient. En ce qui concerne la crise entre le Sngal et la Mauritanie - dont la chaise est reste vide pendant les trois jours du Sommet - le prsident Abdou Diouf a fait preuve desprit de conciliation, en affirmant fortement quil faut ngocier, et que son pays "ne veut pas la guerre". Le prsident Mitterrand - dont le ministre des Affaires trangres, Roland Dumas, a rencontr le prsident mauritanien Nouakchott, le 25 mai - a appel, lui aussi, la ngociation entre les deux pays, sous lgide de lOUA, et assur que "la France ferait tout pour faire avancer les choses..." Dans une longue intervention consacre lconomie, le prsident ivoirien, Flix Houphout-Boigny, a notamment trait de la baisse des prix des matires premires et des proccupations des Etats africains ce propos. Un sujet qui, avec lendettement et les problmes denvironnement, a occup la majeure partie des dbats. La condamnation de lapartheid, le maintien en dtention de nombreux prisonniers politiques, notamment Nelson Mandela, le droit lindpendance de la Namibie et lautodtermination du peuple palestinien, la ncessit urgente de rtablir la paix au Liban, le cessez-le-feu intervenu le 20 aot 1988 entre lIran et lIrak ont galement fait lobjet de rsolutions du Sommet, tout comme lutilisation du franais dans les organisations internationales et la dfense de lenvironnement. Aprs Paris et Qubec, Dakar a incontestablement constitu un tournant : la Francophonie nest plus ce cnacle prpos la dfense et lillustration de la langue franaise. Elle est devenue une force publique et conomique qui entend dsormais peser sur la balance des relations internationales. . Les dcisions pratiques Le Sommet a dcid, sur proposition du Canada, la cration dun fonds spcial pour la protection de lenvironnement. En outre, le Canada, par le biais de lAgence canadienne de dveloppement international, annonce quil consacrera 5,5 millions de dollars la mise sur pied dun rseau agro-forestier destin appuyer les services nationaux du Sngal, du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Les autres domaines essentiels daction retenus par le Sommet de Dakar concernent la formation, la communication, avec, notamment, lextension de TV5 en Afrique et la diffusion de Canal France International, une banque de programmes franaise dans laquelle les tlvisions des diffrents tats peuvent choisir ce qui les intresse. Outre la remise des dettes publiques de 35 pays africains les moins avancs - quelque 16 milliards de FF - la France a dcid de porter sa contribution totale, pour le suivi du Sommet de Dakar, 237 millions de FF par an, soit le double de la contribution du Canada qui est de 280 millions de FF pour deux ans et demi. Le Sommet de Dakar sest galement attach institutionnaliser les instances du mouvement francophone : Le Comit international du suivi (CIS) : . il est maintenu dans lintgralit de ses fonctions et de ses pouvoirs : assume son rle darbitrage et dvaluation des actions confies aux oprateurs directs du Suivi du Sommet et fait rapport aux chefs dEtat et de gouvernement ; . il demeure linstance finale de coordination et de dcision, sous lautorit des chefs dEtat et de gouvernement, approuve les projets et affecte les budgets. En consquence, lACCT et les autres oprateurs directs, sagissant des fonds du Sommet, doivent lui soumettre leurs propositions ; . il reflte la diversit de lespace francophone, et assure une rotation suffisante, tout en garantissant la continuit des travaux. Le Comit international de prparation (CIP): . il constitue linstance finale de prparation des propositions de programmation et daffectation budgtaire prsenter aux Sommets. LACCT et les autres oprateurs directs lui proposent les diffrents projets. Tous les pays participant aux Sommets en sont membres. LAgence de coopration culturelle et technique (ACCT) : . elle constitue, par sa qualit dunique organisation intergouvernementale de la Francophonie dcoulant dune convention, une garantie institutionnelle pour la dimension multilatrale devant prsider la conception et la mise en oeuvre des projets dcoulant des dcisions des chefs dtat et de gouvernement ; . elle continue dexercer les rles danimation, de consultation et de concertation du monde francophone, tels que prvus sa charte ; . elle doit enrichir sa mission actuelle par lintgration, en son sein, du rle et de la fonction des rseaux du CIS. Il est entendu que la participation ces rseaux demeure ouverte, sans restriction aucune, lensemble des Etats et gouvernements prsents aux Sommets ; . elle se voit, en consquence, investie du mandat de proposition, de programmation et de suggestion daffectation budgtaire ; propositions et suggestions tre soumises au CIS et au CIP selon le cas. En vertu de ce mandat, le secrtaire gnral de lACCT participe, de plein droit, aux sances du CIS, du CIP et au volet Coopration des Confrences ministrielles prparatoires ; . elle accueille et gre, dans une perspective de multilatralisme et de simplification budgtaire, un fonds multilatral unique destin au financement des actions engages par les Sommets. Ce fonds est distinct de son budget rgulier. Les Confrences ministrielles LACCT assume la responsabilit de la prparation et du Suivi de toutes les Confrences ministrielles sectorielles convoques dans le cadre des Sommets. Les Confrences ministrielles permanentes (CONFEJES Confrence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays dexpression franaise, et CONFEMEN Confrence des ministres de lEducation des pays ayant en commun lusage du franais), tout en conservant leur autonomie, sont invites collaborer troitement avec lACCT dans le cas de Confrences largies aux autres membres de lAgence qui ne font pas partie de ces deux Confrences permanentes. Les organes subsidiaires Lorsque la mise en oeuvre de projets long terme ncessite la cration dune structure spcialise dote dune personnalit juridique, lACCT est invite examiner lopportunit de crer des organes subsidiaires ouverts ladhsion de lensemble des participants du Sommet, comme elle la fait pour lInstitut de lnergie. Les autres oprateurs Lorsque la mise en oeuvre des projets long terme ncessite le choix doprateurs mission spcialise, le Sommet en dcide, lexemple de ce qui a t fait Paris et Qubec dans le cas de lAssociation des Universits partiellement ou entirement de langue franaise (AUPELF), de TV5 et du Centre dchanges multilatraux dactualits francophones (CEMAF). Le mandat spcifique confi lAUPELF lui confre la qualit doprateur multilatral privilgi du programme majeur UREF (Universit des rseaux dexpression franaise) concernant la recherche universitaire et lenseignement suprieur. Il en va de mme pour TV5 et le CEMAF dans les domaines spcifiques de leur comptence. Le Comit consultatif conjoint (CCC) Cr au Sommet de Qubec et runissant le CIS et lACCT, le CCC est largi aux autres oprateurs directs, afin de favoriser la concertation et linformation rciproques une fois lan. Le monde associatif Les chefs dtat et de gouvernement reconnaissent la contribution du monde associatif multilatral francophone. Ils estiment quil doit tre renforc dans son rle de relais. A cet effet, une runion dinformation annuelle avec le CIS lui sera rserve. De plus, le Sommet francophone souhaite que les instances de lACCT procdent lexamen dune rforme du Conseil consultatif de lAgence, rforme faisant de cet organe le lieu fonctionnel de rencontres et dchanges des associations francophones multilatrales et linstrument de coordination entre elles. Cette rforme devrait tenir compte des rles divers de chaque catgorie dassociation. Elle pourrait tre complte par la cration dun poste permanent dagent de liaison charg des associations, auprs du secrtaire gnral de lACCT. LAssociation internationale des parlementaires de langue franaise (AIPLF) Le Sommet francophone tient reconnatre le rle minent que lAIPLF, seule organisation interparlementaire des pays francophones, joue dans la construction et le dveloppement de la Francophonie. La reprsentation des Parlements quelle constitue, linfluence quelle exerce sur lopinion, ainsi que les actions de coopration quelle a menes, sont un lment important de stimulation pour le succs des projets dcids par les Sommets. Aussi, demande-il au CIS dorganiser la consultation et linformation rciproques. Enfin, il est dcid que le prochain Sommet se tiendra, en 1991, au Zare. 4me Sommet de la Francophonie Chaillot (Paris) 19/21 novembre 1991 "Elargissement