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| 17/01/2007 | |||
| Questions internationales (2) Aprs lentre de la Roumanie et de la Bulgarie Une pause dans llargissement | |||
| (MFI) Aprs ladhsion de la Roumanie et de la Bulgarie, lUE suspendra les futurs largissements malgr la demande pressante des pays des Balkans. Cela tant pour combattre leuroscepticisme chez ses ressortissants que pour rformer ses institutions. LUnion a-t-elle encore la capacit daccueillir de nouveaux membres, sinterroge-t-on Bruxelles ? | |||
| Pourquoi lUnion europenne a-t-elle accept ce nouvel largissement ? On la dit : les 25 naccueillent pas la Roumanie et la Bulgarie de gaiet de cur. Les deux pays qui avaient rat leur examen de passage en 2004 font partie des plus pauvres dEurope, et ils sont gangrens par la corruption et le crime organis, la Bulgarie particulirement. Le tout dans un climat deuroscepticisme depuis les non franais et nerlandais la constitution. Avec ce cinquime largissement, lUnion europenne (UE) a dsormais une frontire commune avec la mer Noire et compte 30 millions de consommateurs de plus ; 30 millions dorthodoxes aussi dans une Europe dominante catholique et protestante. Nous avons runi pacifiquement lEurope de lOuest et lEurope de lEst , sest flicit Jos Manuel Barroso lors de la crmonie daccueil des deux nouveaux membres. Comme le souligne un haut-fonctionnaire europen : Il est plus stratgique long terme daider la Roumanie et la Bulgarie se dvelopper et rformer leur systme judiciaire, plutt que davoir aux frontires de lUE des pays instables et mafieux. Certes la lutte contre la corruption est insuffisante, le trafic des tres humains nest pas combattu avec assez de vigueur, lintgration des minorits ne va pas assez vite, la pauvret reste inquitante. Mais dans tous ces domaines, des progrs sont enregistrs. Ladhsion lUE va acclrer le rythme des rformes. Quelles opportunits reprsentent la Bulgarie et la Roumanie ? Sur le plan conomique, les deux pays prsentent des atouts : un taux de croissance autour de 6 % par an depuis 2000, une inflation matrise, une main duvre qualifie et bon march La Roumanie a attir 7 milliards de dollars dinvestissements trangers en 2006. Parmi les principaux investisseurs : Procter&Gamble, Renault, Carrefour, Alcatel Quant la Bulgarie, elle a accueilli 3 milliards dinvestissements lanne dernire, soit plus de 10 % de son PIB ; notamment ceux de lAmricain Hewlett-Packhard et du Franais Air Liquide. Le foss est norme entre les villes qui sont de plus en plus modernes, et les campagnes qui restent extrmement pauvres. Les infrastructures routes, lectricit, tlcommunication sont en mauvais tat. Mais on sent partout une volont daller de lavant. Ladhsion lUE va favoriser le dynamisme conomique , raconte dans lhebdomadaire Challenges un homme daffaires franais install Bucarest. Pour sa part, le prsident roumain, Traian Basescu, dans une interview au Monde, insiste sur la place gostratgique de son pays : La mer Noire est une mosaque de cultures compose de chrtiens orthodoxes et catholiques et de musulmans. Si nous narrivons pas communiquer entre nous, cette zone, dj carrefour de nombreux trafics, restera un foyer dinscurit pour toute lEurope. Ladhsion lUE comme facteur de paix ? Largument convainc ou laisse sceptique. Ce qui est sr par contre, cest quavec lentre de la Roumanie et de la Bulgarie, lUE se mnage une ouverture sur la mer Noire, au moment o les Etats-Unis ont lintention dinstaller des bases militaires dans la rgion pour protger le flanc oriental de lOtan et se renforcer non loin des thtres doprations moyen-orientaux. Bucarest et Sofia pourraient aussi participer la scurit de nouvelles routes de lnergie en provenance de la mer Caspienne vers lEurope de lOuest via la mer Noire. Traian Basescu a dj exprim lide que la Roumanie simpose comme une puissance rgionale dans un bassin de la mer Noire qui a vocation devenir la Mditerrane de lEst . Enfin, les Bulgares et les Roumains voient saccomplir leur rve dancrage lOuest. Ils pensent apporter un nouveau souffle une Europe affaiblie par leuroscepticisme et la morosit. Car, vue de Sofia et Bucarest, lEurope unie reprsente un succs politique et conomique. Les analystes des deux pays saccordent dire que, tenue lcart de lUE, la Roumanie et la Bulgarie risquaient de connatre le mme scnario que la Bilorussie et son rgime autoritaire. Ladhsion lUE fonctionne comme un acclrateur