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01/09/2006 | |||
Ouverture lEst : les enjeux pour la solidarit francophone | |||
(MFI) Larrive au sein de la Francophonie de nouveaux pays, en particulier dEurope centrale et orientale (PECO), ne manque pas de susciter des interrogations parmi ses membres traditionnels du Sud, notamment africains, qui redoutent, comme au moment de llargissement 25 de lUnion europenne, une dsaffection de leurs bailleurs de fonds. Mais louverture lEst augure davantage dun renforcement de la capacit de ngociation internationale dun ensemble francophone qui conserve, au cur de sa stratgie, la solidarit et le dveloppement. | |||
LOrganisation internationale de la Francophonie (OIF), qui compte 53 Etats et gouvernements membres et 10 observateurs, est sollicite par de nouveaux candidats comme la Thalande, lUkraine, la Serbie, Chypre, lordre de Malte et mme le Soudan : candidatures en tant quobservateurs qui seront examines son XIe sommet, Bucarest en Roumanie, les 28 et 29 septembre 2006. Nous sommes inquiets, mais en mme temps fiers de constater que la Francophonie attire de plus en plus de monde, ce qui renforce notre capacit de ngociation dans les instances internationales, politiques et conomiques, souligne un haut fonctionnaire africain A condition de mieux nous coordonner et de mieux nous connatre. Conscients des questions qui se posent, mme si elles ne sont pas ouvertement formules en public ni en priv, les responsables francophones promettent une meilleure information et une meilleure intgration des nouveaux venus . A ceux qui se demandent si vritablement le franais est largement parl dans ces pays, ils rappellent la tradition francophone des lites europennes depuis le XVIIIe sicle et le fait quen Afrique francophone mme, tout le monde ne matrise pas forcment la langue officielle du pays. Certains responsables soulignent aussi que la Francophonie constitue une alternative lhgmonie amricaine et au libralisme tout crin qui laccompagne, puisque la solidarit et le dveloppement restent au centre de la stratgie de lOIF. Dautant que certains pays dEurope de lEst, qui connaissent une forte croissance conomique, peuvent terme devenir des bailleurs de fonds potentiels pour les plus pauvres et quils ont dj coopr avec certains pays du continent africain au moment de la guerre froide, en tant que pays frres du Pacte de Varsovie. Les Europens, agents dinfluence pour les pays du Sud Le rapprochement avec lUnion europenne et celui avec la Francophonie vont de pair et sont lune de nos priorits , souligne Youri Pyvovarov, charg daffaires ukrainien Paris. Il voque la tradition francophone des lites de son pays et la progression de la langue franaise dans lenseignement suprieur. Pour lui, lentre lOIF prsente des avantages culturels, politiques et conomiques. Lui aussi estime que les PECO peuvent jouer un rle important au sein de lUnion europenne, premier bailleur de fonds des pays en dveloppement, au mme titre que dautres nouveaux venus lOIF comme la Grce, qui a demand passer du statut dassoci celui de membre part entire. Les Europens peuvent tre des agents dinfluence pour les pays du Sud , souligne un responsable de lOIF qui rappelle que la nouvelle reprsentante de lorganisation auprs de lUE, Bruxelles, est la Roumaine Maria Niculescu. Les Africains maintiennent toutefois la pression pour quon ne les oublie pas. Ainsi, le prsident du Burkina Faso Blaise Compaor, qui avait accueilli le prcdent sommet en 2004, a propos que le Mozambique et le Ghana puissent avoir leur place auprs de la Francophonie. Le chef dEtat mozambicain, Armando Guebuza, a dailleurs voqu le sujet en juillet Paris avec le secrtaire gnral de lOIF. Abdou Diouf est conscient des enjeux et des dfis auxquels doit faire face lOIF qui a dcid dadopter une plus grande visibilit et des stratgies agressives sur tous les fronts, la mesure toutefois de ses moyens, qui restent limits. Cest au cur de lEurope () que la Roumanie va accueillir notre XI Sommet. Ce sera un moment important qui montrera combien compte pour nous ce bassin historique de la Francophonie, combien la Roumanie peut y jouer un rle majeur, combien toute notre communaut, rassemble autour delle sait manifester son sens de la solidarit, la valeur de son action , a-t-il dclar le 20 mars 2006 Bucarest. A Genve, dans un autre discours consacr aux nouvelles ambitions de la Francophonie, il avait voqu la voie alternative que celle-ci reprsente : Dans ce nouveau monde saffiche certes un renouveau de la revendication dmocratique, mais la pauvret y progresse, les ingalits sy accroissent, les identits, surtout quand elles sont minoritaires, sont malmenes. La monte en puissance du terrorisme et les nouvelles formes de croisade quil engendre attisent les haines et les divisions, le repli sur soi. Cest dans ce contexte, o lon oppose courageusement le multilatralisme lhgmonisme, le dialogue des civilisations au choc des civilisations, la diversit culturelle et linguistique au repli identitaire, le partage matris et rgul des richesses la loi pure et dure du march et du profit, quon redcouvre aujourdhui le discours et les valeurs des pres fondateurs de la Francophonie. Une coopration multi-directionnelle Depuis 2002, lOIF, qui regroupe pays riches et pays pauvres, insiste sur lintgration des pays francophones en dveloppement lconomie mondiale, laccs aux financements internationaux et une utilisation plus efficace des aides publiques au dveloppement, et enfin le financement des industries culturelles. Elle a aussi multipli la coopration non seulement avec lUnion europenne et les Nations unies mais aussi les organisations financires internationales comme le FMI et la Banque mondiale. Elle agit aussi auprs de lOrganisation mondiale du commerce (OMC) o les pays africains francophones ont russi faire avancer le dossier sur le coton. Evoquant, en juillet dernier, devant les parlementaires francophones, les rformes en cours, Abdou Diouf sest voulu optimiste mais raliste. Tout cela est en train de contribuer fortement au renforcement de la nouvelle OIF, de linstaller solidement sur la scne internationale comme un acteur qui compte, qui est cout, dont on reconnat lapport spcifique et original, comme un partenaire crdible. Llan est donn, nous ne relcherons pas nos efforts pour que ce travail produise des rsultats tangibles en faveur de la langue que nous avons en partage, en faveur de lnorme enjeu que constitue la diversit culturelle, en faveur enfin de nos valeurs dmocratiques, de paix et de justice conomique et sociale. | |||
Marie Joannidis | |||
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