et maturit" . Les 45 participants 21 chefs dEtat Bnin : Nicphore Soglo Bulgarie : Jeliou Jelev Burkina Faso : Blaise Compaor Burundi : Pierre Buyoya Cameroun : Paul Biya Centrafrique : Andr Kolingba Comores : Sad Mohamed Djohar Cte dIvoire : Flix Houphout-Boigny France : Franois Mitterrand Gabon : Omar Bongo Guine-Bissau : Joao Bernardo Vieira Hati : Jean-Bertrand Aristide Laos : Kaysone Phomvihane Liban : Elias Hraoui Mali : Amadou Toumani Tour Mauritanie : Maaouya Ould SidAhmed Taya Roumanie : Ion Iliescu Rwanda : Juvnal Habyarimana Sngal : Abdou Diouf Suisse : Ren Felber Tchad : Idriss Dby 13 chefs de gouvernement Belgique : Wilfried Martens Belgique (Communaut franaise) : Valmy Feaux Canada : Brian Mulroney Congo : Andr Milongo Luxembourg : Jacques Santer Maurice : Aneerood Jugnauth Niger : Amadou Cheiffou Nouveau-Brunswick : Franck McKenna Qubec : Robert Bourassa Togo : Kokou Joseph Koffigoh Tunisie : Hamed Karaoui Val dAoste : Gianni Bondaz Vanuatu : Donald Kalpokas 11 autres chefs de dlgation Cambodge : Khek Sysoda, membre du Cabinet du prsident du Conseil national suprme Djibouti : Moumin Bahdou Farah, ministre des Affaires trangres Egypte : Boutros Boutros-Ghali, vice-Premier ministre pour les Relations trangres Guine quatoriale : Isidoro Eyi Monsuy Andm, vice-Premier ministre Louisiane : Allan Barres, snateur, ancien prsident du Snat Madagascar : Honor Rakotomanana, prsident de la Cour constitutionnelle Maroc : Mohammed Benassa, ministre des Affaires culturelles Monaco : Ren Novella, ambassadeur en Italie Nouvelle-Angleterre : Paul Laflamme, prsident de lAction pour les Franco-Amricains du Nord-Est (ACTFANE) Seychelles : Danielle de Saint-Jorre, ministre des Relations extrieures Vietnam : Nguyen Huu Tho, vice-prsident du Conseil dEtat Zare : Buketi Bukayi, ministre des Relations extrieures . La confrence A Dakar, le Sommet de la Francophonie stait donn rendez-vous au Zare pour sa 4me runion. Le rendez-vous zarois naura pas lieu : accuses, notamment, par la Belgique, la France et le Canada, de bafouer les Droits de lhomme, les autorits zaroises ont d dclarer forfait. Le relais fut pass la France, et cest au palais de Chaillot, Paris, que souvre le 19 novembre 1991, le 4me Sommet de la Francophonie. Soulignant que ce Sommet est celui de "llargissement et de la maturit", le prsident Mitterrand constate : "Lespace francophone se dploie sur tous les continents, retrouve des solidarits anciennes, appelle des amitis, marque le sentiment quun destin se partage aussi...A lest de lEurope, la libert a repris ses droits avec vigueur, les nations vivent leur indpendance. Des minorits sexpriment, des peuples souvent chargs dhistoire veulent compter leur tour, et parfois de nouveau... Tout au long des annes de plomb, ils ont gard en secret cette passion de la langue franaise. Sorte desprance tenir, de libert prserver, avec le sentiment tenace quun jour, ils retrouveraient les nations libres qui parlent la mme langue. Tel est le sens, je pense, de larrive, parmi nous, de la Bulgarie et de la Roumanie..." Et de saluer galement la prsence du Cambodge (en soulignant "le rle du prince Sihanouk qui tait dj, il y a trente ans, au ct des prsidents Senghor et Diori Hamani pour souhaiter la cration dune Communaut dexpression franaise"), celle du Cameroun et du Laos "hier observateurs", ainsi que la prsence du prsident Hraoui qui "signifie que le Liban en marche vers la rconciliation de ses citoyens, retrouve la place qui lui est due dans la reconqute de sa souverainet..." Le Premier ministre canadien, Brian Mulroney, affirmait, pour sa part : "La France, qui nous accueille, est le berceau de la libert, la mre-patrie des droits de la personne. Et, ce retour aux sources devrait nous tre dautant plus salutaire que nous prenons de plus en plus conscience que, sans dmocratie vritable, il ne peut y avoir de dveloppement durable, et que, sans dveloppement soutenu, il ne peut y avoir de dmocratie solide. Notre hte Dakar, le prsident Diouf, avait dailleurs voqu "ce ressourcement aux idaux les plus levs de libert et de justice, vhiculs par le franais". Le rappel de ces paroles donne un sens singulier la participation cette confrence du pre Jean-Bertrand Aristide, le prsident dmocratiquement lu dHati "qui tmoigne, avec dignit et courage, des dangers que la dmocratie court encore. Cest dire que le monde a chang depuis le Sommet de Dakar, quil a chang rapidement et profondment, quil continue de changer vite et beaucoup". Entre-temps, le prsident Diouf, puis le prsident Soglo avaient affirm leur foi dans la dmocratie en Afrique. Le chef de ltat sngalais avait salu dans le Bnin le pays grce auquel la dmocratie tait revenue en Afrique. Cest pourquoi, sexprimant son tour, pour la premire fois devant un Sommet francophone, le prsident bninois devait conseiller lAfrique de suivre lexemple de son pays : "Sans doute ne saurions-nous prtendre, dit-il, quil existe un modle imposable tous, quelque chose comme un prt--porter dmocratique. Nous nen restons pas moins persuads au Bnin que, si le courage, la dignit et lesprit de responsabilit sont au rendez-vous, la confrence nationale est un cadre appropri pour oprer des mutations dcisives et pacifiques dans une socit en qute dun souffle nouveau. Car elle reste nos yeux lalternative aux affrontements meurtriers et la guerre civile. Telle est du moins la conviction des Bninois qui, depuis fvrier 1990, sefforcent patiemment de construire le renouveau dmocratique. Cest le lieu pour moi dadresser ma profonde gratitude aux pays membres de la Francophonie qui nous ont apport, et continuent de nous apporter leur soutien dans cette difficile entreprise, de mme qu ceux qui suivent avec tant de sympathie le processus de consolidation de la dmocratie au Bnin". Le 4me Sommet de la Francophonie a adopt un certain nombre de rsolutions de politique internationale : - Scurit internationale : les pays du Sommet "sengagent se joindre tous les membres de la communaut internationale pour condamner la prolifration des armes de destruction massive et renforcer les instruments pour combattre efficacement la prolifration des armes nuclaires chimiques et biologiques ainsi que des systmes balistiques". Ils sengagent galement "promouvoir une plus grande prudence dans le transfert des armes conventionnelles qui permettra laffectation du plus grand nombre de ressources possible au dveloppement social et conomique de leurs pays". Ils apportent par ailleurs "leur appui entier laffermissement du rle et de lautorit du secrtaire gnral" de lONU dont ils entendent "soutenir activement laction" en faveur de la paix "tout en exhortant les peuples des rgions en crise rsoudre leurs conflits par des moyens pacifiques". Le mouvement francophone sengage " travailler au renforcement de la capacit de lONU agir de manire prventive pour maintenir la paix et la scurit". Il sengage enfin "amliorer les mcanismes de coordination et dintervention des agences humanitaires de lONU et au soutien dautres organisations multilatrales tel le CICR, afin de rendre plus efficaces les actions de secours aux populations affliges". - Conflit isralo-arabe : ils "apportent leur soutien aux efforts engags par les Etats-Unis, lUnion sovitique, les pays de la CEE et dautres pays concerns et intresss, invitent les parties faire preuve de lesprit constructif qui permettra de saisir cette occasion historique de parvenir un rglement juste et durable du conflit isralo-arabe et du conflit palestinien". Ils "les invitent adopter les mesures de confiance quilibres et rciproques qui permettraient de crer un climat favorable la ngociation, en particulier, la cessation de la politique dimplantation de colonies israliennes dans les territoires occups et du boycott arabe". Ils "se dclarent prts, dans la mesure de leurs moyens, contribuer au dveloppement de la coopration rgionale qui suivra le retour de la paix". - Hati : "constatant le renversement du gouvernement dmocratiquement lu dHati, le Sommet "condamne nergiquement ce renversement violent et illgal qui prive le peuple hatien du libre exercice de ses droits dmocratiques". La rsolution exige galement "le rtablissement de ltat de droit et de lordre constitutionnel ainsi que la restauration du prsident lgitime dans ses fonctions". Elle prvoit "la suspension, jusquau rtablissement de lordre constitutionnel, de la mise en oeuvre des accords entre Hati et lAgence de coopration