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24/11/2006 | |||
Cte d'Ivoire : la valse des mdiateurs | |||
(MFI) Depuis le putsch avort du 19 septembre 2002, un intense ballet diplomatique sest engag pour trouver une issue la crise inter-ivoirienne qui menace les quilibres rgionaux. Abidjan, Paris, Lom, Accra, Abuja, Pretoria, Addis-Abeba Les uns aprs les autres, les mdiateurs se retrouvent dans lil du cyclone. | |||
La Cedeao en premire ligne en attendant Marcoussis La Communaut conomique des Etats de lAfrique de lOuest (Cedeao), prside par le Sngalais Abdoulaye Wade, organise ds le 29 septembre 2002 un sommet extraordinaire Accra, qui dcide de la cration dun Groupe de contact et de lenvoi dune force de paix (Accra 1). Le 17 octobre, elle obtient un cessez-le-feu dont le contrle est confi larme franaise. Cest le dbut de lopration Licorne. Le mdiateur de lUnion africaine, le prsident togolais Gnassingb Eyadema, entame des pourparlers directs Lom, le 30 octobre, entre le Mouvement patriotique de Cte dIvoire (MPCI, Guillaume Soro), signataire du cessez-le-feu, et les autorits ivoiriennes. En dcembre, les combats font rage le long du parallle de Bouak entre Loyalistes et Forces nouvelles qui occupent le nord du pays, soutenues louest par le Mouvement populaire du grand ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP). La France runit les protagonistes du 15 au 24 janvier 2003 en rgion parisienne avec laval de lOnu et la Cedeao. Conduite par le mdiateur Pierre Mazeaud, la Table ronde dbouche sur lAccord de Linas-Marcoussis qui demeure le cadre dintervention de la communaut internationale. A la Confrence internationale du centre Klber, le 26 janvier, le prsident Laurent Gbagbo reconnat quil na pas gagn la guerre mais reproche la France davoir lgitim la rbellion. De retour Abidjan, il laisse ses partisans brandir des slogans anti-franais. Complt par celui dAccra II (7 mars), lAccord permet toutefois la mise en place dun gouvernement de rconciliation nationale (ex-rebelles et partis dopposition). Le Premier ministre de consensus , Seydou Diarra, doit uvrer au retour la paix et la stabilit et organiser les lections doctobre 2005 sous contrle dun Comit de suivi international. Laccord prvoit des rformes lgislatives censes rsoudre la crise en profondeur (nationalit, identification des personnes, conditions de sjour des trangers, code foncier rural) et une loi damnistie des ex-rebelles. Ainsi quune rvision de la Constitution pour assouplir les conditions dligibilit et permettre une dlgation des pouvoirs au Premier ministre. Les accords dAccra et la mdiation sud-africaine A la veille du dploiement de lOpration des Nations unies en Cte dIvoire (Onuci), le 4 avril 2004, chaque camp fourbit ses armes. Une marche pacifique de lopposition contre le blocage des Accords de Marcoussis est durement rprime Abidjan. Le secrtaire gnral de lOnu, Kofi Annan, convie Accra treize chefs dEtat africains et les principaux acteurs de la crise politico-militaire. Face la coalition du G7 (ex-rebelles et partis dopposition), Laurent Gbagbo, avec le Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir), met en avant sa lgitimit et son autorit de chef dEtat, chef suprme des Armes, garant de la Constitution et des institutions. Le mdiateur Eyadema et le Gabonais Omar Bongo tentent dinflchir ses positions. Le Bloc anglophone , conduit par le Nigrian Olusegun Obasanjo et le Sud-Africain Thabo Mbeki, prend fait et cause pour le chef de lEtat , assure Soir Info (27-7-2004). Ce dernier refuserait de jouer le jeu de la France, la puissance colonisatrice . Laccord dAccra III (30 juillet) fixe un chancier au programme de dsarmement, dmobilisation et rinsertion (DDR) qui doit dbuter avant le 15 octobre, aprs ladoption des rformes politiques. Le gouvernement est rtabli. Et le prsident, qui sengage faire amender larticle 35 de la Constitution, sest entendu avec le Premier ministre sur un texte de dcret de dlgation de pouvoir . Le 4 novembre 2004, Laurent Gbagbo dcide unilatralement denvoyer son arme librer le pays , bombardant les principales villes du nord et pntrant dans la zone de confiance contrle par la France. Le 6, son aviation attaque un cantonnement franais Bouak, tuant neuf soldats. Le mme jour, Licorne neutralise au sol laviation ivoirienne. Des manifestations de Jeunes patriotes dgnrent Abidjan. Les militaires de Licorne ont-ils tir sur la foule dsarme ? Polmique, escalade, tandis quenviron 8 000 ressortissants franais et trangers sont contraints de quitter le territoire. Nouveau mdiateur de lUnion africaine, Thabo Mbeki propose de scuriser Abidjan par des patrouilles conjointes Fanci-Onuci et de remettre en route les accords. Il insiste sur le vote des lois arrtes Marcoussis. Le Parlement les adopte en dcembre mais le G7 les estime non conformes. Le 6 avril 2005, Thabo Mbki parvient faire sengager les parties la cessation immdiate et dfinitive de toutes les hostilits (Accord de Pretoria). Le 26 avril, Laurent Gbagbo accepte la candidature dAlassane Ouattara la prsidentielle. Ce dernier signe un accord avec lancien prsident Bdi en vue des lections. Le programme DDR progresse lentement. En juillet-aot, le mdiateur demande Gbagbo duser de larticle 48 de la Constitution pour modifier les lois votes lAssemble. Satisfait de sa mdiation, il rend son rapport au Conseil de Scurit de lONU le 31 aot au moment o le G7 rejette lchance lectorale du 30 octobre et exige une transition sans le prsident Gbagbo. LUnion africaine et la prolongation de la transition Le 30 septembre, la Cedeao cherche le moyen de sortir de la crise en labsence de Gbagbo qui ne veut ni ngociation ni mdiation . A Addis-Abeba, lUnion africaine entrine ses propositions. Avalises le 21 octobre par le Conseil de scurit de lOnu (rsolution 1633), elles maintiennent le prsident Gbagbo pour un an, flanqu dun Premier ministre dot de tous les pouvoirs pour organiser la prsidentielle du 31 octobre 2006. Dsign le 4 dcembre par Obasanjo et Mbeki, le gouverneur de la Banque centrale des Etats de lAfrique de lOuest (BCEAO), Charles Konan-Banny, forme un gouvernement de transition et tente de restaurer la confiance . Le Groupe international de travail (GIT) est pris parti par les Jeunes patriotes qui rcusent la fin du mandat de lAssemble. En janvier 2006, ils attaquent violemment lOnuci et, en juillet, ils sont en premire ligne pour bloquer les audiences foraines destines tablir les listes lectorales. Le 6 octobre, la Cedeao prconise une fois encore (la dernire ?) la prolongation dun an de la transition, une dcision avalise par lUA Addis-Abeba et par le Conseil de scurit, le 1er novembre (rsolution 1721). Alors que la mdiation Mbeki tait rcuse par les Forces nouvelles, qui laccusaient de partialit, le Conseil de scurit dsigne un nouveau mdiateur, le prsident en exercice de lUA, Denis Sassou NGuesso. | |||
Antoinette Delafin | |||
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