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27/10/2006
Questions internationales : les Etats-Unis (1)
Elections haut risque pour les rpublicains


(MFI) Le 7 novembre, les lecteurs amricains votent pour renouveler le Snat et la Chambre des reprsentants. Entre lenlisement en Irak et plusieurs scandales impliquant des lus, ces lections de mi-mandat se prsentent mal pour les rpublicains. Une victoire des dmocrates au Congrs obligerait Georges Bush composer avec eux.

Comment les deux grands partis amricains abordent-ils ces lections de mi-mandat ?

Rpublicains qui craignent, dmocrates qui esprent : limage rsume la situation politique aux Etats-Unis quinze jours du scrutin. Selon un sondage paru dans lhebdomadaire Newsweek, le Parti dmocrate bnficie de 53 % dintentions de vote contre 39 % au Parti rpublicain. La formation de lex-prsident Bill Clinton espre reproduire son bnfice cette fois la performance historique des rpublicains de 1994, lorsque ceux-ci avaient remport les deux chambres, mettant fin quarante ans de domination dmocrate.
Les principaux thmes de campagne sont favorables aux dmocrates : la guerre en Irak, au moment o un nombre croissant dAmricains se demandent comment leur arme va sortir de ce bourbier ; lconomie qui, si elle reste dynamique, connat des signes dessoufflement ; et mme les valeurs familiales, que lon croyait tre la chasse garde des rpublicains. Le scandale Mark Foley du nom de cet lu de Floride contraint la dmission pour avoir envoy des courriels tendancieux de jeunes stagiaires embarrasse la formation de George Bush. Un seul domaine sourit aux rpublicains : la lutte contre le terrorisme, puisque 47 % des Amricains leur font davantage confiance quaux dmocrates pour protger le pays dun attentat, contre 41 % dun avis contraire. En toute logique, cest donc sur ce thme quils ont ax leur campagne.
Les dmocrates ne pavoisent pas pour autant. Dabord parce que les difficults des rpublicains ne leur donnent pas de solutions de rechange aux problmes poss ; eux aussi taient favorables la guerre en Irak et ils nont aucune alternative proposer aujourdhui. Surtout, les lections au Congrs ne dpendent pas uniquement des thmes nationaux, mais aussi denjeux locaux difficiles apprhender par les sondages. Pour remporter ces lections, les dmocrates devront conqurir au moins six nouveaux siges au Snat et seize la Chambre des reprsentants. Cela ne sera pas facile.

Quels sont les grands enjeux de la campagne lectorale ?