culturelle et technique". Les pays francophones, qui "appuient les efforts dploys par lOEA, lONU et dautres instances pour restaurer et renforcer la dmocratie dans ce pays", sengagent "respecter ou recommander lapplication des sanctions conomiques arrtes par lOEA". Ils affirment enfin "leur volont, une fois lordre constitutionnel rtabli en Hati, de consolider la coopration conomique et financire avec ce pays, afin de soutenir son dveloppement conomique, social et dmocratique". - Afrique : les dirigeants du Sommet francophone "se rjouissent du processus de dmocratisation en cours en Afrique, expriment leur soutien aux pays africains engags dans les rformes politiques et conomiques". Ils demandent "instamment la communaut internationale de les soutenir" et sengagent "oeuvrer pour la prise en compte, dans les instances internationales, des besoins du continent africain". - Corne de lAfrique : le Sommet francophone appuie les efforts de plusieurs pays "et notamment de la Rpublique de Djibouti", en faveur du rtablissement de la paix en Somalie et appelle les acteurs des conflits entamer ou poursuivre des ngociations pour la paix dans la rgion. - Liban : la rsolution enregistre "avec satisfaction les progrs raliss tant sur le plan politique que sur le plan de la scurit depuis la mise en oeuvre par le gouvernement libanais des accords de Taf et notamment pour ce qui a trait la dissolution des milices et lextension de la zone contrle par larme lgale". Elle exprime son "appui au gouvernement libanais dans la poursuite de lapplication stricte et complte des accords de Taf en vue de consolider la rconciliation nationale, de renforcer la scurit, de rtablir la lgalit sur tout le territoire national en y dployant larme libanaise, et de restaurer la souverainet pleine et entire du Liban". La rsolution dcide "la reconduction du fonds de solidarit cr par le Sommet de Qubec (1987) pour la reconstruction des institutions culturelles, ducatives, techniques et hospitalires du Liban" et appelle "les Etats membres renouveler le financement de ce fonds". - Lusage du franais dans les organisations internationales : la rsolution invite les gouvernements francophones "une action inlassable et concerte" en vue de permettre ladoption, dans les organisations o elles font encore dfaut, de rsolutions linguistiques lexemple des rsolutions de lONU et dassurer le recrutement optimum de fonctionnaires internationaux francophones". Elle appelle " la cration de groupes francophones dans les organisations internationales", souligne "la ncessit de favoriser par tous les moyens et notamment par la formation de spcialistes, la qualit de la traduction et de linterprtation". Elle demande "la mise en place dun rseau informatique de dtection et de diffusion des termes posant un problme de dfinition et de traduction en franais", et souligne "limportance de la prsence des livres et documents franais dans les bibliothques et centres de documentation internationaux". Elle souhaite que le franais conserve sa place de "premire langue olympique" et demande "quune concertation rgulire entre francophones slabore auprs des grandes organisations internationales". . Les dcisions pratiques Le 4me Sommet de la Francophonie sest attach peaufiner la rforme de ses institutions commence Dakar. Le Sommet demeure linstance suprme au niveau politique, mais une Confrence ministrielle se runira, dsormais, mi-chemin entre deux Sommets. Dautre part, un Conseil permanent de la Francophonie, compos des reprsentants spciaux des chefs dEtat et de gouvernement (les "sherpas"), doit tre cr. Il comprendra 15 membres (France, Canada, Qubec, Communaut franaise de Belgique, Sngal, Maurice, Cte dIvoire, Bnin, Togo, Gabon, Zare, Maroc, Madagascar, Liban, Vietnam) et regroupera trois des structures actuelles : le CIS, le CIP et le bureau largi de lACCT. LACCT devrait obtenir un rle technique de secrtariat de la Francophonie qui reste dfinir dans le dtail. Elle aura sa disposition, pour appuyer ses actions de coopration, 9 comits de programmes composs dexperts gouvernementaux. Les reprsentants dorganisations non-gouvernementales (ONG) pourront galement tre appels y participer. Il a t dautre part dcid lextension de la chane de tlvision cable TV5 (reue dj en Europe et en Amrique du Nord) en Afrique et le soutien la production dimages du Sud en renforant laction de lACCT. La France a dcid de doubler sa contribution ce fonds - qui est de 30 millions de francs franais au total - de 1,5 3 millions. Sur proposition du Canada, il a t dcid la mise sur pied dun "rseau-pilote" de cliniques juridiques, pour rpondre aux besoins des femmes dans les pays membres de lespace francophone. Ces cliniques auraient pour mission "des tches de vulgarisation, daide juridique, dinformation et dactions pdagogiques pour contribuer une meilleure connaissance des codes de la famille et des codes pnaux en vigueur". Le mandat dfinitif de ces cliniques juridiques sera prcis lors de la tenue ultrieure, en Afrique, dun sminaire international de juristes. Le gouvernement canadien consacrera environ 3 millions de FF (600 000 dollars canadiens) la cration de ce rseau "qui sera appel stendre si lexprience savre concluante". Le Canada a par ailleurs annonc la poursuite de son programme de bourses de la Francophonie - cr lors du premier Sommet en 1986 - auquel seront affects prs de 50 millions de FF (10 millions de dollars canadiens) par an au cours des cinq prochaines annes. Ce programme, qui sadresse aux tudiants des pays en dveloppement membres du mouvement francophone, devrait permettre, chaque anne 350 dentre eux (dont 50 % de femmes), de poursuivre leurs tudes dans des universits canadiennes. Enfin, le Sommet a dcid la tenue de sa 5me runion lle Maurice, en 1993. 5me Sommet de la Francophonie : Grand Baie(Maurice)6/18 octobre 1993 "Lunit dans la diversit" . Les 47 participants 19 chefs dtat Bnin : Nicphore Soglo Bulgarie : Jeliou Jelev Burkina Faso : Blaise Compaor Burundi : Melchior Ndadaye Cameroun : Paul Biya Comores : Sad Mohamed Djohar Congo : Pascal Lissouba France : Franois Mitterrand Guine Bissau : Vasco Cabral Laos : Nouhak Phoumsavanh Mali : Alpha Oumar Konar Niger : Mahamane Ousmane Roumanie : Ion Illiescu Rwanda : Juvnal Habyarimana Seychelles : France Albert Ren Suisse : Adolf Ogi Tchad : Idriss Deby Vietnam : Nguyen Thi Binh Zare : Mobutu Sese Seko 13 chefs de gouvernement Belgique : Jean-Luc Dehaene Cambodge : prince Sdech Krom Luong Norodom Ranariddh Canada/Nouveau Brunswick : Frank McKenna Canada/Qubec : Lise Bacon Dominique : Mary Eugenia Charles Gabon : Casimir Oye Mba Luxembourg : Jacques Santer Madagascar : Francisque Ravony Mauritanie : Sidi Mohamed Ould Boubacar Monaco : Jacques Dupont Togo : Kokou Joseph Koffigoh Tunisie : Hamed Karoui Vanuatu : Maxime Carlot Korman 15 autres chefs de dlgation Canada : Benot Bouchard, ambassadeur Paris, reprsentant personnel du premier ministre Cap-Vert : Manuel de Jesus Chantre, ministre des Affaires trangres Centrafrique : Jean-Marie Bassia, ministre des Affaires trangres Communaut franaise de Belgique : Laurette Onkelinx, ministre-prsidente charge de la Sant, des Affaires sociales et du Tourisme Cte dIvoire : Amara Essy, ministre des Affaires trangres Djibouti : Abdou Bolok Abdou, ministre des Affaires trangres Egypte : Samir Safouat, ambassadeur, reprsentant personnel du prsident Hosny Moubarak Guine : Ibrahima Sylla, ministre des Affaires trangres et de la Coopration Guine quatoriale : Augustin Nse Nfumu, ministre dlgu charg de la Francophonie Hati : Claudette Werleigh, ministre des Affaires trangres et des cultes Liban : Fars Boueiz, ministre des Affaires trangres Maroc : Mohamed Allal Sinaceur, ministre des Affaires culturelles Maurice : Ahmud Swalay Kasenally, ministre des Affaires trangres Sainte-Lucie : Louis George, ministre de lEducation, de la Culture et du Travail Sngal : Moustapha Niasse, ministre dtat, ministre des Affaires trangres et des Sngalais de lextrieur 4 invits spciaux Moldavie : Ntau, ministre des Affaires trangres Nouvelle-Angleterre : Paul Laflamme, prsident de lAction pour les Franco-Amricains du Nord-Est Val dAoste : Dino Vierin, prsident du gouvernement rgional ONU : Boutros Boutros-Ghali, secrtaire gnral . La Confrence Le 5e sommet de la Francophonie Maurice a consacr lusage dun nouvel intitul. Il est devenu celui des chefs dtat et de gouvernement des pays "ayant le franais en