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24/11/2006 | |||
Cte d'Ivoire : rsolution contre constitution ? | |||
(MFI) La bataille autour de lapplication de la rsolution 1721 a commenc ds le lendemain de son adoption. Le bras de fer entre la Prsidence et la Primature dbouchera-t-il sur une transition apaise ? Cest en tout cas le souhait de lUnion africaine. | |||
Prolong une nouvelle fois pour une dure dun an en raison de la persistance des blocages, Laurent Gbagbo a pu apparatre comme le vainqueur immdiat de la joute qui sest droule dans les couloirs de lOnu la veille de ladoption de la rsolution 1721, le 1er novembre 2006. Le prsident ivoirien a obtenu quon ne mentionne pas explicitement la primaut de la rsolution, source des pouvoirs du Premier ministre reconduit, Charles Konan-Banny, sur la constitution ivoirienne. Cest une nette attnuation des dispositions contenues dans le projet de rsolution soumis par la France, qui proposait de donner M. Banny le pouvoir de nomination aux emplois civils et militaires, paragraphe qui a t retir du texte final. Sappuyant sur une constitution prserve, et fort de son contrle sur larme, Laurent Gbagbo aurait ainsi obtenu un maintien du statu quo, au moins court terme. Mais la marge de manuvre est troite. Statu quo ou affrontement ? Au nom de la souverainet de son pays, le prsident ivoirien annonce le 2 novembre Abidjan, la capitale conomique, notre force, dans cette bataille, cest la solidit du lien sacr entre le chef de lEtat, le peuple et larme , et dclare vouloir tracer le nouveau cadre de la crise selon son propre agenda, en laissant entendre que les dispositions de la rsolution contraires la constitution ne seront pas appliques. Le tandem Gbagbo-Banny va-t-il tourner laffrontement ? Qualifiant de mi figue mi-raisin la nouvelle rsolution, le quotidien 24 Heures estime le 3 novembre que si linvocation de la Constitution ivoirienne a t biffe du texte, les acteurs ivoiriens sont somms de ninvoquer aucune disposition lgale pour faire obstacle ce processus . [Elle] interdit en dautres mots le recours la Constitution du 1er Aot 2000. Par rapport la rsolution 1633, vote lan dernier, la 1721 comporte de vraies avances qui peuvent permettre M. Banny daller de lavant , ajoute Gilles Yabi, de lInternational Crisis Group : notamment, le caractre ultime de cette prolongation, le pouvoir de dcret-loi accord Banny, et lautorit donne lOnu pour rsoudre les contentieux lectoraux. Le Sage de Yamoussoukro Retranch dans son fief de Yamoussoukro (capitale politique) depuis ladoption de la rsolution, Charles Konan-Banny (qualifi par Notre Voie de Premier ministre de la France ) prend son temps avant de sexprimer le 8 novembre : Le Sage doit se trouver dans le village , ironise-t-il dans son allocution. Rappelant quil ne peut en aucun cas tre candidat la prsidentielle , il affirme quil va excuter pleinement la mission (qui) lui a t confie par lOnu et annonce des mesures dans les plus brefs dlais . Les Ivoiriens sont devenus des Saint-Thomas , commente Le Patriote le 10 novembre, lencourageant aller au-del du discours et poser des actes concrets avec dtermination et courage . Depuis Bouak, fief de Guillaume Soro, les Forces Nouvelles ont affirm sinscrire dans le processus de transition issu de la rsolution 1721 : Les questions essentielles lies la sortie de crise ont t voques et traites , notamment celles de lEtat Major Intgr de Transition devant conduire le processus de la refonte et de la restructuration des deux armes (FAFN / FDS), en vue dune arme runifie et rpublicaine ; de la dlivrance sur les mmes lieux et en mme temps, des certificats de nationalit et des jugements suppltifs afin de permettre la nouvelle identification gnrale de la population. Eviter un scnario fou Pour Alphonse Djedje Mady, prsident du directoire du Rassemblement des Houphoutistes pour la dmocratie et la paix, le RHDP est en phase totale avec Konan-Banny, quil flicite pour son courage et la clart de son discours que nous partageons de la premire la dernire ligne , linvitant prendre toutes ses responsabilits . Regrettant le maintien de Gbagbo, le secrtaire gnral du PDCI-RDA souligne les nouvelles tentatives de blocage du processus de paix contenues dans le message provocateur la nation du chef de lEtat. Nous sommes prts descendre dans la rue pour dfendre nos droits et nos liberts. Mme son de cloche pour la secrtaire gnrale du Rassemblement des rpublicains (RDR), Henriette Dagri-Diabat, qui se dit proccupe quant la pleine autorit du Premier ministre sur les Forces de dfense et de scurit , et qui compte sur l valuation de la mise en uvre du processus de paix au plus tard le 1er fvrier 2007, sur la base dun chronogramme prcis pralablement tabli avec le GTI . Pour viter le scnario fou dun Laurent Gbagbo formant son propre gouvernement, que la rsolution 1721 nautorise pas, Banny devrait vite former [le sien,] sans heurts. () Il enverrait alors un message fort ses adversaires [ainsi qu] ses partisans (Le Front, 14 nov.). Partisan dune transition apaise, le gnral Moukoko, reprsentant spcial du prsident de lUnion africaine, Denis Sassou Nguesso, a t dpch Abidjan pour rappeler que la rsolution 1721 est bien le fruit de lUnion africaine () et de la CEDEAO (Lintelligent dAbidjan, 14 nov.). Quant au prsident de la commission de lUnion africaine, Alpha Oumar Konar, il a adress une mise en garde au Front populaire ivoirien, conduit par Pascal Affi NGuessan, affirmant (LInter, 14 nov.) que le dpart des forces dinterposition risquerait de plonger la Cte dIvoire dans une situation similaire celle qua vcue le Rwanda en 1994 . | |||
Antoinette Delafin | |||
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