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01/09/2006 | |||
Politiques migratoires : la Francophonie, laboratoire dides | |||
(MFI) De par la diversit de ses membres, lensemble francophone peut constituer un vritable laboratoire dides sur le phnomne migratoire. Les principaux pays daccueil tels que la France, le Canada, la Belgique ou la Suisse mnent leurs propres politiques avec cependant des axes communs, tandis que les pays francophones dAfrique et dEurope de lEst, eux, sont confronts au dpart ou au transit des candidats lmigration. | |||
Alors que la confrence euro-africaine de Rabat sur limmigration et le dveloppement des 10 et 11 juillet 2006 (1) instaurait une coopration accrue entre pays dorigine, de transit et de destination, la Francophonie, qui runit ces trois types de pays, constitue un cadre idal dchanges dexpriences et dides. On retrouve certaines constantes dans la politique migratoire des principaux pays daccueil francophones (Belgique, Canada, France, Suisse). Ainsi, lide de la slection des candidats limmigration, dj largement pratique. Au Canada, les ministres territoriaux, provinciaux et fdral chargs des questions dimmigration ont, en novembre 2005, plac parmi leurs cinq priorits-cls une meilleure slection des immigrants avec la cration dune nouvelle catgorie conomique destine retenir les personnes qui possdent une exprience de travail ou qui ont reu une formation au Canada. En France, la deuxime (aprs celle de novembre 2003) loi sur limmigration prsente par le ministre de lIntrieur Nicolas Sarkozy, adopte le 21 juillet 2006, prvoit une carte de sjour " Comptences et Talents " destine attirer, entre autres, des chercheurs et des tudiants. Cette loi prvoit galement de nouvelles restrictions pour les migrations familiales, au contraire du Canada qui, lui, a investi en 2005 dans un programme de deux ans destin acclrer le traitement des demandes de parents et des grands-parents au titre du regroupement familial. Autre constante des pays daccueil francophones : une politique contraignante dintgration. La Suisse a ainsi adopt fin 2005 une loi qui prvoit des cours dintgration obligatoires pour limmigrant. Selon ce texte, les autorits devront prendre en compte le degr dintgration du demandeur pour prolonger ou accorder les permis de sjour. La mme politique est suivie par la France avec la mise en place, depuis janvier 2004, des Contrats daccueil et dintgration (CAI). Pour sa part, la Belgique a accord en 2004 un droit de vote aux lections communales aux trangers non europens tablis sur le territoire belge depuis cinq ans au moins. En Europe de lEst, de nouveaux quilibres se forment Du ct des pays francophones dorigine de limmigration, deux grands champs gographiques existent : lAfrique (avec comme principaux pays metteurs le Maroc, les deux Congo, le Mali et le Sngal) et lEurope de lEst. Dans cette dernire zone, de nouveaux quilibres migratoires apparaissent la suite de lintgration, en 2004, de huit nouveaux pays au sein de lUnion europenne, dont six sont galement membres observateurs (*) de la Francophonie : Estonie, Hongrie*, Lettonie, Lituanie*, Pologne*, Rpublique tchque*, Slovaquie* et Slovnie*. Lintgration prochaine au sein de lEurope de la Bulgarie et de la Roumanie, membres part entire de lOIF et grands pourvoyeurs de main duvre en Europe (majoritairement en Espagne et en Grce pour la Bulgarie et en Allemagne et en Italie pour la Roumanie), devrait bouleverser un peu plus la donne. La Bulgarie comme la Roumanie se prparent en effet devenir les nouvelles frontires de lEurope et adoptent des procdures beaucoup plus strictes de contrle des flux migratoires. Quant aux pays de transit de limmigration, ils sont de plus en plus nombreux, tant bien souvent galement pays dorigine. Cest dailleurs parce quil tait confront cette double ralit que le Maroc a t linitiative de la confrence euro-africaine de Rabat. Pour pallier la fuite des cerveaux africains vers lEurope, les participants cette confrence ont prn, entre autres, une intensification des changes entre universitaires du Nord et du Sud ainsi quune plus grande facilit de circulation des tudiants et des hommes daffaires : des actions dj entreprises par les structures francophones. Les nombreuses discussions en cours au sein de lOIF sur ces thmes qui sont au cur de lactualit internationale, comme lillustre le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le dveloppement des 14 et 15 septembre 2006 lassemble gnrale des Nations unies ne peuvent qutre amenes se formaliser. (1) Confrence organise linitiative du Maroc, de lEspagne et de la France, avec la participation de lUnion europenne et de lUnion africaine. Isabelle Verdier Les flux migratoires dans les pays francophones (MFI) A la lecture du dernier rapport* de lOCDE sur les migrations, on constate que dans les principaux pays daccueil francophones, les flux migratoires sont conomiques avant dtre linguistiques. Pays dimmigration par excellence, le Canada accueille ainsi en majorit des trangers originaires dAsie : sur un total de 236 000 entres trangres en 2004, on comptait ainsi 36 000 Chinois, 26 000 Indiens et seulement 6 000 Roumains et 5 000 Franais. De mme, les liens linguistiques ne jouent pas pour limmigration vers la Suisse : ce sont les Allemands et les Portugais qui arrivent en tte des entres avec respectivement 18 000 et 14 000 ressortissants sur un total de 96 000 en 2004. Le critre de la langue franaise et les liens historiques ont malgr tout une influence pour la France et la Belgique. Sur un total de 134 000 entres dtrangers en France en 2004, les Algriens (27 000) et les Marocains (22 000) arrivent ainsi largement en tte. On retrouve ensuite les ressortissants de Tunisie, du Congo-Brazzaville, dHati, du Sngal, du Mali et de la Roumanie. Enfin, en Belgique, qui na comptabilis que 72 000 entres dtrangers en 2004, les Franais et les Marocains font partie du trio de tte avec respectivement 9 500 et 8 000 personnes. Viennent ensuite dans une proportion moindre les ressortissants de Pologne, de Roumanie et de la Rpublique dmocratique du Congo. * Perspectives des migrations internationales, Organisation de coopration et de dveloppement conomiques, Sopemi 2006. | |||
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