partage", une formule plus conviviale que celle qui avait prvalu jusqualors : "ayant en commun lusage du franais". La communaut francophone a accueilli cette occasion de nouveaux participants. Le Cambodge, la Bulgarie, la Roumanie sont devenus membres part entire. En tout 47 dlgations (soit 2 de plus qu Chaillot en 1991) taient prsentes et 4 invits spciaux (Moldavie, Nouvelle-Angleterre, Val dAoste, Organisation des Nations unies). Cette confrence a t marque par labsence dun certain nombre de chefs dtat africains de premier plan. Ainsi, le prsident de Cte dIvoire Flix Houphout-Boigny, hospitalis, na pu faire le voyage, le prsident sngalais Abdou Diouf a t retenu Dakar. Quant au prsident du Gabon, Omar Bongo, il se trouvait en pleine campagne lectorale. Le Canada, lui aussi, na t reprsent que par son ambassadeur Paris et non plus, comme auparavant, par son premier ministre. Un lment significatif de la crise des relations franco-canadiennes lors de la prparation de la confrence. Et enfin, le Sommet de Maurice a t la dernire runion de chefs dtats francophones laquelle le prsident Franois Mitterrand, alors en fin de mandat, participait. A Maurice, les grands thmes abords lors des prcdents sommets de la Francophonie et notamment celui de Chaillot, dmocratie, droits de lhomme, scurit, dveloppement, solidarit Nord/Sud, ont tout naturellement t abords et ont fait lobjet dune mention dans le texte de la dclaration finale et de ladoption de nouvelles rsolutions. Aprs les avances significatives vers la dmocratie ralises en trois ans dans les pays dAfrique, le temps tait venu, pour Franois Mitterrand, de "la consolidation". "La dmocratie nest pas une rente, il faut en consolider inlassablement les acquis tout en retrouvant la voie dune croissance durable de vos conomies". La problmatique dmocratie/dvelop-pement durable est encore dominante Maurice car dans le domaine conomique, les rsultats enregistrs depuis le sommet de Chaillot nont pas t aussi encourageants que sur le plan politique. Et si, pour les protagonistes, ce sommet, plac sous le thme propos par la Rpublique de Maurice de "lunit dans la diversit", a t celui de "lengagement politique", cest notamment parce quil a permis dapprofondir la rflexion sur la prsence de la communaut francophone en tant quentit sur "lchiquier mondial" (dj esquisse lors de la prparation de la confrence internationale de Vienne sur les droits de lhomme o la concertation avait permis aux francophones de parler dune seule voix) en largissant le rle politique doutils comme le Conseil permanent de la Francophonie, cr Chaillot. Le dbat engag lors du sommet, autour de la notion dexception culturelle, dfendue ardemment par la France lors des ngociations du GATT et pour la dfense de laquelle Franois Mitterrand souhaitait obtenir le soutien de la "famille francophone", va dans ce sens puisque laccord intervenu a donn la Francophonie la dimension dun bloc uni pour dfendre des convictions communes sur la scne internationale. Dans son discours prononc au cours de la sance solennelle douverture, le Prsident franais sest ainsi exprim sur les risques duniformisation culturelle sur un modle unique venu dOutre-Atlantique : "Je pense quil serait dsastreux daider la gnralisation dun modle unique et il faut y prendre garde. Ce que les rgimes totalitaires nont pas russi faire, les lois de largent allies aux forces techniques vont-elles y parvenir ? ... Ce qui est en jeu, et donc en pril, je le dis aux francophones ici rassembls, dans les ngociations en cours, cest le droit de chaque pays forger son imaginaire, transmettre aux gnrations futures la reprsentation de sa propre identit". Pour Franois Mitterrand, la France est "menace". Et la solidarit dont elle a fait, et fera preuve, dans laide aux pays du Sud, majoritaires au sein de la Francophonie - "La France est le pays qui accorde le plus fort pourcentage laide au dveloppement" -, implique une rciprocit de la part des bnficiaires. La France "doit prserver ses intrts, pas au dtriment des vtres, mais elle est en droit de demander que ses intrts soient aussi protgs par vous". Ce message trs clair a t entendu par les reprsentants des Etats francophones. Une rsolution sur "l"exception culturelle au GATT" a t finalement adopte. . Les rsolutions Les 47 chefs dEtat, de gouvernement et de dlgation runis Maurice ont adopt 21 rsolutions. Elles portent sur de nombreux domaines, notamment : - Maintien de la paix et scurit internationale: les pays francophones se "flicitent du rle accru des Nations unies", sont "dsireux de soutenir activement laction de lONU", se "dclarent prts sassocier selon leurs possibilits aux oprations de maintien de la paix ou humanitaires dcides par le systme des Nations unies", acceptent de contribuer au renforcement de la diplomatie prventive", "condamnent vigoureusement les attaques diriges contre le personnel des Nations unies charg du maintien de la paix et contre le personnel humanitaire". - Afrique : les pays ayant le franais en partage "notent avec satisfaction la poursuite du processus de dmocratisation, condition ncessaire au dveloppement", "considrent que les difficults financires auxquelles sont confronts les pays africains ncessitent une solidarit internationale accrue, notamment de la part de la communaut francophone", "appuient les efforts dintgration rgionale", demandent la communaut internationale de poursuivre ses efforts sur les plans politique, conomique et financier afin de contribuer au dveloppement de manire garantir la russite du processus de dmocratisation et de redressement conomique et financier", sengagent oeuvrer au sein des organisations internationales pour lassouplissement des conditions doctroi de laide au dveloppement". - Exception culturelle au GATT : ils "conviennent dadopter ensemble, au sein du GATT, la mme exception culturelle pour toutes les industries culturelles". - Liban : ils "dcident la reconduction du fonds de solidarit cr par le sommet de Qubec pour la reconstruction des institutions culturelles, ducatives, techniques et hospitalires du Liban et appellent les tats membres renouveler le financement de ce fonds". - Rwanda : ils "lancent un appel la communaut internationale, et particulirement aux pays francophones, afin quils poursuivent et augmentent leur assistance au peuple rwandais dans son effort de reconstruction nationale". - Hati : ils "renouvellent leur appui au gouvernement lgitime de Hati incarn par son prsident Jean-Bertrand Aristide". - Lunit dans la diversit : ils "dclarent que les atteintes aux droits de lhomme et aux liberts fondamentales constituent un sujet de proccupation direct et lgitime, pour la communaut internationale", "dcident de prendre toute mesure de nature faciliter la pleine participation de personnes appartenant des minorits nationales tous les aspects de la vie politique". - La Francophonie et les relations internationales : ils "donnent mandat au Conseil permanent de la Francophonie de continuer oeuvrer concrtement pour renforcer la reprsentation des pays de lespace francophone dans les institutions internationales... et sengagent le doter des moyens ncessaires pour lui permettre de remplir sa mission", "rappellent le mandat de lACCT aux fins de poursuivre et intensifier la coopration avec les organisations internationales", "invitent au strict respect du statut des diffrentes langues officielles ou de travail dans le systme des Nations unies", affirment leur soutien aux actions visant assurer une prsence dynamique de la communaut francophone sur la scne internationale". - Le franais dans les organisations internationales : ils "appellent la cration de groupes francophones dans les organisations internationales qui nen sont pas encore dotes". - Lconomie mondiale : ils "appellent la communaut internationale soutenir les efforts des pays en dveloppement en vue de leur participation un systme commercial mondial stable, ouvert et quitable", "sengagent participer activement la rflexion mene dans le cadre des Nations unies en vue de ladoption dun programme daction pour le dveloppement". - La coopration conomique francophone : ils "conviennent de dvelopper entre eux une troite concertation lors des diffrentes ngociations multilatrales, notamment au sein du GATT ou des organismes rgionaux". - Le programme daction des Nations unies pour le Dveloppement : ils "sengagent contribuer activement sa dfinition et sa mise en