Cest videmment lIrak qui domine les conversations. Certains observateurs qualifient mme ce scrutin de rfrendum sur lIrak . Depuis le dbut du conflit en mars 2003, 2 800 soldats amricains y ont trouv la mort. Pour quels rsultats ? Aucun des objectifs affichs par George Bush na t atteint, sauf chasser Saddam Hussein du pouvoir. Sinon, le terrorisme na pas diminu, aucune arme de destruction massive na t trouve, la dmocratie ne sest pas impose au Moyen-Orient. Par contre, la violence confessionnelle est tous les jours plus meurtrire dans lancienne Msopotamie. CNN ne diffuse que des images dune population hostile aux Etats-Unis. Galvanis par le retour des chiites au pouvoir Bagdad, lIran affirme ses ambitions rgionales. Du coup, le mcontentement est croissant dans larme et les familles de soldats ne cessent dinterpeler les autorits sur le sens dun conflit dont personne ne voit lissue. Si 70 % des Amricains approuvaient lintervention en Irak en mars 2003, ils ne sont plus que 36 % aujourdhui. Le 18 octobre, George Bush a pour la premire fois compar la guerre en Irak celle du Vietnam. Ce nest pas le meilleur prsage pour les GIs.
Autre coup dur pour le prsident : le Snat majoritairement rpublicain a publi en septembre un rapport dmontant toutes les justifications de la guerre. Le rgime de Saddam Hussein ntait en rien alli Al-Qaeda () LIrak ne disposait ni de programme nuclaire, ni de laboratoire mobile pour la fabrication darmes biologiques () Une confiance excessive a t accorde des Irakiens exils, dfendant leur propre agenda , peut-on ainsi lire dans ce rapport.
Pour sortir de ce ptrin, les rpublicains essaient envers et contre tout de lier lutte contre le terrorisme et guerre en Irak une victoire Bagdad sera un coup terrible port au fascisme islamique et aux poseurs de bombes , a dclar George Bush car la lutte contre la terreur est le seul domaine dans lequel ils inspirent confiance. Le 17 octobre, le prsident amricain a sign la loi intitule Amener les terroristes devant la justice . Loi qui cre des tribunaux militaires dexception pour juger les ennemis combattants et autorise la CIA mener des interrogatoires secrets. Le texte interdit le recours aux traitements cruels et inhumains , mais elle laisse au prsident le soin de prciser par dcret, donc sans contre-pouvoir, ce qui entre dans cette catgorie. Les organisations de dfense des droits de lhomme ont aussitt dnonc une loi qui autorise demi-mot la torture. Mais si le texte suscite une forte motion parmi les ONG amricaines et ltranger, il est bien accueilli par les Amricains. Prenant des accents patriotiques, George Bush sest dclar fier de ratifier une loi qui va sauver des vies amricaines . Le Prsident sait quen pleine campagne lectorale, aucun dmocrate nosera lui dnier le droit dinterroger des terroristes prsums. En la matire, les dmocrates cherchent se dfaire de leur rputation de mollesse, rputation quentretiennent les rpublicains par des discours souvent muscls.

Dautres thmes peuvent-ils influer le vote des lecteurs ?

La dfense des valeurs chrtiennes et familiales refus de lavortement, du mariage homosexuel, des recherches sur les cellules souches est un thme porteur aux Etats-Unis. George Bush lui doit notamment sa rlection en 2004. Laffaire Mark Foley corne srieusement limage dun Parti rpublicain droit et moral. Dautant que les agissements du dput taient connus dautres lus. En outre, une nouvelle gnration de dmocrates Harold Ford au Tennessee, Bob Casey en Pennsylvanie se veut aussi dfenseur de la famille, en sopposant lavortement. A cela sajoutent plusieurs graves affaires de corruption dans lesquelles sont impliqus des lus rpublicains, au Texas notamment.
George Bush nest videmment pas candidat ces lections lgislatives, mais son image compte pour les rpublicains. Or avec 39 % dopinions favorables, jamais sa cote de popularit na t aussi faible. Cela cause notamment de la faon dont ont t gres les suites de louragan Katrina. Celui-ci avait dvast la Nouvelle Orlans le 29 aot 2005. Un an aprs, seuls 44 des 110 milliards de dollars promis ont t dbloqus. Moins de 5 % des maisons ont t reconstruites. Evidemment, La Nouvelle Orlans est une ville de pauvres et de Noirs. Une agglomration de jeunes cadres blancs aurait t davantage considre , accusent des associations citoyennes. Les candidats dmocrates utilisent Katrina pour dnoncer lincomptence de ladministration au pouvoir.
Reste lconomie. La croissance est au rendez-vous et le chmage est en baisse. Mais le salaire moyen a recul de 2 % depuis 2003 alors que la productivit bat des records. Comme lcrit la banque daffaires UBS, cest lge dor de la rentabilit . Une situation qui dplat nombre dAmricains qui ont le sentiment de ne pas tre rcompenss de leurs efforts. Laggravation des ingalits irrite aussi. Selon un sondage du Washington Post, 57 % des lecteurs dsapprouvent la politique librale mene par George Bush. Mais 60 % disent que lconomie ne motivera pas leur vote. Il est vrai que les plus pauvres font gnralement partie des abstentionnistes.

Jean Piel

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