dmocratique. Cet largissement en appelle-t-il dautres ? Croatie, Macdoine, Albanie, Montenegro, Serbie, Moldavie Toute lEurope du Sud-Est rve de rejoindre lUE. Sans mme parler de la Turquie, de lUkraine ou de la Georgie. Mais ce rve est loin dtre partag Bruxelles. Le sommet europen des 14 et 15 dcembre 2006 a dcid une pause dans le processus dlargissement en vue de rformer les institutions . De son ct, le Parlement de Strasbourg a insist fin dcembre sur la ncessit dune rforme de lUnion avant tout largissement futur . Lheure est la prudence du ct des instances europennes. Les 25 sont confronts lhostilit croissante de leurs habitants face la pieuvre Europe . Sans le soutien des citoyens, llargissement sarrtera, quon le veuille ou non , a prvenu Philippe Douste-Blazy, le ministre franais des Affaires trangres. Comme lcrit Jacques Rupnik, spcialiste de lEurope de lEst au Centre dtudes des relations internationales, Paris : Llargissement de 2004 sest fait dans une relative euphorie car elle achevait la chute du communisme. La Roumanie et la Bulgarie souffrent par contre dune image mafieuse. Quant aux Balkans, ils restent associs la guerre. Les ressortissants des pays piliers de lEurope comme la France, lAllemagne ou la Belgique redoutent des largissements successifs une complexit accrue dune institution dj qualifie de technocratique, peu sociale, source de rglementations interminables Quant aux habitants des pays entrs en 2004, ils subissent encore les rformes exiges par ladhsion, et en voient plus les inconvnients que les avantages. Tous se demandent aussi sil va y avoir de largent pour tout le monde . Comment expliquer les rserves des pays dj membres de lUE ? Les dirigeants europens sinterrogent sur la capacit de lUnion intgrer des nouveaux membres, alors quelle en compte dj 27 aujourdhui, probablement 28 en 2010 avec la Croatie, et peut-tre 34 un jour. Paris, considre comme lune des capitales les plus hostiles de nouveaux largissements, rclame une valuation des consquences financires, conomiques, politiques et institutionnelles de larrive de futurs membres. Pour sa part, le commissaire charg de llargissement, Oli Rehn, reconnat que lUnion doit sassurer maintenant quelle peut maintenir et approfondir son propre dveloppement . Car de nouveaux membres, cela signifie sur un plan pratique des bureaux supplmentaires trouver, des dizaines de nouvelles combinaisons de traductions, toujours plus de documents dupliquer, des postes crer pour les diplomates des pays entrants Cela alors que les locaux de la Commission de Bruxelles sont dj pleins craquer, la fonction publique europenne plthorique et ladministration trs lourde. De mme, la fusion ne sest toujours pas faite entre les fonctionnaires des dix pays qui ont rejoint lUE en 2004 et leurs prdcesseurs. Cest toujours eux et nous. Beaucoup interviennent sur des dossiers quils ne matrisent absolument pas juste pour montrer quils existent, mais du coup disent des normits. Les Polonais, eux, parlent sans cesse du pass avec des airs de martyrs alors que notre rle est de construire lEurope. Seuls les Hongrois et les Tchques sont professionnels , commente un fonctionnaire europen, Franais de nationalit. Un autre ajoute : La machine devient impossible grer. Les discussions informelles et les changes spontans ont disparu. Chaque runion est une succession de monologues. Il faut parfois sept mois avant que toutes les traductions soient effectues. Du coup, tout se prpare en amont au tlphone, au dtriment des nouveaux membres. On se croirait lOnu. Sur un plan politique, de nouveaux membres, cela signifie aussi des dossiers supplmentaires, des problmatiques nouvelles, des compromis plus difficiles. Cest donc une Europe plus ardue construire car tout le monde nen a pas la mme vision. Mais si dirigeants et citoyens y parviennent, cela fera une Europe beaucoup plus forte , rsume Jacques Rupnik. On ne se demande plus si les pays candidats rpondent aux critres fixs par les Europens. On sinterroge dsormais sur la capacit daccueil de lUnion. Dune certaine faon, cest un renversement de la charge de la preuve , ironise un ditorialiste. Nous devons dabord dfinir vers quelle direction nous souhaitons aller avant tout nouvel largissement , reconnat Oli Rehn, avant dajouter en souriant : Mais lavenir des Balkans est videmment dans lUnion europenne. | |||
| Jean Piel | |||
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