oeuvre", "mandatent le Conseil permanent de la Francophonie afin de prciser la contribution spcifique que les pays francophones pourraient apporter la mise en oeuvre du programme". - La programmation : cette rsolution "souligne la ncessit de mobiliser des crdits accrus au profit du fonds multilatral unique". Elle dfinit les grands domaines dintervention de la Francophonie dans les annes venir : promotion de lutilisation du franais au sein des organisations internationales, appui des programmes de dveloppement du franais dans les sciences, coopration juridique, financire, interparlementaire, dans le domaine de la communication, aide lancrage africain de TV5 et poursuite des tudes sur lextension lAsie, soutien au Forum francophone des affaires pour dvelopper le partenariat conomique, mise en place de programmes mobilisateurs dans le domaine de lenseignement du franais et de lalphabtisation, coopration scientifique et soutien la relance de la recherche au Sud. . Les dcisions pratiques Sur le plan institutionnel, le sommet de Maurice a pris un certain nombre de dcisions destines permettre un renforcement du rle politique de la francophonie sur la scne internationale. Les travaux prparatoires des confrences ministrielles qui se sont tenues en dcembre 1992, Paris, et en octobre 1993, Grand Baie, et le rapport prsent par le Conseil permanent de la Francophonie, ont dans ce domaine jou un rle important en indiquant la direction suivre. Le CPF, organe permanent de la Francophonie, doit dvelopper sa capacit de rayonnement au plan international. La cration dun comit de rflexion pour le renforcement de la francophonie propose par les ministres et adopte Maurice par le biais dune rsolution, va dans ce sens. Ce comit est compos de 11 reprsentants dsigns sur une base gographique par la Confrence ministrielle de la Francophonie (Burkina-Faso, Canada, Canada/Qu-bec, communaut franaise de Belgique, France, Gabon, Maroc, Maurice, Roumanie, Sngal, Vietnam). Sa mission est : "de proposer les moyens dassurer la ralisation des ambitions de la Francophonie sous le contrle du CPF et sous lautorit de la confrence ministrielle". La premire tche fixe au comit de rflexion tait de prsenter un rapport dtape la confrence ministrielle de Bamako en dcembre 1993. Ses propositions finales doivent tre soumises au 6e sommet de Cotonou en dcembre 1995. Depuis le Sommet de Chaillot en 1991, le dbat sur lvolution institutionnelle de la francophonie sest poursuivi activement. Nayant pu tre dfinitivement rgl Maurice, comme prvu, le dispositif dfini en 1991 a continu de prvaloir selon la hirarchie suivante : le Sommet, la confrence ministrielle de la francophonie (CMF), le Conseil permanent de la francophonie (CPF), le secrtariat des instances assur par lACCT, lACCT, unique organisation intergouvernementale de la Francophonie et son oprateur principal, enfin les autres oprateurs. Cr Maurice, un comit de rflexion sur les perspectives institutionnelles a prsent une srie de propositions qui ont fait lobjet dpres discussions lors des Confrences ministrielles, de Ouagadougou en dcembre 1994, puis Paris en mars 1995. Enfin, un autre comit cr Maurice et charg de rflchir sur les programmes mobilisateurs a suggr de regrouper les axes de laction de la Francophonie autour de quatre thmes (un espace de savoir et de progrs : un espace de culture et de communication ; un espace de libert, de dmocratie et de dveloppement ; la Francophonie dans le monde), afin de donner plus de cohrence et de force la coopration multilatrale francophone qui souffre dune dispersion de ses secteurs dintervention (les cinq dfinis Paris en 1986 agriculture, nergie, industries de la culture et de la communication, industries de la langue et information scientifique, dveloppement tech-nologique et les trois autres rajouts Dakar en 1989 ducation et formation, environnement, dmocratie et Etat de droit). 6me Sommet de la Francophonie : Cotonou (Bnin) 2/4 dcembre 1995 - La confrence Le dossier le plus important qui devait tre examin par les Chefs dtat francophones (49 participants) runis Cotonou devait tre celui de la rforme institutionnelle lance lors du Sommet de Chaillot en 1991 et dveloppe lors du Sommet de Maurice en 1993. Une rforme qui commenait traner en longueur et qui devait imprativement aboutir Cotonou. De grandes dcisions de principe ont, de fait, t prises : cration dun secrtariat gnral de la francophonie, nomination par le Sommet dun secrtaire gnral, porte-parole politique et reprsentant officiel de la francophonie au niveau international, cration dun poste dadministrateur de lAgence de coopration culturelle et technique, qui devient lAgence de la francophonie. Ces dcisions de principe ont, aprs le Sommet, t rexamines en dtail lors de la Confrence ministrielle de la francophonie runie Marrakech les 17 et 18 dcembre 1996, au cours de laquelle a t adopt un projet de Charte de la francophonie, tablissant le nouveau dispositif institutionnel. Lensemble du dossier, non dfinitivement boucl est renvoy au Sommet de Hano en novembre 1997, au cours duquel doit tre effectivement lu le nouveau secrtaire gnral de la francophonie. Limportance de cette rforme institutionnelle est lie lambition maintes fois rpte de donner la francophonie une visibilit et un impact politique beaucoup plus significatifs, jugs ncessaires dans le nouveau contexte de laprs-guerre froide. Mme si, et on a bien pu le mesurer Cotonou, cette ambition parat avoir des limites certaines. Ainsi, sur les dossiers africains, en particulier le Rwanda, le Nigeria ou lAlgrie, les Chefs dtat ont eu quelques difficults, non seulement mettre en oeuvre des initiatives diplomatiques, mais aussi prendre des positions communes. Le Canada, le Mali ou le Burkina Faso souhaitaient une condamnation du rgime militaire nigrian, mais le Bnin, le Togo, le Niger et le Tchad sy sont opposs, nacceptant qu un appel aux autorits nigrianes pour oeuvrer ltablissement de ltat de droit et de la dmocratie . Plusieurs autres rsolutions ont t adoptes sur lAfrique, le maintien de la paix, le Burundi, le Liban qui sont rests de timides compromis. Dans le domaine de la coopration juridique et judiciaire, les Chefs dtat ont adopt le plan daction prpar lors de la runion ministrielle du Caire du 30 octobre au 1er novembre 1995 et ax sur quatre thmes : lindpendance de la magistrature ; une justice efficace garante de lEtat de droit ; le respect des droits de lhomme et des liberts fondamentales ; une justice facteur de dveloppement. Lappel de Cotonou Aujourdhui, 90 % des informations qui transitent par Internet sont mises en langue anglaise, parce que les outils et les serveurs sont ddis lusage exclusif de cette langue. Lenjeu est clair : si dans les nouveaux mdias, notre langue, nos programmes, nos crations ne sont pas fortement prsents, nos futures gnrations seront conomiquement et culturellement marginalises. Sachons demain offrir la jeunesse du monde des rves francophones, exprims dans des films, des feuilletons et valorisant la richesse culturelle et la crativit de chacun de nos peuples. Il faut produire et diffuser en franais. Cest une question de survie. Il faut unir nos efforts. Les pays du Sud peuvent et doivent participer ce combat, qui nest pas seulement celui de la francophonie. Les hispanophones et les arabophones, tous ceux qui sexpriment en hindi ou en russe, en chinois ou en japonais sont confronts la mme menace que nous. Jappelle la francophonie prendre la tte dune vaste campagne pour le pluralisme linguistique et la diversit culturelle sur les inforoutes de demain. Je souhaite que cet appel de Cotonou marque fortement cette ambition et soit entendu et compris dans le monde entier . Cette dclaration du prsident de la Rpublique franaise, Jacques Chirac, baptise depuis l appel de Cotonou , aura t lune des plus marquantes du Sommet. Cest en tout cas Cotonou pour la premire fois que les francophones ont pris la mesure de limportance pour leur avenir des nouvelles technologies de linformation et de la communication et quils ont dcid dy accorder dans leurs activits une place prioritaire. Dans la rsolution N 18 du Sommet sur la socit de linformation, les Chefs dEtat, conscients du dfi que pose le dveloppement trs rapide de la socit de linformation et des enjeux conomiques, technologiques et culturels qui en dcoulent , dcident dorganiser une mobilisation rapide du dispositif francophone dans ce domaine. Il faudra quand mme attendre mai 1997 pour quune runion ministrielle se tienne sur ce sujet Montral et produise un plan daction, propos aux Chefs dEtat Hano et ax sur la cration dun fonds francophone destin soutenir la production de contenus francophones multimdia. De fait, il restera prouver que cette prise de conscience de Cotonou sera suivie enfin deffets aprs Hano. 7me Confrence des chefs dEtat et de gouvernement des pays ayant le franais en partage : Hano (Vietnam) 14/16 novembre 1997 La Confrence Le Sommet de Hano (51 participants) restera une tape importante dans lvolution de la Francophonie institutionnelle. Engage depuis plusieurs annes, difficile dfinir et finaliser, la rforme de lorganisation gnrale du dispositif a finalement abouti Hano. Le point essentiel concerne la cration dun secrtariat gnral de la Francophonie qui supervise lensemble des activits des oprateurs, y compris lAgence de la francophonie, et prend en charge tout particulirement la promotion de la Francophonie politique, nouveau volet essentiel qui doit permettre la communaut de saffirmer davantage et de manire plus visible sur la scne internationale. Dsormais, le secrtaire gnral de la Francophonie, dsign par les chefs dEtat et de gouvernement pour une dure de quatre ans, prside le Conseil permanent de la francophonie (CPF), compos de reprsentants directs des chefs dEtat, le CPF prenant lui-mme le rle de conseil dadministration de lagence. Le CPF qui, avant Hano, tait compos de 18 membres, est largi aux reprsentants de tous les membres part entire de la francophonie. Le secrtaire gnral de la Francophonie, install Paris avec son quipe restreinte de conseillers, dispose de pouvoirs importants, mais de moyens humains et financiers propres qui ont t volontairement limits. LObservatoire de la Paix, de la dmocratie et des droits de lhomme, lui, est directement rattach pour le pilotage des activits politiques, juridiques et judiciaires. LAgence, dans cette nouvelle configuration, est dirige par un Administrateur gnral. Cest le Belge Roger Dehaybe, 55 ans, commissaire gnral aux Relations internationales de la communaut franaise de Belgique qui a t dsign par la confrence ministrielle ce nouveau poste pour diriger lagence avec un assez large consensus. Roger Dehaybe stait prcdemment distingu en dirigeant le comit de rflexion charg dlaborer la rforme institutionnelle et la nouvelle charte de la Francophonie adopte lors de ce septime sommet. Par contre, au cours des semaines qui ont prcd le Sommet, llection du nouveau secrtaire gnral a fait lobjet dune controverse significative entre pays membres. Si la France et le Canada, avec Jacques Chirac et Jean Chrtien, se sont fortement engags en faveur du candidat gyptien Boutros Boutros-Ghali, ancien secrtaire gnral des Nations unies et non reconduit dans ses fonctions en raison de lhostilit amricaine, de nombreux tats dAfrique au sud du Sahara ont ouvertement manifest leur mauvaise humeur vis--vis de cette candidature, estimant que le poste devait revenir lun des leurs, en loccurrence le Bninois Emile Derlin Zinsou ou le Congolais Henri Lopes. Critiquant Boutros-Ghali et insistant sur son ge (75 ans), ils ont mme laiss planer sur le sommet lide dun demi-mandat de deux ans, lissue duquel le poste devrait revenir leur candidat. Linsistance active des Franais et des Canadiens a finalement abouti, la fin de ce sommet anim, llection, lunanimit, de Boutros Boutros-Ghali au nouveau poste de secrtaire gnral de la Francophonie pour quatre ans, avec la mission dutiliser sa notorit et son exprience diplomatique pour lancer la dynamique de la francophonie politique. Laprs-sommet, expliquait alors Jacques Chirac RFI, ce sera la mise en place de nos structures, le soutien laction du secrtaire gnral et la participation, chaque fois que ncessaire, la demande des tats et sans faire naturellement aucune ingrence lintrieur des tats de la francophonie, tout ce qui peut renforcer ltat de droit, la lutte contre les tensions, les difficults, voire les conflits, lorganisation des lections. Cest un peu cela laspect politique de la francophonie . A Hano, a t dcid que deux pays, Saint-Thomas et Prince et la Moldavie passeraient du statut dobservateur celui de membres part entire. Tandis que la Pologne, lAlbanie et la Macdoine pourront participer au 8me sommet de Moncton en tant quobservateurs. Un plan daction pour le prochain biennum a galement t adopt par les chefs dtat, articul en cinq grands points : espace de libert et de dmocratie, espace de culture et de communication, espace de savoir et de progrs, espace conomique et de dveloppement, et, enfin, la francophonie dans le monde (en particulier la relance de lusage du franais dans les organisations internationales). Deux dcisions concrtes ont t prises relatives la mise en uvre de ce plan. La premire concerne la cration, ds 1998, dun Fonds francophone des inforoutes destin promouvoir linternet francophone, dont un premier bilan dactivit devra tre dress lors du 8me sommet. La runion en 1999 dun sommet des ministres de lEconomie des pays francophones destin dfinir plus prcisment les missions et les objectifs de la francophonie conomique. Dans leur dclaration finale, les chefs dEtat et de gouvernement ont insist sur le fait que le Sommet de Hano marque une tape importante dans lvolution des institutions de la francophonie, par la mise en uvre de la Charte rvise et llection du secrtaire gnral de la francophonie, qui renforcent la stature internationale de la francophonie . Un dfi qui, Hano, paraissait encore difficile relever. Les fortes apprhensions manifestes cause de labsence de Laurent-Dsir Kabila, prsident du pays francophone le plus peupl dAfrique, et ses dclarations ambigus contre la francophonie illustraient ces difficults. Depuis Hano, en se mobilisant pour le rglement politique de plusieurs conflits, dont celui qui svit en Rpublique dmocratique du Congo, la francophonie politique a commenc montrer quelle comptait bien faire ses preuves. 8me Confrence des chefs dtat et de gouvernement des pays ayant le franais en partage : Moncton (Nouveau-Brunswick), du 3 au 5 septembre 1999 - La Confrence Si le thme choisi pour la Confrence de Moncton est celui de la jeunesse, cest sur dautres dossiers "chauds" que les participants ont eu se prononcer. Il a fallu notamment confirmer lmergence, encore controverse, dune francophonie politique, et sur ce point Moncton aura permis aux chefs dtat et de gouvernement de raffirmer et damplifier le rle politique de lorganisation. Le secrtaire gnral Boutros Boutros-Ghali, confirm dans ses fonctions de porte-parole politique et diplomatique de lespace francophone, reoit cette occasion un mandat explicite pour poursuivre ses actions en faveur du maintien de la paix. Signe indniable que la Francophonie est bien devenue une instance politique, la situation dans la rgion africaine des Grands Lacs a fait une irruption remarque lors des dbats, souvent houleux, sur la question. En matire de dmocratie et de droits de lhomme, thmes rcurrents chaque rencontre des chefs dtat de la francophonie, des changes vifs ont eu lieu, mais permettent davancer sur la proposition (franaise) de cration dun Observatoire de la dmocratie. Cependant celle-ci, par souci de ralisme, et en tenant compte des rticences, va se faire par tapes. Le souci de dvelopper tout un processus dappui francophone aux processus de dmocratisation va ainsi pouvoir trouver une traduction concrte avec le lancement, aprs Moncton, du grand chantier de lvaluation des transitions dmocratiques, exprimentes avec des fortunes diverses depuis une dcennie par une partie importante des tats membres ; valuation qui doit donner lieu une srie de confrences et dateliers (prparatoires au symposium, en novembre 2000, de Bamako sur les pratiques de la dmocratie et du droit en Francophonie). A Bamako, en prfiguration de Beyrouth, une dclaration solennelle et un plan daction seront adopts. Cap sur la diversit culturelle Les tats francophones, afin de prserver lexception culturelle et dfendre leurs intrts dcident galement lissue du sommet de se concerter pour dgager des positions communes dans les organisations et confrences internationales, avec un premier rendez-vous : louverture du nouveau cycle de ngociations dans le cadre de lOrganisation mondiale du commerce, en novembre 1999 Seattle. La dfense de la "diversit culturelle" devient ainsi un thme privilgi pour la Francophonie. Nouvelle formulation du combat pour "lexception culturelle", lanc lors du sommet de Maurice en 1993, la bataille pour la dfense de la diversit des cultures est prne avec une particulire insistance par la dlgation franaise Moncton. Pour y parvenir, une srie de mesures ont t annonces lors de ce 8e sommet : tout dabord, valoriser la pluralit des langues mais surtout la diversit des cultures qui constituent une valeur de la Francophonie. Face lhgmonie croissante de langlais, la promotion et la diffusion de la langue franaise seront soutenues plus encore que par le pass, de mme que les autres cultures et les langues mondiales de communication. En ce sens, les pays membres apporteront leur concours la formation des diplomates en langue franaise, afin de promouvoir lusage du franais dans les organisations et les enceintes internationales. Le plan durgence de dfense du franais, mis en place Hano, et qui a produit des rsultats insuffisants, doit tre renforc. Les chefs dtat ont ritr leur souci dencourager davantage les changes linguistiques et la formation distance ainsi que le recours massif aux nouvelles technologies de la communication et de linformation. Linternet, en franais, sera lune des priorits des programmes de coopration francophone mens par lOrganisation internationale de la francophonie, au travers notamment du Fonds francophone des inforoutes, qualifi de succs par les chefs dtat. Face la mondialisation, les pays francophones se rservent aussi le droit de dfinir librement leur politique culturelle et les instruments qui y concourent, de favoriser lmergence dun rassemblement le plus large possible lappui de cette diversit et duvrer la mobilisation de lensemble des gouvernements en sa faveur. Ils ont tenu souligner que ces biens culturels, y compris audiovisuels, reflets des identits nationales et rgionales, ne devaient pas tre traits comme de simples marchandises, notamment dans le cadre des ngociations commerciales multilatrales. Dans le but de promouvoir le dialogue entre les cultures (thme du futur sommet de Beyrouth), les chefs dtat et de gouvernements de la Francophonie ont galement pris des mesures afin dencourager les changes entre artistes et entre industries culturelles pour faciliter la circulation des uvres. Ils entendent galement aider davantage au financement de manifestations contribuant au rayonnement de la cration culturelle, et poursuivre leurs actions engages grce au Fonds de soutien la production du Sud (Masa et Fespaco). Le soutien au dveloppement et la diffusion de la presse crite francophone est aussi raffirm. Un autre dossier sensible examin et avalis Moncton est celui de la rforme en profondeur de lAgence universitaire de la Francophonie (AUF). LAgence, outil de la coopration francophone dans le secteur de lenseignement suprieur, avait fait lobjet de deux rapports dvaluation mettant en cause le fonctionnement de cette institution, tant au niveau de la gestion qu celui des performances et de lefficacit. Les chefs dtat et de gouvernement ont donc donn mandat au secrtaire gnral de la Francophonie de prparer rapidement la rforme de cette institution afin que, adopte en novembre 99 par la Confrence ministrielle de la francophonie, elle sapplique ds lanne 2000. La jeunesse, thme consensuel de Moncton, est dsormais un sujet de proccupation permanent pour la francophonie. Les programmes de coopration comprendront systmatiquement un volet consacr aux jeunes et le dialogue avec eux sera institutionnalis. Enfin, lOrganisation internationale de la Francophonie a accueilli deux nouveaux membres : lAlbanie et la Macdoine, pour des raisons plus politiques, lies la situation dans les Balkans, que strictement linguistiques. La Lituanie, la Rpublique Tchque et la Slovnie sont, au sommet de Moncton devenus membres observateurs. 9me Confrence des chefs dEtat et de gouvernement ayant le franais en partage : Beyrouth (Liban), du 18 au 20 octobre 2002 - La Confrence Initialement prvu en octobre 2001, le sommet de Beyrouth sest finalement tenu en octobre 2002 la suite de son report au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Ce sommet a t marquant plus dun titre. Pour la premire fois, les chefs dtats et de gouvernement ayant le franais en partage se sont runis dans un tat du monde arabe. Autre vnement historique : la prsence du prsident algrien Abdelaziz Bouteflika, en qualit dinvit personnel du prsident libanais Emile Lahoud . LAlgrie a ainsi particip pour la premire fois un sommet francophone alors quelle na ni le statut de membre ni celui dobservateur. Aprs confirmation de la venue du prsident Bouteflika, quelques jours avant louverture du sommet, le prsident de la Rpublique franaise Jacques Chirac a dclar : LAlgrie est chez elle dans la francophonie mme si elle na pas rejoint lorganisation. Le thme choisi pour cette 9 Confrence, en loccurrence le Dialogue des cultures, fut dclin sous trois angles diffrents dans la Dclaration de Beyrouth : politique dabord (la premire partie de la Dclaration tant consacre au dialogue des cultures (comme) instrument de la paix, de la dmocratie et des droits de lhomme ), culturel ensuite, en attribuant la Francophonie un rle de forum de dialogue des cultures ; et enfin sous langle socio-conomique, avec le souhait formul par les chefs dtat et de gouvernement d une Francophonie plus solidaire au service dun dveloppement conomique et social durable . Beyrouth fut aussi loccasion de confirmer lorientation plus politique donne la Francophonie. La conjoncture internationale a, en effet, permis aux 55 chefs dEtat et de gouvernement prsents de se prononcer sur des questions dordre purement politique. A ce sujet, une innovation a t apporte avec une sance de dbats huis clos consacre la situation internationale. La Dclaration de Beyrouth, adopte lissue du sommet, a fait tat des positions pour lesquelles un consensus a t trouv. Sagissant de la situation au Moyen-Orient, les dirigeants francophones ont apport leur soutien linitiative pour la paix du prince hritier Abdallah dArabie Saoudite, adopte lors du Sommet de la Ligue arabe Beyrouth en mars 2002. Quant la crise irakienne, ils se sont rangs derrire la position prne par Jacques Chirac, savoir la primaut du droit international et le rle primordial de lOnu . Beyrouth a en outre t loccasion daborder la crise en Cte dIvoire et de condamner ainsi la tentative de prise de pouvoir par la force et la remise en cause de lordre constitutionnel . En outre, fut raffirm lattachement de la Francophonie la dmocratie ainsi quaux droits de lhomme, les chefs dEtat et de gouvernement sengageant lutter contre limpunit des auteurs des violations des droits de lhomme . Quant laspect purement culturel du dialogue des cultures, le sommet de Beyrouth confirme limportance donne par la Francophonie la notion de diversit culturelle, notamment par la volont affiche de concourir la concrtisation du projet dlaboration dune convention internationale en la matire, dans le cadre de lUnesco. Enfin, pour ce qui a trait au volet socio-conomique de la Dclaration de Beyrouth, les chefs dtat raffirment leur volont de lutter contre la pauvret, lanalphabtisme, les pandmies (), linscurit et le crime () qui maintiennent les pays et les populations les plus vulnrables lcart du dveloppement . Ils ont aussi souhait saluer la mise en uvre du Nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfrique (Nepad), et ont voulu apporter leur soutien aux programmes engags dans le cadre des objectifs fixs par la Dclaration du Millnaire des Nations unies. Les chefs dtat et de gouvernement runis Beyrouth devaient par ailleurs dsigner le successeur de Boutros Boutros-Ghali, au poste de secrtaire gnral de lOrganisation internationale de la Francophonie. Peu avant le Sommet, deux candidats taient encore en lice : lancien prsident du Sngal, Abdou Diouf, et lambassadeur du Congo-Brazzaville en France, Henri Lopes. Le premier, soutenu notamment par Jacques Chirac, fut longtemps confront au veto de son successeur la prsidence du Sngal, Abdoulaye Wade, qui refusait de le prsenter au nom du Sngal. Quant Henri Lopes, dj candidat Hano en 1997 et lpoque vinc au profit de Boutros Boutros-Ghali (au terme dpres ngociations), il bnficiait du soutien du prsident congolais Denis Sassou Nguesso, de celui du prsident gabonais Omar Bongo et de nombreux chefs dtat africains. Simposant progressivement comme le candidat favori, Abdou Diouf fut finalement lu lunanimit le 20 octobre 2002 aprs le retrait dHenri Lopes. Il a officiellement pris ses fonctions le 2 janvier 2003. Paralllement, un nouveau Plan daction a t adopt lors de ce sommet. Celui-ci reprend les quatre grands axes dvelopps dans la programmation de la Francophonie multilatrale pour le biennum 2002-2003 : paix, dmocratie, droits de lhomme ; promotion de la langue franaise et de la diversit culturelle et linguistique ; ducation de base, formation professionnelle et technique, enseignement suprieur et recherche ; coopration conomique et sociale au service du dveloppement durable et de la solidarit. Cette programmation a t adopte en janvier 2002 lors de la Confrence ministrielle de la Francophonie. Ce plan entrine galement ladoption dune programmation quadriennale et non plus biennale, tout en voquant la ncessaire mise en place dun cadre stratgique dcennal qui devrait tre arrt en novembre 2004 Ouagadougou lors de la prochaine Confrence des chefs dtat et de gouvernements des pays ayant le franais en partage. Enfin, les chefs dtat et de gouvernement ont entrin ladmission de la Slovaquie au sein de lOrganisation internationale de la Francophonie avec le statut dobservateur, ce qui porte 56 le nombre dtats et de gouvernements membres ou observateurs. 10me Confrence des chefs dEtat et de gouvernement ayant le franais en partage : Ouagadougou (Burkina Faso) du 26 au 27 novembre 2004 - La Confrence Le sommet de Ouagadougou, ayant pour thme La Francophonie, espace solidaire pour un dveloppement durable, a permis de mettre laccent sur les engagements pris Johannesburg, lors du Sommet mondial sur le dveloppement durable de 2002, didentifier les difficults et de dfinir les politiques et les actions solidaires permettant datteindre les objectifs du dveloppement durable. Il sest aussi pench sur les crises en Afrique et dans le monde, raffirmant lattachement du mouvement pour la paix, le dveloppement solidaire, les valeurs dmocratiques et le respect de la diversit culturelle. LOrganisation internationale de la Francophonie (OIF) a t rejointe Ouagadougou par deux nouveaux membres associs Grce et Andorre et cinq observateurs Armnie, Autriche, Croatie, Gorgie et Hongrie. Elle compte dsormais 53 Etats et gouvernements membres et 10 pays observateurs, illustration du succs que connat depuis quelques annes la Francophonie travers le monde. On a not, pour la deuxime fois, la prsence du prsident algrien Abdelaziz Bouteflika un sommet francophone. - Les rsolutions La Dclaration de Ouagadougou rappelle limportance attache par la Francophonie une vision globale du dveloppement durable. Les dirigeants francophones estiment que le dveloppement sera durable sil repose sur cinq piliers, savoir la gestion matrise et saine des ressources naturelles, un progrs conomique inclusif et continu, un dveloppement social quitable faisant appel la tolrance et sappuyant sur lducation et la formation, des garanties de dmocratie et dEtat de droit tous les citoyens et une large ouverture la diversit culturelle et linguistique . Le sommet a aussi dfini un Cadre stratgique dcennal destin faciliter la dfinition dobjectifs long terme pour la Francophonie afin de la rendre plus efficace sur le terrain. Il est organis autour de quatre missions : promouvoir la langue franaise et la diversit culturelle et linguistique ; promouvoir la paix, la dmocratie et les droits de lhomme ; appuyer lducation, la formation, lenseignement suprieur et la recherche ; dvelopper la coopration au service du dveloppement durable et de la solidarit. Il a galement donn mandat au secrtaire gnral pour rformer lorganisation et mettre jour la Charte, support juridique de lensemble du cadre institutionnel francophone ; elle dfinit notamment le rle et les missions de lOIF (la nouvelle charte sera adopte par la Confrence ministrielle Antananarivo, le 23 novembre 2005). La crise en Cte dIvoire, Etat francophone et pays voisin du Burkina Faso, dont le prsident Laurent Gbagbo tait absent du sommet, a galement mobilis les participants qui ont fermement condamn dans une rsolution les attaques meurtrires provoques par les FANCI [forces gouvernementales] au nord de la Cte dIvoire, y compris celles contre la force Licorne (forces franaises) agissant sous mandat des Nations unies en faveur de la paix en Cte dIvoire (le sommet sest tenu moins dun mois aprs le bombardement dune position de Licorne par larme loyaliste ivoirienne). En outre, ils ont raffirm leur conviction que les engagements consigns dans les Accords de Linas Marcoussis et dAccra III constituent la seule voie pour une rconciliation durable en Cte dIvoire et exigent leur stricte application . Le sommet a galement adopt une rsolution sur le Proche-Orient et a exprim la profonde sympathie de lOIF au peuple palestinien la suite du dcs de Yasser Arafat et a appel la communaut internationale se mobiliser, afin de faciliter la tenue dlections dmocratiques auxquelles tous les Palestiniens, y compris ceux de Jrusalem-Est, pourront participer. Pour dautres crises ou conflits comme ceux en Irak, Hati, en Rpublique dmocratique du Congo, au Darfour ou en Somalie ont t invoques Ouagadougou des solutions politiques, respectant la souverainet des Etats et les droits de lhomme. Le sommet, qui a permis la communaut francophone de renouveler sa solidarit avec le continent africain, a insist sur lurgence de la mise en uvre dun consensus visant un financement largement amlior du dveloppement . Nous raffirmons que la pauvret, source invitable de conflits, doit tre au cur des proccupations des Etats et gouvernements. Nous sommes convaincus que notre monde possde aujourdhui les moyens et les ressources ncessaires pour lliminer , souligne la dclaration. Elle appelle un changement dattitude et la dfinition de nouvelles priorits tant au Sud quau Nord pour atteindre les objectifs du Millnaire, travers notamment un partenariat global visant une mondialisation quitable et un dveloppement durable, tous les niveaux : international, rgional, national et local . Nous constatons que la mondialisation a creus les carts conomiques et sociaux entre les pays et en leur sein, et que les moins avancs peinent profiter de la croissance mondiale et des nouvelles technologies. La Francophonie doit, cet gard, participer de faon toujours plus forte et plus cohrente leffort gnral visant crer les conditions qui donneront aux pays les plus pauvres et leurs populations les moyens dune insertion russie dans le systme conomique mondial , ont soulign les participants. Ils ont aussi raffirm leur attachement la recherche, dun partenariat accru public-priv et dun soutien la microfinance, en liaison avec lOnu et les institutions financires internationales. Point important, puisque le sommet de Ouagadougou a galement adopt une rsolution sur le coton, les participants ont invit les responsables gouvernementaux francophones tmoigner rciproquement dune solidarit plus concrte loccasion des ngociations commerciales internationales pour diminuer la vulnrabilit des producteurs du Sud sur les marchs mondiaux. Ils ont par ailleurs beaucoup insist sur lmergence dune vritable culture des droits de lHomme dans lespace francophone, adoptant mme un texte sur la libert de la presse. Se dclarant convaincus du rle primordial de lenseignement suprieur dans la construction des socits, ils se sont engags poursuivre leur coopration en vue de gnraliser lusage des nouvelles technologies, de faciliter la mobilit des universitaires et des tudiants, de dvelopper lenseignement distance et de contribuer lmergence de ples dexcellence scientifiques et technologiques. Nous sommes dcids ce que nos socits progressent dans ldification dune socit de linformation visant privilgier la construction des savoirs et le partage des connaissances ainsi que lappropriation des Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) de manire rduire la fracture numrique , ont-ils dclar. Figure galement dans les proccupations la promotion de la langue franaise, sadossant au dveloppement des langues partenaires et dans le respect de la diversit culturelle. Les chefs dEtat et de gouvernement francophones, dont une grande partie sont africains, ont enfin affirm leur soutien unanime au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, dont la cration a t dcide par lAssemble gnrale des Nations unies. | |||
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